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Actualités - CHRONOLOGIE

Les libanais mangeront libanais, décide le conseil des ministres L'importation des produits agricoles ayant leur équivalent sur place interdite à partir d'octobre (photo)

Les «nouvelles orientations économiques» du gouvernement ont été au centre d’une réunion exceptionnellement longue et importante du Conseil des ministres, hier, à Baabda. La principale décision du gouvernement en la matière a été la décision d’interdire, à partir du 1er octobre prochain, tout produit agricole qui aurait son équivalent au Liban. La question qui se pose, cependant, est celle de savoir si cette mesure ne va pas provoquer une flambée des prix.
Le ministre de l’Agriculture a obtenu un délai d’un mois pour soumettre au Conseil des ministres la liste des produits agricoles qui devraient être exclus de cette nouvelle disposition, et dont l’importation restera libre. Il s’agit, surtout, des produits nécessaires à l’industrie agro-alimentaire (M. Hariri a donné dans ce domaine l’exemple du pois chiche et des fèves).
Les produits agricoles «classiques» (tomates, pommes de terre, légumes divers, etc.) ne seront plus importés après octobre. Le délai courant jusqu’à cette date devrait permettre aux agriculteurs de prendre leurs dispositions afin d’augmenter leurs productions et d’assurer les besoins du marché.
Pour bien montrer que cette décision n’est pas aventureuse, M. Hariri a donné l’exemple de la culture locale de la banane. Il a déclaré qu’après l’interdiction de l’importation des bananes, la production locale avait augmenté au point que le Liban est désormais exportateur de bananes. Une telle expérience est, pour M. Hariri, concluante et permet d’espérer que le cultivateur libanais, moyennant une orientation adéquate du ministère de l’Agriculture et l’aide d’organismes internationaux, saura relever ce défi.
Le chef du gouvernement, qui a déclaré que cette décision a été unanimement approuvée par les ministres, a souligné qu’elle contribuera de façon significative à fixer les cultivateurs sur leurs terres, à augmenter la production agricole et à diminuer le volume des importations.
Ouvrant là une parenthèse, M. Hariri a déclaré que le mécontentement manifesté par l’ambassadeur d’Egypte, après la décision de suspendre l’importation des pommes de terre égyptiennes, s’explique dans la mesure où la loi prévoyait la libre importation de ce produit avant le 15 mars. Il a déclaré que cette question «est en voie de règlement».
Aux journalistes qui soulignaient que la nouvelle mesure ramène les Libanais à la consommation saisonnière, M. Hariri a répondu que les progrès technologiques permettent désormais d’assurer tous les produits, en toutes saisons. Il a ajouté, par manière d’exemple, que le Liban importe en ce moment des fleurs, notamment de Hollande, «ce qui n’est pas normal pour un pays qui devrait être exportateur de fleurs».
Second objectif des «nouvelles orientations économiques»: l’industrie. M. Hariri a précisé que le gouvernement va concentrer son attention sur les industries compétitives produisant pour la consommation locale ou l’exportation, et leur accorder tout son soutien. Un projet de loi relatif à la promotion des investissements va donc être examiné, approuvé en Conseil des ministres et transmis à la Chambre des députés.
Le ministère de l’Industrie, en collaboration avec l’Institut de promotion des investissements, qui a effectué une étude exhaustive de la question, doit soumettre dans les prochaines semaines un plan adéquat au gouvernement. Il ne s’agit pas d’une ou de deux grandes industries, mais de très nombreuses industries, a tenu à souligner le chef du gouvernement, sans vouloir entrer dans les détails. «Il n’est pas vrai que nous soyons seulement un pays touristique, a-t-il encore remarqué, nous pouvons aussi compter sur l’industrie».
Pour stimuler l’agriculture et l’industrie, a enchaîné M. Hariri, le gouvernement va encourager les investissements, notamment par la simplification des formalités permettant le démarrage d’une exploitation industrielle. «Reconnaissons que, dans ce domaine, nous sommes loin de ce que nous devrions être», a déclaré le chef du gouvernement, qui a multiplié les exemples des embûches et tracas administratifs auxquels se heurtent les Libanais (notamment les Libanais retour d’Afrique désireux d’investir au Liban) pour faire aboutir leurs formalités. Il faut parfois un an pour obtenir la licence d’exploitation nécessaire quand, dans d’autres pays, ces formalités se font en 48 heures, a noté M. Hariri, qui veut également faciliter l’entrée des étrangers au Liban, la simplification de l’accueil à l’AIB, l’installation de comptoirs spéciaux chargés de raccourcir le temps d’attente à l’AIB et de mettre à la disposition des voyageurs les facilités auxquelles ils sont désormais habitués.
Bien sûr, les réunions vont se multiplier pour mettre ces nouvelles orientations en chantier, a ajouté le président du Conseil. En réponse à une question, M. Hariri a souligné que (indépendamment des lenteurs et erreurs de parcours qu’il faut reconnaître) ces nouvelles orientations devaient attendre que les travaux d’infrastructure essentiels soient en bonne voie. «Il a fallu franchir des étapes importantes avant de parvenir à cela. Nous ne pouvions pas demander aux gens de venir investir. Le climat général du pays est désormais favorable aux investissements», a-t-il dit, remarquant que le gouvernement, qui avançait avec lenteur en raison des échéances auxquelles il faisait face, va accélérer le rythme de son action.
La dette publique, les taux d’intérêt et le déficit du Trésor ont été les trois questions essentielles examinées au cours du débat budgétaire, a noté M. Hariri en réponse à une question, ajoutant: «La dette publique, nous n’en sortirons qu’en augmentant la productivité. Nous commençons de le faire. La baisse des taux d’intérêt, elle, se poursuit, et le prime rate a atteint je crois les 16% (VOIR PAR AILLEURS). Le déficit du Trésor est lié, franchement, aux dépenses et recettes. Toute augmentation des dépenses l’accroît. L’augmentation du déficit entraîne la croissance de la dette et , par voie de conséquence, les intérêts payés sur la dette. C’est l’effet boule de neige. Nous devons donc agir avec responsabilité dans les domaines des traitements et des recettes. Cette question n’a pas été examinée aujourd’hui, mais devra nécessairement l’être prochainement. Il faut inciter les Libanais à orienter leurs dépenses de consommation, de manière à obtenir le même service pour un coût moindre» a dit M. Hariri, en donnant l’exemple des transports en commun qui devraient se substituer dans beaucoup de cas au transport privé.

Les télévisions codées

Par ailleurs, le gouvernement a approuvé hier le projet de loi sur les émissions télévisées codées (non politiques), examiné la situation du cadre et du corps professoral de l’Université libanaise et, enfin, approuvé le plan directeur des carrières qui, depuis quelques jours, fait couler beaucoup d’encre.
Le gouvernement a commencé par approuver, avec quelques amendements, le projet de loi sur les émissions télévisées codées. Il a ensuite entamé l’examen de la situation de l’UL, et notamment celle de son corps professoral (VOIR AUSSI PAGE 2).
Le chef de l’Etat a saisi l’occasion pour faire un bref historique des difficultés rencontrées par l’UL au cours des années écoulées, soumise qu’elle était aux pressions partisanes, y compris sur le plan de l’engagement des professeurs. Il a souligné qu’une normalisation dans ce domaine relevait de la responsabilité conjointe du gouvernement et de l’administration de l’université.
Un règlement de la situation anormale dans laquelle se trouve une partie du corps professoral doit tenir compte, avant tout, des besoins de l’UL et du niveau académique auquel est tenue l’université nationale, a souligné le chef de l’Etat.
Après débat, le recteur de l’université, M. Assaad Diab, a été chargé de remettre au gouvernement, dans un délai maximum de deux semaines, un premier rapport détaillé sur la situation du cadre de chacune des Facultés de l’UL et un second rapport sur le nombre excédentaire des professeurs. Parmi ces derniers, les contractuels seront indemnisés, tandis que les professeurs titularisés seront transférés dans d’autres parties de l’Administration.
Le gouvernement a ensuite approuvé le plan directeur des carrières, après avoir écouté un rapport exhaustif du ministre de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, sur la «véritable catastrophe» que constitue l’ouverture de carrières sur toute l’étendue du territoire.
Il existe au Liban (bande frontalière exclue) 710 carrières, dont 246 carrières de sable, a souligné le rapport du ministre. Ces carrières sont réparties de la façon suivante: 367 carrières dans le Mont-Liban, 123 dans la Békaa, 154 au Liban-Nord et 66 au Liban-Sud. Sur l’ensemble, seuls 45% des carrières détiennent une licence d’exploitation et 90% d’entre elles possèdent des plans d’inclinaison allant de 70 à 90 degrés. De ce fait, 71% des carrières existantes sont impossibles à réhabiliter.
Pour M. Chehayeb, le plan directeur des carrières est «un pas en direction d’une solution définitive», mais un gros effort demeure nécessaire pour mettre en œuvre le plan directeur. Celui-ci a ensuite été discuté et pratiquement tous les ministres ont eu leur mot à dire à ce sujet. Pour sa part, le président Hraoui a adjuré les ministres d’examiner la question «à fond», attirant leur attention sur le fait que «la richesse géographique du Liban est menacée».
Renchérissant sur le président de la République, le chef du gouvernement devait souligner l’urgence de ne plus laisser la nature du Liban à la merci des carrières et de régler un problème qui traîne sans solution depuis vingt ans.
Le plan directeur établi par Dar el-Handassa a ensuite été approuvé dans son ensemble. Toutefois, ce plan ne prévoira pas de carrières dans les régions Iqlim el-Kharroub, Roum et Kfarhouna, dont les populations sont hostiles à l’ouverture de carrières.
Par ailleurs, le gouvernement a confirmé la fermeture définitive des carrières de Nahr el-Mott, Nahr Ibrahim, Antélias, Kortada, et Abou Mizan, et le démantèlement, des installations qui s’y trouvent.

Conditions d’exploitation

Les nouvelles licences d’exploitation seront octroyées conformément aux règles suivantes: 1 — présentation de la demande au mohafez concerné, qui la transmet après avis au ministère de l’Environnement, qui en examine l’impact sur la diversité biologique, fixe, les conditions techniques et financières de l’exploitation (1500 L.L. sur chaque mètre cube) et la durée d’exploitation. Le dossier est alors transmis au ministère de l’Intérieur, qui fixe les modalités d’exécution de la licence, conformément aux critères posés par le ministère de l’Environnement, et fixe par exemple la quantité et la qualité des explosifs que le propriétaire est autorisé à utiliser, ainsi que les modalités d’utilisation.
Toute les carrières seront enfin sujettes à un contrôle régulier du ministère de l’Environnement et notamment leur réhabilitation progressive. Les carrières en cours d’exploitation devront se conformer sans délai aux nouvelles conditions d’exploitation, mais les carrières spécialisées dans l’extraction de cailloux entrant dans la fabrication des carreaux de mosaïque, sont exclues du plan directeur. Enfin, le ministère de l’Environnement est chargé d’explorer, sur toute l’étendue du territoire, les sites propres à servir de carrières.
Par ailleurs, le ministre d’Etat chargé des Finances, M. Fouad Siniora, a parlé des conditions d’achat de la récolte de tabac cette année. Sur proposition du président de la République, le gouvernement a ensuite décidé de fixer à 60% le pourcentage de la production de tabac que l’Etat achètera, cette année, des cultivateurs de la Békaa et du Nord, qui ont substitué la culture du tabac à celle du pavot et des opiacées, mais n’ont pas respecté le quota qui leur était imposé.
On apprend, enfin, que le Conseil des ministres a cassé une décision du ministre des Transports suspendant les prérogatives du conseil de gestion du Port de Beyrouth.
Les «nouvelles orientations économiques» du gouvernement ont été au centre d’une réunion exceptionnellement longue et importante du Conseil des ministres, hier, à Baabda. La principale décision du gouvernement en la matière a été la décision d’interdire, à partir du 1er octobre prochain, tout produit agricole qui aurait son équivalent au Liban. La question qui se...