HEBRON (Cisjordanie), 18 Février (AFP). — Des soldats scandinaves et turcs ainsi que des policiers italiens patrouillent désormais à Hébron, en Cisjordanie pour veiller au maintien de la paix dans cette ville palestinienne explosive.
Aux abords de l’une des enclaves juives de la vieille ville de Hébron, un soldat israélien brandit un bâton en direction d’enfants palestiniens. Trois observateurs, portant des vestes bleues et des brassards rouges portant le sigle TIPH (Présence internationale temporaire à Hébron), s’arrêtent pour voir et se faire voir.
«Les soldats (israéliens) sont plus calmes quand ils savent que nous sommes dans les environs. Maintenant que nous sommes plus nombreux, nous allons pouvoir couvrir une zone plus étendue. Ils vont nous voir surveiller la paix», déclare le chef de la patrouille, le Norvégien Ole Johansson, à Hébron depuis deux semaines.
M. Johansson patrouille en compagnie de deux carabiniers italiens, qui ont rejoint cinq jours auparavant les forces du TIPH, créées par les accords israélo-palestiniens sur l’autonomie pour être déployées dans les villes palestiniennes de la Cisjordanie.
Une cinquantaine de Norvégiens sont déployés depuis début 1996 à Hébron, et présentent des rapports aux deux parties quand un incident survient. Mais la mission du TIPH a été dopée par la signature le 15 janvier de l’accord sur le retrait partiel de l’armée israélienne de Hébron, dernière ville palestinienne en Cisjordanie à être libérée.
Depuis, il compte 141 observateurs, grâce à l’arrivée ces deux dernières semaines de nouveaux contingents venus d’Italie, de Norvège, du Danemark, de Suisse et de Turquie.

Réduire la tension

Les 50 Norvégiens se chargent actuellement de familiariser les nouveaux venus avec cette ville où 120.000 Palestiniens côtoient 400 colons juifs, vivant dans des enclaves fortement gardées par l’armée israélienne.
«Certains d’entre nous ont servi au Cambodge, en Somalie ou dans d’autres zones de tension», indique Lorenzo Di Marzio, l’un des 31 carabiniers italiens.
«Nous apprenons à connaître les lieux», ajoute-t-il, tout en s’amusant à pratiquer son arabe avec des enfants palestiniens et des propriétaires de magasins venus saluer la patrouille dans la vieille ville.
Dimanche, 18 soldats turcs ont rejoint le TIPH, les premiers depuis 80 ans à entrer à Hébron, qui a été administrée par l’empire ottoman pendant 300 ans jusqu’à l’arrivée des forces britanniques lors de la Première Guerre mondiale.
Le TIPH, qui comptera prochainement 180 personnes, est composé d’effectifs militaires et civils. Il peut actuellement faire circuler dans les rues de Hébron 18 patrouilles à la fois.
«Notre travail consiste à réduire la tension, pas uniquement en présentant des rapports, mais également par notre présence. Par exemple, quand un soldat israélien à un point de contrôle nous voit, il retient les gens moins longtemps», assure l’officier chargé de la presse au sein du TIPH, Martin Ytternich.
Selon le texte de création du TIPH, sa mission est de «donner un sentiment de sécurité aux Palestiniens et aider à faire régner la stabilité et une atmosphère appropriée» à Hébron. Le texte ne mentionne pas les colons juifs.
«Ce n’est un secret pour personne que nous sommes ici parce que les Palestiniens veulent de nous», explique l’officier du TIPH.
«Les colons peuvent ne pas approuver notre mandat, mais ils ont de bonnes relations avec nous. Il leur arrive même parfois de nous inviter chez eux», ajoute-t-il.