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Actualités - CHRONOLOGIE

Championnats du monde (Sestrières) : Luc Alphand dans son jardin

SESTRIERES (Italie), 31 Janvier (Reuter). — Sur la piste où il fut sacré champion du monde juniors en 1983, Luc Alphand tentera de remporter une, voire deux médailles mondiales qui couronneraient un parcours singulier.
Le meilleur descendeur français pourrait disputer, lors des championnats du monde qui débutent lundi à Sestrières, sa dernière grande compétition s’il confirme son intention de mettre un terme à sa carrière à la fin de la saison.
«Si je gagne une nouvelle coupe du monde de descente ou une médaille à Sestrières, j’arrête» affirmait-il en décembre. Mais en janvier, il disait vouloir se «donner le temps de prendre une décision mûrement réfléchie».
Le Super-G, prévu lundi, et la descente inscrite au programme samedi, offriront à Luc Alphand l’une des dernières opportunités de combler une lacune de son palmarès qui ne compte qu’une médaille mondiale, celle de bronze remportée l’année dernière dans la descente de Sierra Nevada.
Cette année, fort d’un début de saison au moins comparable à celui qu’il réalisa en 1995, avec quatre victoires à son compteur (les descentes de Val Gardena, Bormio, Kitzbuehel et le Super-G de Laax), il aborde le rendez-vous italien avec plus de sérénité.
«Je ne me suis jamais senti bien en Espagne lors des derniers championnats du monde. Par contre, Sestrières, j’ai l’impression que c’est chez moi. C’est à 35 kilomètres seulement de la maison», explique le skieur de Serre-Chevalier.
En outre, la Banchetta Nasi, la piste de vitesse italienne, n’a rien à voir avec celle de Sierra Nevada, balayée par les vents, peu technique et favorable aux gros gabarits.
«Cette piste, je la connais, et elle me plaît, raconte le double vainqueur de la Coupe du monde de descente. Elle m’est familière avec ses mélèzes qui la bordent. Je me souviens de tous ses virages. Même si je n’ai pas couru dessus depuis très longtemps, quelque part en moi, elle est imprimée».

C’est en 1989 qu’eut lieu la dernière épreuve de Coupe du monde sur cette piste, un Super-G dont Alphand prit la sixième place.

Serein mais méfiant

A Sestrières, le Français devrait cumuler les avantages du régional de l’étape sans en subir les inconvénients. Ce sera en effet son rival italien Kristian Ghedina, vainqueur de trois courses cette saison, qu’attendront les tifosi dans la descente.
Cet environnement favorable, ajouté à l’époustouflante forme du leader de la Coupe du monde de descente, laisse présager le meilleur. Mais Alphand, en près de quinze ans de carrière, a appris à se méfier des pronostics.
«La descente mondiale, note-t-il, c’est évidemment mon objectif, mais c’est aussi la course d’un jour.» Et il ne cache pas son peu de goût pour ce genre de quitte ou double.
«Continuer pour aller jusqu’aux Jeux olympiques de Nagano en 1998, c’est refaire une saison complète d’efforts et de sacrifices pour tout risquer sur une course, estime-t-il. Je ne sais pas si j’en ai encore envie, même si je prends toujours le même plaisir à skier».
S’il a rompu avec son sombre passé le 14 janvier 1995, date de sa première et double victoire en Coupe du monde à Kitzbühel, Alphand n’oublie pas qu’il fut longtemps surnommé «le chat noir» par ses coéquipiers français.
Pour sa propension à aller, comme il dit, «manger de la neige» au péril de son anatomie, mais aussi à cause de ces podiums manqués pour un centième de seconde comme ce fut le cas en 1993, dans la descente des championnats du monde à Morioka (Japon).
«Désormais, poursuit-il, je me connais, je sais que je peux gagner mais je sais aussi que je peux rater une course». Il en fit d’ailleurs l’expérience à la mi-janvier, en commettant une grosse erreur dans la descente de Chamonix dont il prit tout de même la cinquième place.
«Le pire est derrière moi. Mais le pire peut se reproduire à tout moment. Je me suis fait une grosse frayeur», déclarait-il à l’arrivée de cette course où il faillit chuter, évoquant les multiples blessures, qui, de sa fracture du bassin et de la cuisse en 1987, à l’arrachement des ligaments d’un genou en 1993, l’ont empêché de connaître le moindre succès avant l’âge de 29 ans.
La peur de la blessure — renforcée par le grave accident de son camarade de chambrée Adrien Duvillard, le 17 janvier à Wengen — ajoutée à l’envie de mener enfin sa vie de père de famille auprès de sa femme et de ses deux enfants, pourrait pousser Luc Alphand à ne plus provoquer trop longtemps cette chance qui le suit après l’avoir tant fui, à tenter de finir en beauté à l’endroit même où tout a commencé.
SESTRIERES (Italie), 31 Janvier (Reuter). — Sur la piste où il fut sacré champion du monde juniors en 1983, Luc Alphand tentera de remporter une, voire deux médailles mondiales qui couronneraient un parcours singulier.Le meilleur descendeur français pourrait disputer, lors des championnats du monde qui débutent lundi à Sestrières, sa dernière grande compétition s’il confirme son...