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Actualités - OPINION

Vient de paraître La poésie de Rima Rahbani : telle une chanson feyrouzienne.

Une plaquette à la couverture rouge vif, où la poésie revêt l’allure des mots nimbés de lumière d’une chanson feyrouzienne... D’ailleurs on n’est guère loin de cette atmosphère, de cette famille. L’affiliation de la poésie de Rima Rahbani est claire et évidente: fille d’Assi Rahbani, son inspiration est à l’image de ce verbe aux murmures soyeux et délicats qui a jeté un voile de rêve et de magie surtout d’opérettes. Edité par Dar An Nahar, préfacé par Akl Awit, «Fajaatan» (Soudain....) 78 pages est un chant d’amour pour un père disparu. Avec des vocables simples, aux sonorités feutrées à un langage prosaïque, quotidien usuel, d’un arabe dialectal «poétisé» l’enfant s’adresse à l’adulte cruellement absent. Poésie incluant confidences voilées, méditations et réflexions douces-amères sur la comédie de la vie et ses multiples mensonges. Préoccupation de la fuite du temps, tristesse au cœur, interrogations plus séduisantes que les réponses, insistance à comprendre le pourquoi des «choses», d’une blessure terrible, voilà le fil d’Ariane dans ce dédale de sentiments confus et confondants d’un ouvrage écrit pour se retrouver. Retrouver surtout les traces de ce père qui a ponctué tous les événements d’une enfance radieuse où les images se télescopent: ces images justement qui «emprisonnent les visages et les sensations»! Est-ce déférence, pudeur, mystère ou crainte si Rima Rahbani ne nomme jamais ce père si présent sous sa plume? En termes émouvants, dans une musicalité diaphane et légère, elle formule son «deuil» qui est en fait un injuste accroc dans tout parcours humain et fait revivre le passé sans pour autant abdiquer de son droit au futur, à l’espoir, au bonheur... En somme, l’auteur fait ses gammes en poésie...
Et pourtant comment oublier ces accents chavirants d’une fille qui ferme les vitres et les portes de peur que l’odeur même de son père ne s’en échappe? Ecoutons-la plutôt se débattre avec ces fantômes plus vivants que les vivants: «je sens que tu m’attends à chaque fois que j’ouvre la porte. Mais j’ai peur qu’un jour, à force de m’attendre, ton odeur ne se lasse et ne s’échappe de cette pièce pour te rejoindre...».
Avec des mots simples, par un souffle chaleureux, sur un rythme mesuré, telle une complainte ou une berceuse aux nuances tout en finesse, cet hymne à la vie qui craint la mort est un authentique chant libératoire qui a la fraîcheur et la gravité des premières innocences...
Edgar Davidian
Une plaquette à la couverture rouge vif, où la poésie revêt l’allure des mots nimbés de lumière d’une chanson feyrouzienne... D’ailleurs on n’est guère loin de cette atmosphère, de cette famille. L’affiliation de la poésie de Rima Rahbani est claire et évidente: fille d’Assi Rahbani, son inspiration est à l’image de ce verbe aux murmures soyeux et délicats qui...