En raison du déficit commercial record au USA Alerte sur le dollar

NEW YORK, 20 Février (Reuter). — Le déficit commercial américain s’est encore creusé en décembre, montrant que tous les indicateurs économiques des Etats-Unis actuellement ne vont pas dans le sens d’une appréciation toujours plus grande du dollar, estiment des analystes (VOIR PAGES 12 ET 13).
Depuis un an, les cambistes s’appuient sur les fondamentaux robustes de l’économie — croissance solide, inflation maîtrisée et taux d’intérêt comparativement élevés — pour expliquer le flot de capitaux investis dans des actifs libellés en dollar.
Mais ils choisissent d’ignorer la balance des paiements courants qui, d’après les analystes, est le premier des baromètres en ce qui concerne l’évolution du dollar.
Comme hypnotisés par l’envolée du dollar, investisseurs et opérateurs ont à peine réagi à l’annonce des déficits records enregistrés par les comptes courants, la mesure la plus large des performances internationales d’un pays.
La balance des paiements courants est historiquement l’un des éléments clés pour connaître l’évolution à long terme d’une devise et les économistes attirent l’attention sur le fait que la poursuite des déficits aux Etats-Unis risque d’effrayer les investisseurs étrangers.
«Il est certain que si l’on continue à accuser des déficits aussi importants, tant au niveau de la balance commerciale que de la balance des paiements courants, cela aura à terme un impact à la baisse sur le dollar», estime Robert Hormats, de Goldman Sachs International.
Le déficit courant américain s’est creusé au troisième trimestre à 47,96 milliards de dollars, au-dessus d’un précédent record de 43,2 milliards de dollars atteint au quatrième trimestre de 1987, et contre 40,21 milliards au deuxième trimestre.
Les chiffres du quatrième trimestre seront publiés le 13 mars.
Les analystes soulignent que le marché a toujours tendance à ignorer les statistiques qui contredisent l’évolution du jour du dollar. Ainsi, les opérateurs retiennent davantage aujourd’hui la forte croissance du PIB et l’inflation faible que les déficits des échanges internationaux.
Cet automne encore, la faiblesse des déficits de la balance commerciale avait fait croire que l’appréciation du dollar ne pesait pas sur les exportations. Mais la dernière série de chiffres risque d’en faire changer certains d’avis.
Le département du Commerce a annoncé mercredi un déficit commercial de 10,29 milliards de dollars en décembre après un déficit anormalement faible de 7,94 milliards de dollars en novembre. Le déficit de 114,23 milliards enregistré sur 1996 est le plus important depuis 1988.
Les experts ne croient pas que le gonflement des déficits courants et commerciaux aura un impact sur le dollar dans les trimestres prochains. Mais, lorsque l’économie américaine enregistrera un refroidissement alors que l’expansion à l’étranger permettra une hausse des taux, alors les Etats-Unis risquent d’avoir moins de charme.
«C’est alors que les comptes courants reviendront sur le devant de la scène», prévient Chris Iggo de la firme BZW Securities Inc.