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Actualités - REPORTAGE

Aujourd'hui journée mondiale de la femme Auto-psy de la libanaise en neuf témoignages...(photos)

Tout d’abord un chromo de tradition: un fil et une aiguille pour la femme. Un fouet et une mule pour l’homme. De quoi faire frémir d’indignation les féministes! Jusqu’à une certaine date la femme ne concerne pas l’histoire. Son rôle était de murmurer «que cela soit» quand on lui proposait la peine, le silence ou la gloire. Sa vocation était d’attendre, de répondre, d’«être» beaucoup plus que de faire.
Mais les femmes sont des citoyens comme les autres et les hommes des êtres humains comme les femmes. Aussi dès les années 50, et malgré l’emprise persistante des mentalités archaïques, l’image de la femme va évoluer au Liban pour monter publiquement au créneau. Les revendications d’une poignée de battantes, farouches militantes de l’avant-garde féministe, vont la sortir des carcans stéréotypés dans lesquels elle est cantonnée. Elle obtient le droit de vote en 53, acquiert l’égalité successorale en 59 (pour la non-musulmane), le droit de garder sa nationalité libanaise lorsqu’elle épouse un étranger en 1960, la liberté de voyager sans l’autorisation de son mari en 1974. Et si la guerre a plus ou moins anesthésié les desiderata féminins, l’année 83 marque l’abolition des sanctions relatives à la contraception; 87, l’unification de l’âge de fin de service des hommes et des femmes. Six ans plus tard, en 1993, la capacité de la femme à témoigner auprès du registre foncier lui est reconnue; en 1994, elle gagne la bataille contre sa mise à l’écart d’exercer le commerce, et en 1995, elle peut bénéficier d’une assurance-vie sans l’autorisation de son mari.
Comment est-on arrivé à ces réalisations? L’extension de l’enseignement privé et public, la progression du nombre des femmes ayant accès à l’enseignement supérieur et universitaire, les compétences intellectuelles ont permis une évolution remarquable de l’éveil de la femme et sa participation aux professions de l’éducation et aux professions libérales. Elles sont dorénavant présentes dans les médias où elles s’expriment et imposent leurs points de vue sur des sujets d’actualité et de société. Elles investissent les domaines de la médecine (15%), de la pharmacie (51%), de la juridiction (25%), et leur action s’exerce dans le secteur économique (27%)... Néanmoins, la femme libanaise reste quasiment absente des centres de décision économiques. Sa présence est symbolique dans les centres de décision politiques, très faible dans les administration locales et sa contribution dans la hiérarchie décline à mesure qu’on s’élève vers les échelons supérieurs de la fonction publique. Beaucoup de choses restent à réaliser, sans oublier la femme agricole ou rurale, la femme du Sud assumant une résistance spontanée dans un espace délimité par l’insécurité permanente.
Mais restons sur le plan général. Que fait la femme pour imposer une modification à sa réalité et conquérir l’égalité, sans privilèges? En fait, qui est-elle? A quelques femmes actives nous avons demandé leur conception de la Libanaise, leur point de vue sur le problème de la femme. En réponse les esquisses variées publiées ci-dessous.

Une mentalité à changer

«Quand, à 12 ans, j’ai déclaré que je voulais être ballerine, j’ai reçu deux paires de claques», raconte Rosine Farah, propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter de luxe. «Nous avons été élevées pour être mariées, avoir des enfants, mener un train de vie socio-mondain et mourir d’ennui», ajoute-t-elle. «Une tradition qui constitue jusqu’à aujourd’hui la base rythmique de notre organisation... Le Liban où s’enchevêtrent tradition et modernité demeure un pays à plusieurs vitesses. Les changements s’effectuent au travers de groupes distincts les uns des autres, définis par des facteurs qui leur appartiennent et les caractérisent (confession, us et coutumes, milieu social, économie, etc.). Aussi, toutes les Libanaises ne sont pas encore arrivées à situer leur quête de liberté et d’expression en tant qu’individu ayant un rôle actif au sein de la société».
«D’un côté les oisives qui rechignent contre le train-train quotidien, qui s’enlisent dans l’ennui, ploient sous les concessions «pour avoir la paix», rêvent de chambouler leur vie mais redoutent toute modification. On découvre à la fin qu’elles affectionnent particulièrement ce statut de femme gâtée à outrance, mondaine, inactive, prisonnière d’une cage dorée».
«Il y a celles qui conçoivent la vie comme une liberté et le travail comme un épanouissement de l’être ou encore comme un exutoire par lequel elles échappent à l’autorité patriarcale ou maritale et qui s’imposent et réussissent dans différents domaines. Il y a aussi celles qui pour subvenir aux besoins de la famille s’échinent dans un système directif et hiérarchique à dominante masculine, qui ne leur consent guère de reconnaissance puisque dans notre société le slogan «à compétence égale, salaire égal» n’est pas encore de mise. La vie est dure au Liban. Une vie de responsabilité, de lutte, de compétitivité a endurci la femme active, l’a rendue masculine. C’est pénible de le dire mais il ne faut pas se leurrer. Elles ne s’en sortent pas si mal, mais elles payent très cher leur liberté, l’affirmation de leur identité». Et Rosine Farah de conclure: «En fait, le problème est plus confus, plus complexe. Il y a toute une mentalité à changer».

Douceur de vivre
ou performance
professionnelle

Pour définir la femme libanaise, May Saab Chakhtoura, femme d’affaires, la situe dans son contexte socio-culturel «en grande partie tributaire de son statut communautaire…».
D’abord, «il y a celle issue de milieux défavorisés, vouée dès l’adolescence au mariage et à la servitude familiale. Engloutie par une ribambelle d’enfants dont elle laisse à la providence le sort de lendemains incertains, elle construit un matriarcat où elle gère directement cette progéniture et indirectement son mari, l’unique pourvoyeur des ressources familiales».
«D’autre part, à travers la scolarisation secondaire, la femme libanaise postule à une situation semi-libérée, à des emplois dans le sectaire tertiaire, en attendant de trouver le bon parti avec lequel elle fondera son foyer. Pour certaines, la guerre fut un facteur d’ambition pour une meilleure condition de vie par le travail: une scolarisation quasi complète des enfants issus déjà du planning familial», souligne May Chakhtoura.
Par ailleurs, «il y a celle qui, dépassant le cap universitaire, se consacre entièrement à bâtir un statut professionnel égal à celui de l’homme et pour qui le mariage n’est pas la panacée immédiate. Pour elle, seules la spécialisation et la professionnalisation peuvent donner des garanties contre les pressions de l’éventuelle famille future», dit-elle, et de préciser que dans cette catégorie universitaire, «il y en a pour qui le travail est un bagne… Ici, la femme a opté pour la douceur de vivre plutôt que pour la performance permanente: le diplôme est une carte de visite sociale pour trouver le parti «friqué» ainsi que le palais lambrissé. Riche de la diversité culturelle et sociale qui prévaut dans notre pays, la femme libanaise ambitionnerait les mêmes droits que ceux des hommes, en veillant toutefois à ne pas verser dans les excès de certains pays occidentaux où la femme est productrice de ressources et reproductrice, obligée en même temps d’assumer les charges de sa profession ainsi que celles de ses enfants et de son foyer. Malgré cette «surcharge» qui un jour peut-être deviendrait banale pour elle, une femme libérée, émancipée et épanouie, préparerait dans de meilleures conditions des générations futures (de Libanais)», conclut May Chakhtoura.

Assurer une
condition nouvelle

Avocat à la Cour, consul honoraire de Colombie au Liban-Nord, auteur du roman «L’émeraude était bleue» paru en 1995, Georgine Mallat dit qu’«au nombre des caractéristiques majeures du XXe siècle, l’émancipation de la femme, l’octroi de droits longtemps déniés (droit au vote, liberté d’engager des activités commerciales, égalité devant les juridictions…) et son rôle accru dans le monde professionnel, constituent un élément essentiel de notre société moderne».
«Des données institutionnelles mondiales et nationales sont venues, grâce aux mouvements d’émancipation de la femme, transgresser les structures sociales établies en lui assurant un rôle important sur le plan familial, politique, économique et culturel. En réalité cette évolution s’est manifestée aussi bien en Occident qu’en Orient où l’on rencontre, dès les années 60, des premiers ministres en Asie (Sri Lanka, Inde) et plus tard des femmes ministres au Moyen-Orient (Syrie, Jordanie) et des femmes écrivains rattrapant dès les années 50 leurs consœurs occidentales», fait remarquer Georgine Mallat avant d’aborder le chapitre libanais où «bien qu’il reste beaucoup à faire, la participation de la femme à la vie active comme partenaire à part entière de l’homme se développe de plus en plus. Mais cela ne saurait en aucun cas lui faire oublier, au Liban comme ailleurs, son rôle de mère et d’épouse. Elle est de par sa nature au cœur de la famille; et si l’éducation des filles est une exigence enfin réalisée, c’est bien pour qu’elles participent aussi comme il se doit à l’éducation des nouvelles générations car c’est par sa présence et son attention au sein de la famille que l’on pourra combattre la délinquance, la violence, la drogue, ainsi que toute autre manifestation morbide de la société», dit-elle.
«En somme, il s’agit pour la femme d’aujourd’hui d’assurer sa condition nouvelle et de participer à la vie active sans pour autant perdre l’essence de sa féminité», conclut le consul.

Le revers de la médaille

Le sujet est «inconfortable» pour May Majdalani, psychologue, qui accepte cependant, entre deux consultations, de donner son avis. Elle dit en substance: «Si l’on parle dans l’absolu, la femme a un rôle naturel, celui de procréer, d’éduquer ses enfants et de s’occuper de la maison. Mais avec la marche du temps, la révolution industrielle, les changements économiques, l’impact des mass media, les guerres qui ont envoyé les hommes au combat — laissant place aux femmes qui vont s’avérer aussi efficaces — les conjonctures sont devenues différentes»…
«Nous sommes une génération charnière. La femme voit d’autres horizons, a d’autres aspirations. Elle va imposer sa place et lutter sur deux fronts à la fois: embrassant d’un côté un rôle productif et menant de l’autre son rôle traditionnellement «administratif», si l’on peut parler en ces termes de la direction de la maison et de l’éducation des enfants… Elle s’élève contre ce double rôle et se rebelle: «pourquoi dois-je avoir le plus gros du travail?» Elle demande en fait une équivalence avec les hommes. Elle a besoin d’une redistribution des rôles, qui deviennent diffus. C’est comme un puzzle mélangé… La femme a évolué, elle a un rôle de cadre. Elle devient une menace pour l’homme. La compétition s’installe. La masculinité est en crise, et cherche à se défendre. Comment? L’homme divise pour régner en affichant deux catégories de femmes: la sexy, douce, et celle qui, en s’assumant, perd sa féminité, à son avis. Et pour la femme, c’est le «Back Lash» (ou le revers de la médaille, une étude de l’Américaine Suzan Taludi)».
«Une question se pose: Femme, comment payer ce prix?»…

Une discrimination…

Ingénieur agronome, vice-présidente de Greenline, membre honoraire de Greenpeace et directeur du «Research planning», Mirvet Abou-Khalil indique, à titre d’exemple, que les droits de la femme dans le mariage, dans le divorce et dans l’héritage sont «sujets à des codes religieux préservant les intérêts d’une société patriarcale». Aussi, souligne-t-elle, «s’il n’y a pas application du code civil, tout mouvement qui se prétend «féministe» restera en marge de la vraie libération de la femme. Cette lacune contribuerait à la consécration de la discrimination…».
«Sur le plan général et en raison de nombreuses contraintes sociales, la femme libanaise est tiraillée entre l’imitation de certaines valeurs superficielles occidentales et son attachement à des conceptions traditionnelles enracinées dans son inconscient. Ce déchirement lui crée un état d’aliénation totale qui l’empêche de dépasser sa subordination, et même d’en être consciente pour définir ses propres priorités», signale Mirvet Abou-Khalil.
Par ailleurs, la libération de la femme ne peut être acquise sans une indépendance économique totale. «Car de la subordination économique émanent d’autres sortes de subordinations… L’entrée de la femme en force, et d’une manière égalitaire dans le cycle de production, et sa contribution à la gestion des ressources naturelles du pays sont une condition nécessaire à son émancipation».
La femme soumise à la violence est également un chapitre soulevé par Mirvet Abou-Khalil qui fait remarquer que «les tabous doivent être bravés pour aborder sérieusement le sujet, des abris créés pour protéger la femme et un programme de thérapie géré par des spécialistes, établi pour aider la femme à mener une vie saine et surmonter ses angoisses et ses craintes…».

Le deuxième sexe

Pour Murielle Murr, avocat à la Cour, «la femme libanaise occupe une place de plus en plus considérable au sein de la société et dans les divers secteurs de la vie professionnelle active. Cependant dans une société orientale machiste comme la nôtre, la Libanaise trouve beaucoup de difficulté à s’imposer car elle est souvent vue et jugée comme étant du deuxième sexe, avant d’être traitée comme médecin, avocat, ingénieur, femme d’affaires»...
Pour s’affirmer, «elle devra prouver que ses capacités sont non seulement égales à celles de l’homme, mais qu’elles leur sont supérieures. La rivalité entre les deux ne se situe pas au niveau d’une appréciation objective des capacités de chacun, mais au niveau de leur différence de sexe, véritable source de discrimination dans notre société», explique Me Murr qui fait observer que certains pourront penser qu’il n’est pas nécessaire que la femme se lance dans le monde du travail. «Mais il est évident que la femme ne se réalise vraiment et ne s’épanouit que lorsqu’elle entreprend une activité professionnelle». Murielle Murr met également l’accent sur la mission difficile de la femme qui «doit parvenir à concilier vies familiale et professionnelle: toutes les femmes du monde l’affirment».
«Cette tâche paraît plus ardue au Liban du fait que l’homme contribue si peu au bon déroulement de la vie de famille», ajoute Murielle Murr qui concède toutefois que les droits de la femme sont parfois privilégiés par rapport à ceux de l’homme. «En effet, il est évident que lorsqu’elle a à faire une formalité, ou à terminer une paperasse, un joli sourire... et la voilà servie en premier. Galanterie oblige! Mais nous sommes prêtes à nous désister de ces privilèges en contrepartie d’un traitement continu d’égal à égal», dit-elle.

Redéfinir les
nouveaux canons

«La femme libanaise est une énigme», dit l’architecte Simone Kosremelli. «Je ne comprends pas comment une personne qui atteint en général un niveau universitaire d’éducation a l’heur ou le malheur de se marier, de perdre soudainement tous ses moyens, et de se figer dans un mode de vie stéréotypé qui est celui de ses parents, ses beaux-parents ou même ses grands-parents».
Toute l’expérience universitaire et professionnelle que la femme a accumulée serait, selon Simone Kosremelli, «uniquement déversée pour l’éducation de ses enfants, tâche qu’elle remplit très bien. Elle est malheureusement, en général, incapable de les sortir des sentiers battus — n’ayant pu elle-même s’en évader. Et le cercle vicieux se referme sur eux (sur ceux qu’on appelle la génération du futur), avec pour résultat des enfants qui manquent d’imagination, d’initiative, de créativité, de curiosité, de révolte, d’esprit aventurier, etc. C’est-à-dire des enfants qui seraient tout petits et, en même temps, déjà vieux».
«L’encrassement» de la société libanaise est le résultat direct de cette «abdication de la femme libanaise et son refus de participer à la transformation de la société», fait observer Simone Kosremelli. «Pour moi donc, ajoute-t-elle, il est très important que la femme libanaise sorte de ses gonds en laissant tomber les vanités, les futilités et les mythes de sa vie actuelle... Grâce à son intelligence, elle pourrait redéfinir les nouveaux canons d’une société plus authentique, plus équilibrée, plus libérale, c’est-à-dire la société libanaise qui aurait dû émerger après 20 ans de guerre».

Le droit d’exiger

«A notre époque, la femme arabe peut tout aussi bien être indépendante sur les plans économique et intellectuel que se contenter de jouer les «étals» sur lesquels l’homme expose sa fortune et sa position sociale...», déclare Hoda Sinno, directrice du Théâtre de Beyrouth.
Quant à la femme libanaise, «elle doit revendiquer ses droits sans attendre qu’on les lui octroie. Elle doit d’abord s’émanciper économiquement. Elle imposera ainsi le respect et gagnera une indépendance qui lui permettra d’émettre son opinion sans honte ni crainte», ajoute-t-elle.
A cet effet «les parents ont le devoir d’inciter leurs filles à faire des études et à accumuler les expériences, afin de ne pas être obligées de se soumettre à la volonté de l’homme».
«Après la guerre, la femme libanaise s’est vue obligée de travailler, en raison des circonstances économiques mais également afin de remplir son existence. Ce qui l’a d’autant plus encouragée à réclamer et à exercer ses droits, c’est de constater que les femmes des pays développés montraient autant de capacité, sinon plus, que les hommes dans divers domaines», souligne Hoda Sinno.
«En résumé, la femme contemporaine devra s’instruire et travailler car son comportement a une influence considérable sur l’éducation des enfants. Il lui incombera de leur enseigner l’importance du travail et d’inculquer aux filles le droit d’exiger le respect et aux garçons l’obligation d’exercer ce respect».

Un monument
d’endurance

Georgette Gébara, ballerine, voit la femme tout en paradoxe: «belle», «féminine», «exaspérante», «compréhensive», «superficielle à outrance», un «puits de sagesse», «gaspilleuse», «nonchalante», «capable de tenir son nid avec des moyens dérisoires», «capricieuse», «libre», «laborieuse», «dépendante», «paresseuse». Par ailleurs, pour établir ses assises dans son contexte social, qu’il soit urbain ou rural, «le but de sa vie est de faire un enfant. Un enfant qu’elle couvera comme une tigresse, ou qu’elle laissera à sa petite armée de Sri Lankaises, de chauffeurs et de nounous du village. L’enfant mâle est son droit à l’immortalité... Elle en est parfaitement consciente, et ne laissera passer aucune occasion d’en profiter...», dit Georgette Gébara.
«Les femmes en général sont pleines de contradictions, jusqu’au-boutistes», fait observer Georgette Gébara. «La libanaise, elle, va plus loin encore poussant ses contradictions à l’impossible lorsqu’elle décide à s’imposer ou s’affirmer dans cette société qui est la nôtre. Une société perplexe qui ne fait que penser de cette femme qui soudain bouge, s’exprime, se débat et occupe des postes clés. Il n’est plus question de l’exclure, mais comment l’accepter? Et le machisme?» s’exclame la ballerine.
«Justement, le fait d’aller au-delà d’elle-même a établi que la femme libanaise est souvent plus libre que l’homme. Elle est parfaitement capable de sectionner le cordon ombilical avec finalité. Lui reste sous l’influence de certains tabous, certaines contraintes et les utilise même pour s’évader du sens de la réalité, qui est le fort de la femme», dit encore Georgette Gébara qui conclut: «Le sang et l’encre versés sur les 20 ans de guerre n’ont pas tout à fait séché. Mais une chose est certaine: la femme libanaise est sortie de cette épreuve atroce un monument d’endurance, de force et de dignité dans la souffrance».

Tout d’abord un chromo de tradition: un fil et une aiguille pour la femme. Un fouet et une mule pour l’homme. De quoi faire frémir d’indignation les féministes! Jusqu’à une certaine date la femme ne concerne pas l’histoire. Son rôle était de murmurer «que cela soit» quand on lui proposait la peine, le silence ou la gloire. Sa vocation était d’attendre, de répondre,...