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Actualités - ANALYSE

Troïka, épisode "Post Mortem" : on joue à mâlin et demi...

De la discussion jaillit la lumière. Et des débats de la Chambre une lueur d’espoir politique pour le camp loyaliste déchiré par les querelles intestines. De la guerre froide, on semble en effet passer à une tiède détente. Une sorte d’attitude composée d’acteurs qui, par leur souci tout neuf de promouvoir l’esprit institutionnel, rejoignent forcément une certaine neutralité de ton et transcendent en apparence leurs mutuels ressentiments.
A tout seigneur tout honneur: Place de l’Etoile, c’est M. Nabih Berry qui a donné le la, lors de l’oraison funèbre qu’il a prononcée à l’ouverture des débats pour feue Dame Troïka. L’enterrant peut-être un peu trop vite (car la regrettée vit toujours dans ces mentalités partageuses dont elle est fille), il a répété que la praxis institutionnelle doit prendre le pas, promettant que, désormais, la Chambre jouerait pleinement son rôle de censeur des actes gouvernementaux comme de législateur, sans faire complaisamment passer des projets qui ne lui plairaient pas ou qui seraient entachés d’irrégularités.
Dans un autre pays, on aurait eu très certainement la curiosité de demander à l’orateur quelles sont au juste les couleuvres que l’Assemblée a pu avaler antérieurement sans trop y regarder... Mais là, tout le monde semblait trop content de l’aspect positif du propos pour pinailler... Même l’opposition se réjouit du soutien que, par attitude néo-institutionnaliste,le chef du Législatif apporte à la proposition Hoss de former une commission d’enquête parlementaire sur les accusations de protection concussionnaire lancées contre la troïka par certain président...
«Il est cependant évident, note un des incorrigibles contempteurs du système, qu’on voit avant tout dans une telle commission un moyen d’enterrer la scandalite encore plus profondément que la troïka, qui garde de bonnes chances de ressusciter un jour ou l’autre, sous prétexte de «coopération» entre les pouvoirs, principe effectivement recommandé par Taëf». Et d’ajouter que, «soucieux de ne pas lancer le bouchon trop loin, le Parlement se refuse à prendre l’initiative d’une loi qui soumettrait les caisses et les conseils autonomes, nids de gaspillage, à un contrôle comptable préalable et non ultérieur comme cela se pratique, du reste sans trop de sévérité... Ces organismes pourront donc continuer à passer les contrats les plus fantaisistes comme ils veulent, sans les soumettre à la Cour des comptes, et l’hémorragie financière se poursuivra».

L’appareil des lois

Allant plus loin dans ce sens, des sources proches de Baabda affirment que «l’on doit édicter des lois condamnant des délits qui sont encore ignorés par le code et renforçant considérablement les batteries de sanctions qui frappent les pourris de l’Administration comme de la caste politique, pour mettre un terme aux détournements de deniers publics et améliorer un peu l’état de santé du Trésor».
Une indignation qui fait un peu sourire un vieux routier de la politique. «Il est douteux qu’un pouvoir, Exécutif et Législatif confondus, qui est responsable au premier chef de la décadence étatique, se décide à nettoyer les écuries d’Augias. Personne n’a vraiment intérêt à ce que l’on déballe «les dossiers», comme ces messieurs baptisent pudiquement les scandales étouffés. Dès qu’une tentative est faite dans ce sens, on se récrie que tout tapage nuit à l’image de marque du Liban, affecte son crédit extérieur et lui porte un coup sévère sur le plan économique. On a vu ainsi des Saint-Just genre Wakim ou Khatib accusés de vouloir nuire au pays par leurs philippiques contre les égarements des responsables. Le plus probable, c’est qu’après avoir calmé le jeu entre les présidents, du moins sur le plan médiatique, on va maintenant s’efforcer d’en normaliser les relations... Et alors, rebonjour la troïka!»
Peut-être, peut-être pas. Ce qui est certain, c’est que l’arrêt des bombardements est respecté pour le moment de part et d’autre. Des sources informées croient ainsi que «le président Rafic Hariri a décidé de geler la valse des directeurs généraux qui avait fait pousser les hauts cris au président de l’Assemblée». Un geste qui fait hausser les épaules aux partisans de M. Berry; «en tout cas, soulignent-ils, la mesure envisagée en Conseil des ministres est entachée d’irrégularités multiples et la Chambre, qui doit voter la loi, l’aurait rejetée sans coup férir. Il n’y a donc là aucun cadeau qu’on nous fait...»
Ces propos montrent l’ampleur du climat d’amitié qui règne au sein de la République. Des camarades.
P.A.-A.
De la discussion jaillit la lumière. Et des débats de la Chambre une lueur d’espoir politique pour le camp loyaliste déchiré par les querelles intestines. De la guerre froide, on semble en effet passer à une tiède détente. Une sorte d’attitude composée d’acteurs qui, par leur souci tout neuf de promouvoir l’esprit institutionnel, rejoignent forcément une certaine...