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Actualités - ANALYSE

Les naturalisations, une passerelle pour l'implantation, selon des sources de l'est

Les associations chrétiennes tentent ces jours-ci remettre sur le tapis la question de l’annexe d’équilibrage promise par les officiels en ce qui concerne les naturalisations. Le premier décret, rappellent-elles, a provoqué un déséquilibre démographique accentué, les bénéficiaires de religion chrétienne y représentant moins du tiers. les officiels pour leur part parlent de 40%, mais avouent ne pas disposer de statistiques précises. Cela peut paraître étonnant mais s’explique par l’amateurisme manifesté en cette affaire: sur les listes on n’a pensé à inscrire que le chef de famille, le reste devant suivre ipso facto... sans qu’on sache donc de combien chaque smala est formée!
Toujours est-il que le secrétaire général de la Ligue maronite, M. Neemetallah Abi Nasr, vient de remettre au patriarche Sfeir une étude détaillée dont il ressort qu’on a notamment, sans y regarder, inclus non moins de 17.000 Palestiniens dans les naturalisations. M. Abi Nasr avoue à ce propos craindre qu’on détourne en pratique la liste annexe attendue de son objectif pour y englober un surcroît de refugiés...
Ce qui reviendrait à faire encore plus fort que l’implantation, unanimement rejetée sinon redoutée par les diverses fractions libanaises...
On s’inquiète donc à l’Est, où une personnalité conseille aux autorités «de tenter de mobiliser les résidents des camps pour qu’ils fassent pression sur Arafat afin qu’il s’efforce de concrétiser le fameux «droit de retour» dans les territoires placés sous sa juridiction, maintenant ou plus tard».
Le problème c’est qu’Arafat n’est pas tellement en odeur de sainteté dans les camps du Liban... Et surtout qu’il n’est de toute évidence pas très chaud pour ce «droit du retour» qui lui mettrait sur les bras des centaines de milliers de familles, dans un espace exigu déjà surpeuplé et miséreux. De leur côté, les Israéliens indiquent clairement qu’il n’est pas question pour eux de permettre une avalanche menaçante de rapatriés en Cisjordanie, une fois cette contrée confiée à l’administration palestinienne. Et pour couronner le tout, nombre de refugiés, surtout des nouvelles générations — désormais les plus nombreuses —, n’ont pas tellement envie de partir pour une patrie qu’ils n’ont jamais connue, de renoncer ou bien au cooconing de l’UNRWA (qui devrait cesser un jour ou l’autre) ou bien aux indemnisations et aux constructions en dur que leur maintien dans les pays hôtes pourrait leur valoir.

Inversion

Certains parlent même de «droit de non retour» en faisant valoir que le accords d’Oslo ne font absolument aucune mention du sort de la diaspora palestinienne «qui ne sera donc même pas négocié» avec les Israéliens. Une omission que l’on retrouve — si l’on peut dire — dans une motion de l’assemblée générale de l’ONU sur le Moyen-Orient se fondant sur toutes les résolutions antérieures du Conseil de Sécurité, à l’exception de celle qui prévoit le retour des populations palestiniennes déplacées lors du conflit de 1948 puis de la guerre de 1967.
Par la suite, les Canadiens, chez qui se réunissait la commission spécialisée des multilatérales issue de la conférence de Madrid, se sont répandus en efforts plus ou moins voyants pour faire passer le projet d’implantation. Ils s’étaient fait rabrouer, comme on sait, par les autorités libanaises et notamment par le président Nabih Berry, leader sudiste particulièrement concerné par le problème... Il reste que ce pays n’a de toute évidence pas les moyens de contrer une décision internationale qui serait prise en faveur de l’implantation et qu’il devrait se contenter du marché qu’on lui a déjà proposé: de l’argent, contre l’installation à demeure des quelque 450.000 Palestiniens recensés par l’UNRWA... et dont 17.000 auraient donc résolu leur problème en devenant Libanais. Une solution qui risque de se généralisser, à la faveur notamment du manque de vigilance étatique que provoquent tout naturellement les sempiternelles disputes entre gens de pouvoir.
Querelles qui commencent d’ailleurs à se répercuter sur le dossier des naturalisations. Ainsi un officiel, cité par M. Habib Ephrem, président du Bureau national pour les naturalisations, aurait reconnu que la question du décret compensatoire (ou annexe) est bloquée par de fortes divergences entre dirigeants. C’est évident: ce nouveau train d’adoption avait d’abord été promis pour septembre dernier puis pour la fin décembre par le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr... Face à ces retards, les dix associations chrétiennes à caractère socio — politique veulent se mobiliser à fond, incorporer en leur sein tous les ministres ou députés chrétiens et envisagent même de fusionner.
Un chiffre pour finir: selon une source religieuse, les demandes présentées, la plupart par des chrétiens, frisent les 25.000, soit cinq fois moins à peu près que les naturalisations... déjà acquises.

Ph.A.-A.
Les associations chrétiennes tentent ces jours-ci remettre sur le tapis la question de l’annexe d’équilibrage promise par les officiels en ce qui concerne les naturalisations. Le premier décret, rappellent-elles, a provoqué un déséquilibre démographique accentué, les bénéficiaires de religion chrétienne y représentant moins du tiers. les officiels pour leur part parlent...