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Actualités - ANALYSE

Des dysfonctionnements intérieurs dont le traitement pourrait prendre du temps

Malgré la réapparition d’Okamoto et consorts, ni aujourd’hui ni demain, on ne pourra considérer à Beyrouth le «dossier japonais» comme définitivement clos. Car même si l’affaire peut paraître classée sur le plan international, ses retombées sur le plan purement interne vont tarder à s’apaiser. Pour la bonne raison qu’après tant de bavures policières accumulées (l’exécution de Farid Moussalli, les arrestations à l’est après la fusillade de Tabarja puis le tango nippon), il faut procéder à une restructuration des services, ce qui devrait impliquer dans un premier temps une détermination des causes ainsi que des responsabilités.

De plus, à en croire les échos qui circulent dans différents cercles diplomatiques de Beyrouth les récents remous pourraient rajouter une dimension proprement sécuritaire au volet des négociations régionales concernant le Liban et son devenir... Autrement dit, pensent des sources occidentales, il faudra donner un sens concret très précis aux concepts de souveraineté et d’indépendance libanaises que les futurs arrangements globaux devraient dégager de leur gangue présente.

Toujours est-il qu’une personnalité informée croit pouvoir affirmer que «la capture des Japonais sous prétexte d’entrée clandestine et de faux passeports, est une opération préméditée, calculée au cordon, visant à produire un effet informationnel mondial de taille, en faisant resurgir de sa boîte à malice le «diable» Okamoto dont on avait perdu la trace. C’est donc pour tout dire un coup paradoxal de forces de l’ombre qui ont voulu faire la lumière sur une vieille énigme. Le but politique étant de faire pression sur des parties déterminées, en leur montrant que la vocation de refuge attribuée par leurs soins à la Békaa libanaise peut être plus un handicap qu’un atout...».
Et d’ajouter qu’il y a «également un clin d’œil évident à la présence présumée d’autres groupements occultes, comme le PKK kurde d’Oçalan, sans parler des cadres iraniens qui sont là ouvertement, officiellement et tout à fait légalement... Mais qui déplaisent tout autant aux puissances réunies naguère à Charm el-Cheikh pour établir un programme de lutte contre leurs ennemis, indistinctement qualifiés de «terroristes» mondiaux, surtout s’ils sont intégristes. Cette affaire des Japonais est donc, affirment les mêmes sources, une des conséquences à distance de ce sommet de Charm el-Cheikh ou, plus exactement, de la coloration précise que les Américains avaient voulu lui donner, contre l’avis nuancé des Français ainsi que des Arabes, Syrie en tête».

Changement de cap

Et de supputer que «l’Armée japonaise a probablement eu tort de modifier récemment ses alliances, de se détourner des organisations palestiniennes qui restent grosso modo «sous contrôle» pour se rapprocher de l’Iran via le Hezbollah, beaucoup plus autonome de ses mouvements sur le terrain. La «couverture» des activistes nippons a donc pu être volontairement relâchée, puisqu’eux-mêmes sortaient en quelque sorte de son orbite et c’est ce qui les a conduits en prison. En outre on leur reprochait de participer à l’instruction de groupes contestataires de nationalités diverses, arabes et autres, dans la Békaa ce qui fait que plusieurs Etats, plusieurs régimes en place voulaient leur peau».
«On dit même, indiquent ces sources, que les camps d’entraînement ont accueilli des membres d’organisations subversives très violentes comme l’Etat basque, la Conculta corse en sus des Kurdes et d’opposants séoudiens soupçonnés d’être impliqués dans l’explosion de Dhahran que les Américains ne peuvent pas pardonner».
Puis cette personnalité souligne que «dans la logique des efforts U.S. pour la relance du processus régional, il faut d’abord «faire le ménage», dissuader par un coup d’éclat antiterroriste les extrémistes qui seraient tentés de saboter ce redémarrage. Parallèlement il s’agissait, dans le cadre d’un contentieux bilatéral, de donner une sorte d’avertissement sans frais à l’Iran auquel Washington impute la récente recrudescence des opérations du Hezbollah au Sud».
En écho à ces spéculations, une source locale retour des Etats-Unis affirme que des cadres américains lui ont confié «ne plus trop savoir si une intervention syrienne serait suffisante pour faire cesser ces opérations des intégristes de chez vous qui sont soutenus par Téhéran. Le rôle de l’Iran grandit...»
Et il est probable, reprend la première personnalité citée «que les Occidentaux ont décidé d’agir pour donner un coup d’arrêt indirect à cette expansion même au risque d’être mal compris par Damas, bien qu’on veuille en ménager les intérêts car sans lui le processus ne peut reprendre... On aurait donc sans trop de peine, conclut cette source «mis sur la voie» pour ne pas dire manipuler les Libanais qui doivent donc servir de fusible ou de tampon entre les Américains et les Syriens, dans la mesure où il y aurait malaise parmi ces derniers face à leurs alliés iraniens».

Ph.A.-A.
Malgré la réapparition d’Okamoto et consorts, ni aujourd’hui ni demain, on ne pourra considérer à Beyrouth le «dossier japonais» comme définitivement clos. Car même si l’affaire peut paraître classée sur le plan international, ses retombées sur le plan purement interne vont tarder à s’apaiser. Pour la bonne raison qu’après tant de bavures policières accumulées...