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Actualités - CHRONOLOGIE

Défiant l'armée qui les traque, les islamistes frappent à nouveau Trente et un villageois brûlés vifs puis achevés à coups de pioches en Algérie (photo)

Trente-et-un villageois, dont 24 femmes, ont été brûlés vifs, achevés par balles ou à coups de pioche, avant-hier lundi, par des islamistes dans un hameau au sud d’Alger, alors que l’armée a lancé sa plus vaste offensive en deux ans pour regagner du terrain avant les législatives. Les opérations des militaires, menées notamment dans l’Algérois et appuyées par les groupes d’autodéfense, les «Patriotes», auraient fait plus de 200 morts au cours des derniers jours, selon des bilans de presse non confirmés.
Cette offensive intervient avant les élections législatives, prévues dans trois mois. Le mois dernier, le président Liamine Zéroual avait promis «l’extermination» des groupes armés.
Le chef de l’Etat vient d’assurer aux partis politiques que le scrutin législatif se déroulerait dans une totale sécurité, après un mois de Ramadan d’une violence sans précédent. Au cours de la période du jeûne musulman, plus de 400 civils ont été tués lors d’attaques de villages — principalement dans la plaine de la Mitidja, au sud d’Alger — et d’attentats à la voiture piégée, selon des bilans partiels.
Dans le cadre de cette offensive «antiterroriste», les autorités devraient offrir prochainement des primes allant de 1 à 4,5 millions de dinars (100.000 à 450.000 FF environ) pour toute information permettant l’arrestation d’un islamiste armé, a rapporté la presse locale mardi.
Un nouveau degré supplémentaire dans l’horreur a été atteint lundi, quand un commando islamiste de quelques dizaines d’hommes a investi vers 01h00 locales (00h00 GMT) le village de Kerrach, un hameau de montagne isolé à 50 km au sud d’Alger, selon des témoignages recueillis hier sur place.
Armée de Kalashnikov, de couteaux et de haches, les assaillants, vêtus de treillis, arborant des barbes fournies, ont incendié plusieurs maisons. Vingt-quatre femmes, six hommes et un enfant ont été tués. Deux journaux privés — Liberté et Al Khabar — avaient publié hier matin un bilan de 33 morts.
Jamais un groupe armé n’avait opéré de la sorte jusqu’à présent, transformant en brasiers des habitations où se terraient leurs victimes.
«Une jeune fille est sortie de la maison, les vêtements en feu. Elle a tenté de s’échapper. Un des terroristes l’a achevée avec son pistolet dans la cour», a raconté un habitant du hameau, mardi, à un journaliste qui s’est rendu sur place.

200 morts dans
l’opération militaire

Les forces de sécurité, alertées par un habitant, ont affronté les assaillants lors d’un violent accrochage. Plusieurs islamistes — tués ou blessés — ont été emmenés par leurs compagnons, selon les habitants.
Les rescapés, traumatisés, ont fui le village pour redescendre dans la plaine.
Le quotidien privé El-Watan a par ailleurs indiqué qu’à Saïda (sud-ouest), les cadavres de cinq personnes, enlevées le 9 février, avaient été retrouvés dimanche. Les journaux ont aussi rapporté qu’un train de marchandises avait sauté sur une bombe lundi matin près de Boufarik (30 km au sud d’Alger), tuant le conducteur.
Le massacre de Kerrach intervient alors que les forces de sécurité traquent depuis plusieurs jours des groupes islamistes dans plusieurs de leurs maquis, notamment dans les régions de Blida, et de Médéa, mais aussi aux portes d’Alger. D’autres opérations ont été déclenchées, notamment dans les régions de Tlemcen (400 km au sud-ouest) et Aïn Defla (150 km au sud-ouest).
Les bilans de presse, diffusés ces derniers jours, font état de plus de 200 morts, et d’un bilan de 85 morts lors d’une seule opération à Koléa, près d’Alger.
En 1995, des journaux privés avaient annoncé des bilans supérieurs à 1.000 morts lors d’une offensive de l’armée à Aïn Defla. Les autorités avaient ensuite qualifié ces chiffres d’exagérés, mais sans fournir de décompte. Cette fois encore, les autorités maintiennent le black-out sur les opérations en cours.
Sur le plan politique, le Conseil national de transition (CNT, assemblée désignée) a adopté mardi à une large majorité une nouvelle loi réglementant strictement les conditions de création et d’exercice des partis politiques. Ce projet de loi avait été vivement dénoncé par une partie de l’opposition.
Enfin, à Bonn, l’Armée islamique du salut (AIS), l’un des principaux groupes armés, a condamné «fermement» les massacres de civils commis dans l’Algérois et affirmé qu’ils étaient l’œuvre des «milices armées par le régime».
Depuis 1992, les violences ont fait 60.000 morts en Algérie, selon les dernières estimations du département d’Etat américain.
Trente-et-un villageois, dont 24 femmes, ont été brûlés vifs, achevés par balles ou à coups de pioche, avant-hier lundi, par des islamistes dans un hameau au sud d’Alger, alors que l’armée a lancé sa plus vaste offensive en deux ans pour regagner du terrain avant les législatives. Les opérations des militaires, menées notamment dans l’Algérois et appuyées par les...