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Actualités - CHRONOLOGIE

Retour de la corruption avec l'économie de marché

PEKIN, 21 Février (Reuter). — En décidant d’ouvrir la Chine aux forces du marché pour préserver le régime communiste, Deng Xiaoping a du même coup réintroduit un poison familier à même de le miner: la corruption.
Celle-ci est à l’origine de la chute de nombre de dynasties du millénaire Empire du Milieu et, de nos jours encore, peu de choses provoquent autant l’indignation du Chinois des villes ou des champs que des responsables qui se remplissent les poches.
C’est en grande partie à la faveur de la colère populaire suscitée par la corruption du régime nationaliste de Chiang Kai-Shek que Mao Tsé-Toung installe son système communiste en 1949 et s’attaque au mal.
Commencent alors trois décennies durant lesquelles on peut considérer que les Chinois ont presque tous été aussi pauvres les uns que les autres — jusqu’à ce que, en 1978, Deng lance sa politique d’ouverture économique.

Course aux
richesses

Ses leitmotivs du style «Enrichissez-vous!» et «La pauvreté n’est pas le socialisme» sont pris au pied de la lettre par les Chinois ordinaires, mais également par les membres de la caste au pouvoir.
Ceux-ci, sans oublier leurs familles et leurs amis, amassent rapidement des fortunes grâce aux failles, aux lacunes, voire à l’absence de systèmes de contrôle juridiques et économiques.
Vers 1990, alors que l’économie prospère à un rythme enlevé de croissance, la course aux richesses devient effrénée et la corruption se fait voyante.
Le ressentiment qu’elle suscite est l’une des composantes qui sous-tend le spectaculaire mouvement étudiant de 1989 en faveur de la démocratisation du régime.
Deng finit pas faire donner l’armée place Tienanmen pour écraser dans le sang ce «Printemps de Pékin», afin de rétablir «l’Ordre» — non sans avoir mesuré la légitimité de la révolte.
Quelques jours plus tôt, le 31 mai, il reprend en effet à son compte les reproches des étudiants et «passe un savon» aux dirigeants du parti.
«Il faut prouver concrètement que nous combattons vraiment, et non pas hypocritement, la corruption. Moi aussi je suis outré par la corruption!», leur lance-t-il.
Deng impute la corruption à des influences extérieures néfastes, mais il semble se résoudre à son «statut» d’effet secondaire et indésirable du médicament qu’il administre à l’économie.
«Lorsqu’on ouvre une porte pour entrer quelque part, les mouches et les moustiques entrent aussi», a-t-il dit à ce sujet avec un sens bien chinois de la métaphore.
«Après tant de troubles politiques, Deng voulait par dessus tout le développement du pays. C’était son dada», explique un sociologue de Shanghai.

Le verbe
«moustiquaire»

Mais Deng n’a pas prévu d’autre «moustiquaire» que son propre verbe. Et, note un professeur d’économie de Shanghai, la corruption a progressé au fur et à mesure qu’il prenait ses distances avec la politique.
Si les dirigeants du parti n’ont de cesse de rejeter la corruption comme un poison mortel pour eux-mêmes, la population les juge a priori corrompus.
Lorsque le Chinois de la rue voit la nomenklatura circuler à bord de voitures de luxe, il se demande d’où vient l’argent. Et il s’indigne d’entendre parler de comptes en banques bien garnis à l’étranger.
PEKIN, 21 Février (Reuter). — En décidant d’ouvrir la Chine aux forces du marché pour préserver le régime communiste, Deng Xiaoping a du même coup réintroduit un poison familier à même de le miner: la corruption.Celle-ci est à l’origine de la chute de nombre de dynasties du millénaire Empire du Milieu et, de nos jours encore, peu de choses provoquent autant...