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Actualités - CHRONOLOGIE

Le dossier sera examiné lundi Le parquet militaire se pourvoit contre la décision du juge Talih de libérer Atallah

Seule personne encore en état d’arrestation, à la suite des interpellations des deux dernières semaines, notre confrère d’«An-Nahar» Pierre Atallah passera encore quelques jours dans sa cellule au siège du Tribunal militaire. Certes, Atallah y est bien traité, grâce notamment aux instructions données en ce sens par le commissaire du gouvernement près la Cour de cassation militaire, M. Nasri Lahoud, mais rien ne vaut sans doute la liberté, une liberté retardée pour des raisons officiellement dites de procédure.
En effet, le premier juge d’instruction militaire, M. Riad Talih, chargé de ce dossier, a autorisé hier la remise en liberté de Pierre Atallah. Mais le parquet militaire, en la personne du juge Myassar Chokor, a décidé de se pourvoir en cassation. Et comme la Cour de cassation n’est pas encore formée, elle ne peut donc statuer pour l’instant sur la demande de remise en liberté. Mais, grâce aux efforts des instances concernées, et notamment de l’avocat de Atallah, Me Boutros Harb, le ministre de la Défense, M. Mohsen Dalloul, formera dès aujourd’hui cette cour qui pourra ainsi se réunir lundi. La Cour de cassation militaire est présidée par le juge Amine Abou Nassar et elle est formée de quatre officiers.
Quant à Me Harb, il a fait hier l’éloge du juge Talih, précisant que sa position conforte la confiance des citoyens dans la justice et montre que celle-ci demeure le véritable recours pour redonner à chacun ses droits et préserver le respect des libertés.
Mais pourquoi le parquet militaire a-t-il jugé bon de se pourvoir en cassation? Selon le commissaire du gouvernement près la Cour de cassation, dans les affaires délicates comme celle-ci, il ne peut agir autrement, car il est préférable que ce soit la Cour de cassation militaire (qui est la plus haute instance judiciaire militaire) qui prenne les décisions.

Le cas de
Ghassan Bardawil

Comment expliquer, dans ce cas, la remise en liberté de Ghassan Bardawil — interpellé dans le cadre de la même affaire — en dépit du fait que le parquet militaire avait interjeté appel contre la décision du juge d’instruction? M. Riad Talih précise qu’il n’avait pas émis de mandat d’arrêt à l’encontre de Bardawil et, dans ce cas, le recours introduit par le parquet ne bloque pas la décision du juge. Par contre, dans le cas de Atallah, il y a eu un mandat d’arrêt. Si la Cour de cassation militaire se réunit donc lundi et décide d’autoriser la remise en liberté de notre confrère, celui-ci sera relâché en contrepartie d’une caution financière d’un million de livres (100.000 pour les taxes et 900.000 qui seront remboursées à la clôture de l’affaire) et à la condition expresse de se présenter devant le tribunal lorsqu’il sera convoqué.
Ainsi, sa remise en liberté ne signifie pas la clôture du dossier et le premier juge d’instruction pourrait bien décider d’élargir son enquête et d’entendre de nouveaux témoins avant de publier un acte d’accusation, déférant Atallah devant le Tribunal militaire.
Sur la base de quelles charges? Le premier juge d’instruction militaire préfère rester discret sur ce point, pour l’instant, tout en évoquant certaines activités jugées suspectes. «Tout sera dévoilé en temps voulu, dit-il. Aujourd’hui, ce qui compe c’est de faciliter la remise en liberté de Atallah, car c’est un journaliste et il ne risque pas de s’enfuir».
Arrêté le 23 décembre, Atallah a d’abord passé quelques jours au ministère de la Défense, avant d’être transporté au siège du Tribunal militaire. Les membres de sa famille, ainsi que ses collègues journalistes lui rendent régulièrement visite, grâce à des formalités allégées. D’ailleurs, Pierre Atallah a lui-même confié hier qu’il était bien traité et qu’il n’avait été soumis à aucune contrainte physique, ni à Yarzé ni au Tribunal militaire. Il a même précisé qu’ayant été victime d’un malaise alors qu’il se trouvait à Yarzé, il a été aussitôt transporté à l’hôpital militaire. Après cela, un médecin l’examinait régulièrement, dans le cadre de la tournée qu’il effectuait tous les matins auprès des personnes interpellées. Atallah a répété qu’il est bien traité, surtout depuis qu’il est au bâtiment du Tribunal militaire. Mais il a quand même hâte de sortir...

S.H.
Seule personne encore en état d’arrestation, à la suite des interpellations des deux dernières semaines, notre confrère d’«An-Nahar» Pierre Atallah passera encore quelques jours dans sa cellule au siège du Tribunal militaire. Certes, Atallah y est bien traité, grâce notamment aux instructions données en ce sens par le commissaire du gouvernement près la Cour de cassation...