Aujourd’hui elle fait éditer par «Cariscript» deux pièces de prose poétique empreintes de la nostalgie, du Caire (et de l’Egypte) où elle est née et de Beyrouth où elle a vécu. Cortège de vacarme, de sensations, de parfums, de saveur, de couleurs...
«Arabesques» (77 pages) est un carnet de notes où l’auteur épingle en petits paragraphes aux phrases chantantes, traversées de méditations sur la vie et les êtres, des images restées vives dans sa mémoire, pleines de lumières sur l’Egypte de la fin des années cinquante.
Bruissante, agitée, grouillante, populeuse, colorée, la capitale égyptienne demeure une ville magique où opèrent sans conteste le charme oriental et l’«aura» d’une civilisation pharaonique... Hymne et hommage touchants à un peuple, à un pays, tel se présente l’énoncé de Christiane Saleh qui décrit avec émotion, au gré des saisons, ces femmes voilées, ces vendeurs de confiserie et leurs castagnettes en cuivre, ces palmeraies, ces felouques qui glissent sur le Nil. Sortilèges d’une terre ancestrale que les mots tentent de capter dans les rets d’une prose au lyrisme appuyé.
«Le dernier tramway» (119 pages) est un texte foisonnant de personnages divers parfois décrits avec soin, parfois liquidés en deux coups de plume, mais en réalité le seul vrai personnage de ce récit, comme le titre l’indique d’ailleurs, c’est le tramway. Ceux qui ont connu le Beyrouth d’antan se souviennent probablement de cette machine aux tintements aigus.
Elle laisse à tous ses usagers d’antan une foule de souvenirs... Prétexte pour Christiane Saleh de broder un récit où s’entremêlent, en douce, plusieurs destins, plusieurs personnages décrits avec compassion et chaleur. Tableaux contant sur un ton lyrique les faits et les méfaits du petit peuple, ses aspirations et ses déceptions, sa grandeur et ses misères... Précarité et fragilité de la vie comme ce passage d’un tramway éphémère qui traverse une ville, une période avant de sombrer dans l’oubli... Par petites touches enrobées de poésie, par phrases simples, avec des personnages croqués sur le vif ou jaillis de l’imaginaire, l’auteur brosse un portrait ému du dernier tramway, vestige d’une époque révolue...
E.D.
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