Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Au Liban, les poètes fous sont jetés en prison

Depuis quatre ans, le poète libanais Safouan Haïdar, qui souffre de schizophrénie, est incarcéré à la prison centrale de Roumiyé, où les malades mentaux nécessiteux sont traités en prisonniers de droit commun, a révélé samedi «An-Nahar».
Dans un reportage dans son supplément culturel hebdomadaire, le quotidien précise que 35 malades mentaux n’ayant pas les moyens d’être traités dans des cliniques privées ont été transférés dans cette prison après la démolition en 1993 de l’asile psychiatrique gouvernemental.
Le quotidien fait état également de l’emprisonnement de Safouan Haïdar. Professeur de littérature arabe, auteur d’un recueil de poèmes et traducteur en arabe des auteurs allemands Gunther Grass, Rilke et Brecht, Safouan Haïdar a poursuivi des études à Berlin et à Londres de 1976 à 1982.
Pour lui rendre visite, l’auteur du reportage a dû obtenir les autorisations exigées pour tout prisonnier tandis que les autorités carcérales ont confisqué un roman que le journaliste voulait lui offrir pour vérifier qu’il ne s’agissait pas de «littérature interdite». «Pour nous, prisonnier ou malade, c’est la même chose», lui a déclaré le responsable.
Interrogé par le journal, le Dr Hussein Mansour, qui traitait le poète avant son incarcération, a affirmé que son cas «ne représente aucun danger pour la société». «Il a besoin d’un traitement médical et d’une réhabilitation sociale et ce ne sont pas des gardiens de prison qui peuvent s’en charger», a-t-il dit. «Nous sommes tous des petits Safouan. Devons-nous pour autant être jetés en prison?», a-t-il ajouté.
Il existe deux catégories de malades mentaux à Roumiyé: ceux qui ont été condamnés pour actes de violence et ceux qui sont incarcérés à «titre préventif», ont précisé les autorités policières. Des magistrats ont pour leur part affirmé que «rien ne justifie l’emprisonnement d’un malade mental qui n’a pas commis de crime».
Toujours selon le reportage, un malade mental en a récemment tué un autre à Roumiyé. Il a déclaré, lors de l’interrogatoire judiciaire mené le 3 février, l’avoir «étouffé avec un œuf dur, profitant qu’il était à terre, les mains liées derrière le dos par le geôlier qui procède ainsi pour administrer les sédatifs».
Depuis quatre ans, le poète libanais Safouan Haïdar, qui souffre de schizophrénie, est incarcéré à la prison centrale de Roumiyé, où les malades mentaux nécessiteux sont traités en prisonniers de droit commun, a révélé samedi «An-Nahar».Dans un reportage dans son supplément culturel hebdomadaire, le quotidien précise que 35 malades mentaux n’ayant pas les moyens...