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Actualités - CHRONOLOGIE

Affaire japonaise : premiers signes d'une solution politique L'émissaire japonais reçu hier soir par Assad (photo)

L’inqualifiable cafouillage dont ont fait montre les hauts responsables — aussi bien politiques que judiciaires — au sujet de ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire japonaise» semble être arrivé à son terme. Le dossier devrait, en effet, suivre désormais son cours normal sur le plan de la justice.
Alors qu’il avait affirmé publiquement, d’entrée de jeu, qu’il n’y avait aucun Japonais arrêté dans cette affaire, le procureur général de la République Adnane Addoum a finalement supervisé hier à son bureau une rencontre succincte entre des diplomates nippons et les huit suspects (bien japonais) appréhendés le 15 février dernier par le département de la Sûreté de l’Etat.
Dans la journée d’aujourd’hui, le procureur général devrait rendre publics les résultats des premiers éléments de l’enquête. Une enquête à rebondissements puisque certains des suspects nippons pourraient s’avérer être des agents des services officiels japonais qui auraient été chargés d’infiltrer les membres de l’Armée rouge se trouvant dans la Békaa (PAGE 4: L’ENSEMBLE DE NOS INFORMATIONS).

Un indice significatif est intervenu hier soir dans ce cadre, permettant de penser qu’un règlement politique pourrait lentement faire son chemin afin de clore ce dossier. Le chef de l’Etat syrien Hafez el-Assad a en effet accordé audience en début de soirée à l’émissaire spécial japonais Hiroshi Hirabayashi, chargé des relations extérieures au Cabinet du premier ministre Ryutaro Hashimoto. Jusqu’à hier après-midi, cette entrevue était tenue pour très peu probable. Le fait que le président Assad ait reçu en définitive l’émissaire japonais a été interprété par certains observateurs à Beyrouth comme l’indice d’un possible déblocage au niveau de la recherche d’une solution politique «en profondeur» englobant, à l’évidence, Damas et évitant de nouveaux tiraillements entre Beyrouth et Tokyo au sujet de cette affaire.
Avant de conférer avec le président Assad — à qui il a remis un message de son gouvernement —, M. Hirabayashi s’était entretenu dans la journée avec le chef de la diplomatie syrienne Farouk el-Chareh à qui il avait exposé la position de son pays concernant la question des détenus de l’Armée rouge. L’émissaire japonais a remis à M. Chareh une copie du message dont il était porteur. A l’issue de l’entrevue, M. Hirabayashi a réaffirmé «l’intérêt du Japon pour le processus de paix au Proche-Orient», soulignant que Tokyo désire «jouer un rôle plus important dans ce domaine en participant aux efforts visant à réactiver le processus de paix».
Si le dossier des détenus de l’Armée rouge a ainsi été examiné hier en haut lieu à Damas, il n’en est pas de même au plan libanais. Contre toute attente, le Conseil des ministres réuni hier soir au palais de Baabda a, de fait, ignoré totalement la question. C’est du moins ce qu’affirment publiquement les membres du Cabinet. Pourtant, lors de sa réunion ordinaire tenue la semaine dernière, le gouvernement avait demandé officiellement aux ministres de l’Intérieur et de la Justice de soumettre, lors de la séance d’hier, un rapport sur cette affaire. Or, il n’en a rien été. Le Cabinet a agi hier comme si les deux ministres susmentionnés n’avaient été chargés d’aucune mission à ce propos. L’explication officielle à cette dérobade: le dossier est désormais entre les mains de la justice (il n’est jamais trop tard...), de sorte que le rapport demandé à MM. Michel Murr et Bahige Tabbarah n’avait plus sa raison d’être.
Il reste que l’ombre de ce dossier a quand même plané hier sur le Conseil des ministres. L’un des points inscrits à l’ordre du jour portait, en effet, sur la construction d’un étage supérieur au sérail de Jounieh afin d’abriter les bureaux régionaux de la Sûreté de l’Etat (ce même service qui a procédé à l’arrestation des huit suspects nippons). Le gouvernement a décidé de surseoir à la construction de ces bureaux. Plusieurs ministres ont, en effet, souligné qu’il serait plus opportun, avant de renforcer l’implantation de la Sûreté de l’Etat, de réexaminer en profondeur le rôle et les prérogatives du service en question. Les dirigeants auraient-ils pris, enfin, conscience du grave dysfonctionnement de l’appareil et des institutions étatiques à presque tous les échelons du pouvoir?

M.T.
L’inqualifiable cafouillage dont ont fait montre les hauts responsables — aussi bien politiques que judiciaires — au sujet de ce qu’il est convenu d’appeler «l’affaire japonaise» semble être arrivé à son terme. Le dossier devrait, en effet, suivre désormais son cours normal sur le plan de la justice.Alors qu’il avait affirmé publiquement, d’entrée de jeu,...