Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Les querelles intestinés ont encore de beaux jours devant elles...

Laissant «à l’entourage» le soin de poursuivre la guéguerre, les Achille se retirent dignement sous leurs tentes respectives et cessent pour le moment leurs échanges d’artillerie personnels. Cette nouvelle trêve des chefs, la deuxième depuis le début de l’an, intervient encore une fois à la demande instante des décideurs qui ont multiplié à cet effet les coups de fil, ces deux derniers jours.
Si les controverses «théoriques» entre partisans restent tolérées, des instructions ont été par contre données pour qu’on cesse de part et d’autre les «fuites informationnelles» en direction de médias et les confidences incendiaires distillées aux visiteurs. L’objectif est de commencer à désamorcer la crise relationnelle, à atténuer la crispation ambiante en bloquant l’escalade entre Baabda et Aïn el-Tiné. Le dénouement positif, la réconciliation en somme, devrait intervenir avant la tenue à Damas du Conseil supérieur libano-syrien prévue pour la seconde moitié du mois en cours. Il est en effet difficilement imaginable que MM. Elias Hraoui et Nabih Berry se boudent devant le président Hafez el-Assad et que la réunion du Conseil soit consacrée à les rabibocher.

En tout cas, comme le relève un député, «il faut espérer que cette fois on saura tirer la véritable leçon de ces disputes qui éclatent tout le temps au sein du pouvoir, à savoir qu’il est temps d’établir des rapports équilibrés entre dirigeants».
Mais un opposant rétorque immédiatement que «le dysfonctionnement est dû à des déséquilibres flagrants qui vont bien plus loin que le volet, personnel ou politique, des pôles du pouvoir. Il s’agit d’un vice de fond qui découle des failles de Taëf, considérablement aggravées par la mauvaise application de cet accord qui n’a plus rien de national. Les rapports de force sont à réviser dans un champ bien plus large que celui où évolue le système en place...»
C’est peut-être aller trop loin ou en demander trop... Plus ponctuellement un autre opposant estime que «si M. Nabih Berry s’est montré si mordant, usant de méthodes et de termes rares même du temps de la guerre, c’est qu’il a sans doute jugé que la meilleure défense est l’attaque et qu’il s’est donc senti menacé dans ses positions par le tandem de l’Exécutif... qu’il avait lui-même contribué à rapprocher, après la confrontation qui avait marqué la formation du nouveau Cabinet. Ceci étant, ajoute ce politicien, le président de la Chambre se trompe sans doute quand il soutient que tout replâtrage est hors de question. D’une part nous sommes au pays du compromis... Et d’autre part les divisions internes ne sont plus recommandées par les décideurs quand, franchissant certaines limites, elles finissent par compromettre tout le savant échafaudage qu’ils ont su mettre en place. De plus par l’effet des vases communicants, en attaquant trop fort M. Berry, au lieu d’inciter les présidents Hraoui et Hariri à lâcher du lest, les a poussés à s’attacher encore plus aux amendements constitutionnels, aux élections municipales rapprochées et à la permutation des directeurs généraux. On dira que M. Berry peut contrer tout celà à la Chambre. Cela n’est pas certain car, comme la démonstration en a été faite lors du débat sur le budget, il suffit que M. Hariri — toujours irremplaçable — menace de démissionner pour que les députés votent tout ce qu’il demande...».
Un haririen confirme ces déductions et révèle que «non seulement le président du Conseil, qui était disposé à en discuter avec M. Berry, ne veut plus entendre parler d’un report des municipales ou d’une annulation de la permutation des directeurs, mais il se propose de lancer un pavé encore plus gros dans la mare. Il s’agirait cette fois d’entamer pour de bon l’énorme chantier de la réforme administrative, en remettant le dossier tout entier au Conseil de la Fonction publique et à l’Inspection centrale. Ces deux organismes devront établir un plan concret de désignations administratives se fondant uniquement sur le critère de compétence et faisant fi des considérations habituelles de confessionnalisme et de clientélisme. Il n’y aura plus de «quotas de partage» et on verra ainsi la disparition de toute emprise politicienne sur l’Administration».

Comme on voit, si les décideurs n’y mettent pas bon ordre, les querelles intestines entre gens du pouvoir ont encore de beaux jours devant elles...

Ph.A-A.
Laissant «à l’entourage» le soin de poursuivre la guéguerre, les Achille se retirent dignement sous leurs tentes respectives et cessent pour le moment leurs échanges d’artillerie personnels. Cette nouvelle trêve des chefs, la deuxième depuis le début de l’an, intervient encore une fois à la demande instante des décideurs qui ont multiplié à cet effet les coups de fil,...