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Actualités - OPINION

Carnet de route De tout et de rien

Le fond de mon kaléidoscope me renvoie cette semaine des images syncrétiques: un container d’armes iraniennes transitant à peine sur l’aéroport de Damas pour être acheminé vers le Hezbollah, l’inauguration de l’université de Kaboul «sans présence féminine», le fœtus de Brigitte Bardot. Par exemple. Et au Liban? Les italiques de l’interview de Samir Frangié dans «L’Orient-Express», le col ouvert de Walid Joumblatt devant les caméras de la télévision, les comptes rendus de la tournée au Brésil de notre patriarche maronite. Quant au dernier veto américain à l’ONU, il est sans surprise.

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Brigitte Bardot, ses décolletés en gorge de pigeon, les gifles que Clouzot lui administrait pour réussir à la faire pleurer à l’écran, sa conversion aux bébés phoques et son crypto-lepénisme, on s’en fichait à vrai dire un peu. Mais Bardot décrivant son accouchement (son livre est déjà vendu à 600.000 exemplaires), son bébé comme un «fœtus informe, tumeur nourrie en elle». Les animaux mettent bas avec plus de naturel, et de dignité.

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Que vient faire ici la chemise à col ouvert de Walid Joumblatt qui partage avec Samir Frangié ce refus de la cravate, en fidélité à leur jeunesse sans doute, et comme un signe de liberté dans une société enturbannée ou «hermèssisée» à outrance? Ce dandysme, au sens littéraire du terme, me plaît autant que la provocation qu’il porte avec lui. Je prends à la légère un sujet grave? Il n’y a pas grand-chose à dire sur les propos de l’un comme de l’autre. Joumblatt attaque le pharisaïsme des gouvernants au seul niveau où se situe leurs valeurs, et parle du Liban comme du grand souk politicien qu’il est. C’est bien. Frangié s’en va dialoguer avec Damas au nom des chrétiens libanais dont la marginalisation (pour certains, juste retour des choses, pour d’autres, blessure identitaire) se confirme et n’échappe peut-être, à ce que l’on dit, qu’au chef du gouvernement. C’est bien aussi. D’anciens marxistes (qui, pour avoir renié le communisme, en gardent la langue de bois) traitent Frangié d’«opportuniste de droite», et Joumblatt de «socialiste réactionnaire». Peu nous chaut. Voici deux hommes. Tous deux marqués par le tribalisme qui fait partie de notre réalité sociologique et politique. Tous deux d’une même génération (assez vieille pour avoir connu le Liban de leurs papas, assez jeune pour avoir été engagée dans la guerre et l’après-guerre). On ne leur est reconnaissant que de faire passer un peu d’air frais sur le conformisme crapuleux de la République.

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Je n’ai plus assez d’espace pour le reste. Ni pour la ligne directe Téhéran-Hezbollah, ni pour l’université de Kaboul aux mains des Talibans. A peine pour la résolution avortée de l’ONU sur la colonisation de Jérusalem, qui mérite pourtant une ou deux questions: comment la plus grande puissance du monde peut-elle, plus que se contredire, se dédire, aussi aisément, en l’espace de quelques jours? Et, par ailleurs, comment l’Autorité palestinienne se laisse-t-elle manœuvrer à ce point par un adversaire dont elle analyse depuis des décennies, à travers tous ses appareils, souvent excellents, de propagande, le cynisme et la brutalité, quand les faucons gouvernent. Aux amis palestiniens qui me sont proches et qui se retrouvent dans une impasse, je ne souhaite pas «du sang, de la sueur et des larmes», mais une politique nouvelle et créative.

Amal NACCACHE
Le fond de mon kaléidoscope me renvoie cette semaine des images syncrétiques: un container d’armes iraniennes transitant à peine sur l’aéroport de Damas pour être acheminé vers le Hezbollah, l’inauguration de l’université de Kaboul «sans présence féminine», le fœtus de Brigitte Bardot. Par exemple. Et au Liban? Les italiques de l’interview de Samir Frangié dans...