L'affaire des japonais arrêtés dans la Békaa Tokyo dépêche un émissaire à Beyrouth et Damas (photo)

L’affaire (frisant la bouffonnerie) de l’arrestation voici quinze jours, dans la Békaa, de membres présumés de l’Armée rouge japonaise, pourrait trouver dans les prochains jours son épilogue, avec l’arrivée hier au Liban du chef du bureau des relations extérieures du premier ministre japonais, M. Hiroshi Hirabayashi.
Le responsable japonais a été reçu à l’AIB par le directeur du protocole au ministère des Affaires étrangères, M. Ramez Dimachkiyé, et l’ambassadeur du Japon au Liban, M. Yasugi Ishigaki. Il sera reçu aujourd’hui par le président du Conseil, M. Rafic Hariri, et le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnan Addoum.
Selon le ministère japonais des Affaires étrangères, M. Hirabayashi doit également se rendre, mercredi, à Damas, pour examiner cette affaire avec les dirigeants syriens.
M. Hirabayashi est accompagné d’un fonctionnaire du ministère japonais des Affaires étrangères, dont on ignore l’identité.
Le responsable japonais soumettra aux autorités judiciaires les fiches signalétiques de membres de l’Armée rouge recherchés, et en comparera les données avec les photos et empreintes des trois Japonais arrêtés par la Sûreté de l’Etat.
Les trois hommes font partie d’un groupe de neuf personnes arrêtées le 15 février dernier, parmi lesquelles figurent Oumayya Abboud, une Libanaise spécialisée dans l’acupuncture, ainsi que plusieurs Asiatiques.
M. Addoum ainsi que le directeur de la Sûreté de l’Etat, le général Nabih Farhat, avaient été reçus samedi par le président Elias Hraoui, qui avait déjà appelé à deux reprises à «trancher cette affaire le plus rapidement possible», après une regrettable confusion qui a terni l’image de l’Etat, aux yeux des citoyens, et du Liban, aux yeux du monde.
On rappelle que la confirmation de l’arrestation de Japonais a été faite après plusieurs démentis officiels. En outre, plusieurs jours après l’arrestation du groupe par la Sûreté de l’Etat, le président Hraoui n’en était toujours pas informé et avait dû mettre en demeure les ministres de l’Intérieur et de la Justice de faire la lumière sur cette affaire.
A l’issue d’une rapide enquête, il était apparu —mais la nouvelle demeure officieuse —, que le brigadier Ali Makki, numéro 2 de la Sûreté de l’Etat, avait agi sans en référer au Parquet, et selon certaines sources, l’homme a été «mis à la disposition» du ministre de l’Intérieur et pratiquement démis de ses fonctions.
L’émissaire du gouvernement japonais remettra à M. Hariri un message de son homologue japonais l’appelant à coopérer pour le transférement de suspects à Tokyo.
Les autorités libanaises, pour leur part, veulent éviter toute précipitation, et s’assurer d’abord que les Japonais arrêtés sont bien des membres de l’Armée rouge.
La visite de M. Hirabayashi intervient en effet après que des sources judiciaires eurent confirmé l’arrestation de trois ressortissants japonais qui, toutefois, selon des sources officielles citées par l’AFP, «ne seraient pas des membres du groupe terroriste».
En fait, si l’insistance nippone pour une enquête rapide dans cette affaire est en soi gênante, le manque de clarté de la partie libanais est également révélateur. L’un des points les plus délicats de ce dossier pourrait être les liens tissé par les membres présumés de l’Armée rouge arrêtés, avec d’autres groupes classés par la communauté internationale comme «terroriste«, cette nouvelle pouvant être compromettante pour un Liban qui cherche à accréditer l’idée que son territoire ne sert plus de base à des groupuscules extrémistes, comme il l’a été durant les années de guerre.