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Actualités - ANALYSE

Plaidoyer pro domo de Berry devant ses visiteurs

A Msayleh M. Nabih Berry s’est épanché auprès de nombreux visiteurs venus lui présenter leurs compliments à l’occasion du Fitr. Il a imputé à ses deux ex-partenaires de la troïka la responsabilité de la crise politique qui déchire l’Etat.
En substance, M. Berry affirme que pour sa part il était sincèrement désireux d’entretenir une relation suivie de saine coopération entre les pouvoirs, mais qu’il a dû finalement baisser les bras, après maintes déceptions. Il indique ainsi, toujours en substance, qu’à chaque fois qu’il s’entendait avec M. Elias Hraoui sur un sujet donné il avait le lendemain la surprise de constater que ce dernier faisait machine arrière par suite d’une intervention du chef du gouvernement «qui ne veut pas que l’entente règne entre le président de la République et moi».
Se sacrifiant pour l’intérêt public, M. Berry a voulu, ajoute-t-il, maintenir la formule de la troïka malgré tout ce qu’il a pu en pâtir «parce que les frères de Damas y tenaient comme soupape de sûreté et aussi pour des raisons de commodité: une question approuvée par les trois présidents était pratiquement réglée et pouvait sans encombre passer au stade de l’exécution». Pour la première fois depuis sa dispute avec les deux autres présidents, M. Berry reconnaît que «la formule de la troïka, qui a permis de dénouer nombre de problèmes, avait ses bons côtés et n’était pas entièrement négative». Il rappelle quand même que ce n’est pas lui qui est à l’origine de ce système qu’il a trouvé déjà en place lors de son accession au perchoir. (En réalité, il était l’un des contempteurs vedettes de la troïka lorsqu’il était encore ministre..).
Passant à un volet plus délicat, à savoir son attitude lors de l’Iftar de Dar el-Fatwa (où il a ignoré le chef de l’Etat avec superbe) ou encore en boudant l’Iftar de Baabda ainsi que les cérémonies de la St-Maron, M. Berry affirme que c’est simplement pour rassurer ceux qui craindraient un come back de la troïka et leur montrer qu’il n’en est pas du tout question... Il répète que son attitude «n’a rien de personnel» et soutient que ses rapports individuels (en réalité réduits à zéro au stade actuel) avec M. Hraoui ne se ressentent pas de leur conflit politique...
En tout cas, il est aujourd’hui évident que l’on a atteint localement un point de non retour. D’autant que le président Rafic Hariri, qui a tenté de jouer les conciliateurs, s’est retrouvé à son tour dans le collimateur de M. Berry. Dès lors encore une fois c’est sur l’arbitrage syrien qu’il faut se rabattre pour régler la crise. Cette fois aussi, comme lors des épreuves précédentes, les intéressés ne se montrent d’accord que sur un point: en cas d’arrangement, il faudra que désormais les relations interprésidentielles soient régies uniquement par les règles institutionnelles, dont celle de la séparation des pouvoirs, qui doivent quand même — autre principe édicté par Taëf — coopérer. De bonnes résolutions qui tiendront ce qu’elles tiendront... Car chassez le naturel il revient au galop: le pouvoir, dans la conception de la présente République, ne peut être qu’affaire de partage des zones d’influence et des parts du gâteau. Ce qui est forcément synonyme de troïka... On en a vu une application pratique dans les résultats de la session extraordinaire du Parlement consacrée à l’étude du Budget, largement décrié par les députés et finalement approuvé par 93 voix contre une seule. Un autre effet de l’influence qu’exerce encore le système, tout «disparu» qu’il soit aux yeux de M. Berry, aura été que la Chambre n’a même pas songé à former une commission d’enquête sur les graves accusations portées par son proche chef contre la troïka...
Il est donc logique de penser que si on se soucie encore de protéger cette dernière, c’est qu’elle n’est pas si morte que cela ou qu’en tout cas elle risque comme le phénix national de renaître bientôt de ses cendres...

Ph. A.-A.
A Msayleh M. Nabih Berry s’est épanché auprès de nombreux visiteurs venus lui présenter leurs compliments à l’occasion du Fitr. Il a imputé à ses deux ex-partenaires de la troïka la responsabilité de la crise politique qui déchire l’Etat.En substance, M. Berry affirme que pour sa part il était sincèrement désireux d’entretenir une relation suivie de saine...