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Actualités - REPORTAGE

"175, v'là les pompiers.." (photos)

«J’ai choisi les pompiers, car j’aime la discipline militaire, confie Rabih Saadeddine Chbaklo, 22 ans. Le souvenir qui m’a le plus marqué c’est mon véritable baptême de feu de la dernière semaine de septembre 1996 où, avec mes 400 collègues, nous avons lutté 12 heures durant pour venir à bout d’un incendie qui ravageait la forêt de Bchémoun».
Les pompiers de Beyrouth ce sont d’abord 400 hommes de 18 à 59 ans, capables de se sacrifier sans compter pour maîtriser un incendie mais aussi de se mobiliser pour secourir un pauvre minet bloqué sur le bord du 3e étage d’un immeuble à Koratyem.
Ce sont également 3 casernes (Bachoura, le Stade municipal de Tarik Jédidé et le quartier-général situé à la Quarantaine), 26 citernes (dont 3 équipées d’une échelle de plus de 30 mètres), 8 jeeps, 5 ambulances et 2 canots pneumatiques Zodiac, prêts à intervenir en 45 secondes.
Les pompiers ce sont enfin, outre la surveillance de toute manifestation publique et l’inspection des dispositifs de secours des théâtres, cinémas et centres balnéaires (fumer dans une salle de cinéma est passible d’amende), 80 interventions par mois, toutes gratuites et effectuées en des temps-records: 5 minutes pour les interventions dites d’urgences (incendies, personnes bloquées dans un ascenseur) et 15 minutes maximum pour dépanner l’étourdie qui aurait oublié ses clés, 5 minutes seulement si cette même personne a la «chance» d’avoir oublié son enfant à l’intérieur...
Les pompiers interviennent également en cas d’accidents de voitures, d’inondations de rue et chez les particuliers, pour le sauvetage en mer des noyés ou des bateaux en difficulté (les pompiers disposent à cet effet d’une unité entière de 24 hommes avec à sa tête un officier), l’abattage des arbres sur la voie publique ou dans les jardins privés... si, bien sûr, ils présentent un danger pour les passants ou les constructions alentour...
Pour toutes ces raisons et pour d’autres si elles sont justifiées — les faux appels sont vite repérés — il suffit de composer le 175, — pas de code 01 à partir d’un cellulaire. L’appel est gratuit et après vérification de votre numéro de téléphone, les pompiers s’élanceront à votre secours.
Il faut tout de même savoir que les pompiers de Beyrouth, comme leur nom l’indique, ont l’autorité d’agir dans la capitale uniquement. En appelant le 175 à partir de Beyrouth, du Mont-Liban, de Khaldé ou de Nahr el-Kalb, vous serez en contact direct avec le Q.G. de la Quarantaine qui, si le motif de l’intervention se trouve dans le périmètre de la capitale, mettra en branle l’une de ses casernes ou dépêchera sur place la Défense civile, si vous êtes en dehors de sa juridiction.
Des exceptions sont cependant faites en cas d’incendies ou de sinistres graves et auxquels la seule Défense civile ou la Croix-Rouge ne peuvent venir à bout.
Dans le cas où vous faites le 175 passé le tunnel de Nahr el-Kalb, dit le tunnel de la catharsis, vous serez directement en liaison avec les centres de la Défense civile de Jounieh, Jbeil ou de Tripoli. Un projet est cependant à l’étude visant à unifier le travail des pompiers répartis dans les 5 centres de Beyrouth, du Mont-Liban, de la Békaa, du Sud et du Nord.
Entre-temps ces valeureux combattants du feu, tenus de main de maître par leur commandant, le lieutenant-colonel Ghassan Bala’a, sont à la recherche de leur statut définitif depuis près de 30 ans.
En effet, bien que sous les ordres d’un officier de l’armée détaché au poste de commandant de la brigade des pompiers de Beyrouth, et malgré les grades que portent les pompiers — on commence pompier (il suffit pour cela d’avoir 18 ans minimum, d’être titulaire du brevet, d’être bilingue, natif de Beyrouth de préférence, connaissance du terrain et absence de carte routière obligent, et d’accepter de gagner 335.000 livres seulement!), puis caporal, et l’on gravit doucement les échelons jusqu’à devenir général —, ces hommes au casque argenté ne sont pas des militaires.
Et bien que placés sous l’autorité exécutive directe du mohafez de Beyrouth et sous celle législative et non moins directe du chef de la municipalité de la capitale, le tout sous la tutelle du ministère des Affaires municipales et rurales, ces mêmes hommes ne sont pas des civils.
En attendant de leur trouver un statut définitif (la balance penche fortement vers l’option militaire), nos pompiers sont en pleine mutation existentielle. Déjà bien entraînés et disciplinés, ils sont en passe de venir de «super-pompiers» à l’occidentale. Leur nombre devrait graduellement et d’ici 3 années maximum atteindre les 800 (les normes internationales étant d’un à trois pompiers pour 3.000 habitants), et parallèlement à de nouveaux équipements et matériels attendus dans le courant de l’année et grâcieusement offerts par leurs collègues du Canada et ceux de l’Allemagne, nos pompiers beyrouthins se verront bientôt dotés d’une nouvelle unité de secours en cas d’accidents de la route équipée de 5 écarteurs hydrauliques de tôle et de 5 cutters à la pointe de la technologie. Ils pourront également parfaire leur entraînement dans la nouvelle Ecole d’entraînement des pompiers (avec simulation de situations d’incendies dans des maisons spécialement construites à cet effet) qui verra bientôt le jour et sera située au Q.G. de la Quarantaine.
En attendant et si votre voiture ou votre maison brûle, composez le 175 et priez si votre assurance est périmée...

Mayane CHOUCAIR
«J’ai choisi les pompiers, car j’aime la discipline militaire, confie Rabih Saadeddine Chbaklo, 22 ans. Le souvenir qui m’a le plus marqué c’est mon véritable baptême de feu de la dernière semaine de septembre 1996 où, avec mes 400 collègues, nous avons lutté 12 heures durant pour venir à bout d’un incendie qui ravageait la forêt de Bchémoun».Les pompiers de...