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Actualités - REPORTAGE

Une nouvelle discipline scientifique à l'USJ La télédetection, ou la carte Satellite... (photo)

La télédétection, ou détection à distance, c’est l’étude, l’analyse et la cartographie des images prises par satellite. La télédétection est au carrefour des sciences de l’espace, de la physique pure et de l’informatique. Les pionniers en la matière au Liban sont le département de géographie, section aménagement du territoire, et le département des lettres et sciences humaines de l’USJ qui, depuis octobre 1996, ont ouvert aux étudiants, aux professionnels ou aux entreprises un laboratoire équipé de deux ordinateurs et une station de travail «SUN» reliée à une imprimante HP 755 CM format AO, parallèlement à des logiciels sophistiqués de traitement d’images. Il a pour but de former à la télédétection les étudiants en licence d’aménagement du territoire. Les étudiants venant d’autres formations scientifiques peuvent suivre l’unité de valeur de télédétection pour 560.000 L.L. par an. L’initiation accueille aussi biologistes, géographes, pédologues, agronomes, urbanistes, géologues, hydrologues, ingénieurs forestiers ou de génies civils et informaticiens.
Les sessions d’une durée de sept ou dix jours, pour 50 ou 75 dollars, se déroulent en octobre et en février de 17 heures à 19 heures, à la faculté de géographie de l’USJ...
Côté fonctionnement, tout se base sur des images prises par le satellite français SPOT et le satellite américain Landast, numérisées, puis vendues au public. Elles atterrissent donc dans le lecteur de CD ROM du laboratoire. Le secret défense est bien préservé car, contrairement aux satellites militaires qui possèdent une acuité de quelques centimètres (ils peuvent déchiffrer les plaques numéralogiques des voitures), les images renvoyées par les satellites civils ont une résolution de dix mètres sur dix seulement.
Les deux stations de réception satellite couvrant notre pays sont situées en Arabie Séoudite, à Riyad (station créée en octobre 1990) et en Israël, à Tel-Aviv (station créée en 1991). De par sa proximité, c’est la station de Tel-Aviv qui assure la meilleure couverture de notre territoire. Bien évidemment, les images de la zone occupée sont occultées par les Israéliens et ne sont pas mises à la disposition du public. Le laboratoire exploite cependant les images libres qu’il remet constamment à jour par ordinateur pour effectuer diverses études sur la santé physique et géologique de notre pays.
La télédétection offre, on s’en doute, d’énormes avantages par rapport à la photographie aérienne. Elle permet la couverture de régions inaccessibles, soit parce qu’elles sont interdites de survol pour des raisons militaires, soit que le coût d’un survol aérien reviendrait trop cher.
Le deuxième avantage de la télédétection est la répétitivité, c’est-à-dire qu’un satellite passe à intervalles réguliers au-dessus d’un même point, cet intervalle variant entre 18 et 26 jours suivant les satellites, ce qui permet de faire une étude diachronique et d’assurer le suivi de plusieurs phénomènes tels que la croissance urbaine, l’irruption d’un volcan etc.
Etant donné que les images du satellite ne sont pas prises sur format papier mais qu’elles sont enregistrées sous forme numérique, il est possible de les manipuler, de jouer avec les contrastes, d’isoler des informations, de faire des calculs statistiques, des calculs de superficie et de réutiliser ces données autant de fois que nécessaire.

Applications

La télédétection permet de faire un inventaire des ressources naturelles d’une région, de l’occupation du sol, un inventaire post-catastrophe, des statistiques agricoles ou de densité de population.
Elle permet également d’établir des diagnostics sur l’état des lieux, l’état de la végétation, ou sur les zones sensibles, propices ou non propices à un aménagement quelconque.
Il est également possible d’évaluer l’évolution de la pollution, de la dégradation d’un milieu naturel, de faire une prévision de récoltes, etc.
A partir des informations stockées dans l’ordinateur, et suivant les manipulations effectuées, des cartes topographiques, thématiques, des modèles numériques de terrain, des spatio-cartes, peuvent être tirés sur papier à volonté.
Combinée avec des SIG (Systèmes d’informations géographiques), la télédétection permet de cerner des zones d’intervention, de dresser des plans d’aménagement, de simuler virtuellement, par exemple, le passage d’une autoroute entre deux points donnés sur un modèle numérique de terrain, afin de trouver le passage occasionnant le minimum de dégradation du paysage, de pollution par le bruit. A l’échelle libanaise, la télédétection permet de surveiller la dégradation du littoral libanais en élaborant des cartes de 1/25000, de mesurer la croissance de la pollution urbaine, d’établir un diagnostic sur des zones sujettes à des feux de forêts en calculant le degré de sécheresse d’une zone et en cartographiant les alentours, avec les routes d’accès, afin de mieux gérer la protection et l’intervention en cas d’incendie. Il est également possible d’établir la cartographie des failles sismiques, de repérer les zones à risque et les zones actives, de faire une étude sur l’évolution des carrières et des dégradations environnementales occasionnées, de faire une étude sur la biodiversité animale et végétale avec un inventaire des espèces, des habitants fauniques et des zones à protéger en vue, par exemple, d’une qualification écologique et paysagère des espèces concernées.
L’apport de la télédétection est également sans prix dans l’étude du couvert neigeux afin d’évaluer les réserves en eau ou encore pour faire de l’archéologie depuis l’espace (actuellement une équipe italienne est en train de rechercher des vestiges archéologiques dans la Békaa, à partir d’images satellitaires).
Un des exemples de l’application de la télédétection à l’archéologie est la découverte, dernièrement, d’une ancienne ville au sud de l’Etat d’Oman. Les clichés ont révélé l’existence de pistes convergentes, d’anciennes routes empruntées par les caravanes du désert, invisibles depuis le sol. Une équipe d’archéologues s’est rendue sur les lieux pour y découvrir des ruines au point de jonction de ces pistes. On pense qu’il s’agit d’Ubar, une ville disparue, décrite par T.E. Lawrence (Lawrence d’Arabie) comme l’Atlantide des sables. Avec un outil tel que la télédétection, plus rien ne peut justifier un aménagement brutal du territoire, un développement sauvage faisant fi de la nature et de l’environnement.
Mayane CHOUCAIR
La télédétection, ou détection à distance, c’est l’étude, l’analyse et la cartographie des images prises par satellite. La télédétection est au carrefour des sciences de l’espace, de la physique pure et de l’informatique. Les pionniers en la matière au Liban sont le département de géographie, section aménagement du territoire, et le département des lettres et...