Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L'Iftar à Baabda boycotté par Berry Hraoui critique les responsables qu sapent la confiance dans l'état

L’iftar que le président Elias Hraoui a offert hier soir au palais de Baabda devait fournir l’occasion de décrisper quelque peu l’atmosphère, particulièrement tendue, entre les pôles du pouvoir. En réalité, il a mis en relief les lourds contentieux qui continuent d’hypothéquer la vie politique dans le pays. L’iftar s’est caractérisé, en effet, par deux absences très remarquées: celle du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, et celle du chef du Législatif ,Nabih Berry. Le discours prononcé par le président de la République à cette occasion a précisément été axé sur ce profond malaise local. Le président Hraoui a, de fait, condamné tous ceux qui, par leur attitude, sapent la confiance dans l’Etat. Il a notamment invité certains responsables officiels à s’abstenir de contribuer à l’entreprise de déstabilisation de l’édifice étatique.
C’est en présence du chef du gouvernement, Rafic Hariri, de la plupart des ministres, de nombreux députés, des anciens présidents de la Chambre, des anciens premiers ministres et de nombreux hauts fonctionnaires et diplomates étrangers qu’a eu lieu l’iftar, en début de soirée. Le patriarche maronite s’est fait représenter par les évêques Roland Aboujaoudé, Boulos Matar et Youssef Béchara. Tous les autres chefs spirituels étaient présents, dont notamment le patriarche grec-orthodoxe, Mgr Ignace IV Hazim, le patriarche grec-catholique, Mgr Maximos V Hakim, le patriarche syrien-catholique, Mgr Ignace Antoun Hayek, le patriarche syrien-orthodoxe, Mgr Ignace Zakka Ier, le patriarche arménien-catholique, Mgr Jean-Pierre XVIII Kasparian, le patriarche arménien-orthodoxe, le catholicos Aram Kéchichian, le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, le président du Conseil supérieur chiite, cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine, le cheikh Akl druze par intérim, cheikh Bahjat Ghaïth, le patriarche chaldéen, Mgr Raphaël Bidawid, et l’évêque latin, Mgr Paul Bassim.
Par son absence, le patriarche maronite a sans doute voulu marquer sa désapprobation à l’égard de la politique suivie par le pouvoir, et son refus d’accepter comme un fait accompli le grave déséquilibre qui caractérise les rapports entre les différentes composantes communautaires du pays.
Quant au chef du Législatif, il s’est abstenu de prendre part à l’iftar en raison du différend qui l’oppose au président Hraoui, d’une part, et à M. Hariri, d’autre part. M. Berry n’a même pas téléphoné au palais de Baabda pour s’excuser. Dix minutes avant le début de l’iftar, le secrétaire général de la présidence de la Chambre s’est présenté au palais de Baabda pour indiquer que le chef du Législatif n’assistera pas à la réception. Les milieux de la présidence de la Chambre soulignent à ce propos que M. Berry a adopté une telle attitude parce qu’il désire éviter, désormais, de se trouver en présence, à la fois, du président Hraoui et de M. Hariri. Une façon comme une autre pour M. Berry de confirmer que la troïka n’existe plus...
Un tel comportement jusqu’au-boutiste de la part du chef du Législatif intervient après les débats houleux qui ont marqué au cours des derniers jours les séances parlementaires consacrées à l’examen du projet de budget 1997. Ces débats ont permis de mettre en évidence la vive tension dans les rapports entre MM. Berry et Hariri. Une tension due vraisemblablement à des tiraillements en rapport avec les nominations au niveau de certains postes de première catégorie. Le différend entre le président Hraoui et M. Berry porte, en outre, sur les amendements constitutionnels préconisés par le chef de L’Etat afin de rééquilibrer quelque peu les prérogatives de la présidence de la République face aux autres pôles du pouvoir.
Les positions en flèche adoptées dans ce cadre par le chef du Législatif ainsi que par divers autres ténors de l’opposition parlementaire ont été implicitement critiquées hier par le président Hraoui. Evoquant les récentes diatribes verbales dont a été le théâtre le pays au cours des derniers jours, le chef de l’Etat a souligné, sur un ton ironique, que «le Liban aurait été l’un des pays les plus prospères si la parole contribuait à la prospérité». «Lancer des propos d’une manière irresponsable revient à mettre en péril la démocratie, a déclaré le président Hraoui. Comment l’Etat pourrait-il se remettre sur pied lorsque des responsables au sein même ou à l’extérieur du pouvoir s’emploient à saper l’Etat et à porter atteinte à la confiance dans cet Etat».
Et le président Hraoui de poursuivre: «Tout ce que vous critiquez devrait être d’abord vérifié afin de faire la part des choses car autrement, l’attitude adoptée risque d’être plus nuisible que la corruption. Vous ne devez pas être tentés par les comportements qui réduisent la patrie à des tiraillements confessionnels ou à une politique d’axes à caractère sectaire. Nous n’avons pas mis fin à la guerre contre la patrie pour nous engager dans une guerre contre l’Etat. Nul n’ignore que la guerre ne s’est déclenchée que lorsque l’Etat a été paralysé. La paix civile ne sera consolidée que par l’édification de l’Etat».
«Nous n’aurions pas pu réaliser la paix à l’échelle nationale si nous n’avions pas unifié nos positions à l’égard des problèmes cruciaux, a poursuivi le président Hraoui. C’est grâce à votre unité et à la solidarité entre vous que nous pourrons répondre aux aspirations de la population. Le sang de nos jeunes, de toutes les régions et de toutes les confessions, n’a pas encore séché. Le grand défi auquel nous sommes confrontés est l’édification de l’Etat. Le pays tente toujours, jusqu’à présent, de faire face aux visées de l’extérieur. Le développement du système (politique) et le renforcement de la vie démocratique constituent désormais un besoin impérieux».
Evoquant, par ailleurs, la conjoncture régionale, le président Hraoui a souligné que «le processus de paix est arrivé à un tournant crucial». «Nous ne nous laisserons pas impressionnés par les manœuvres, les agressions et les offres de marchandage, a affirmé le chef de l’Etat. L’important n’est pas de relancer ou non les négociations. La solution réside à notre avis dans l’application de la résolution 425 et dans le recouvrement de notre souveraineté totale». En conclusion, le président Hraoui a souligné que le Liban ne saurait faire les frais du processus de paix pour servir les intérêts d’une tierce partie.
L’iftar que le président Elias Hraoui a offert hier soir au palais de Baabda devait fournir l’occasion de décrisper quelque peu l’atmosphère, particulièrement tendue, entre les pôles du pouvoir. En réalité, il a mis en relief les lourds contentieux qui continuent d’hypothéquer la vie politique dans le pays. L’iftar s’est caractérisé, en effet, par deux absences...