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Actualités - REPORTAGE

Pour le cinquantenaire de la disparition du poète Elias Abou Chabaké : retour aux sources de Zouk... (photos)

A Zouk, une ancienne demeure bourgeoise à la façade restaurée, aux volets bleus fraîchement repeints, se dresse fièrement en bord de route au niveau de la statue — nouvellement installée — d’Elias Abou Chabké. C’est la maison du poète, que la municipalité a rénovée pour en faire un musée dédié à l’inoubliable auteur de «L’appel du cœur» et des «Vipères du Paradis». A l’occasion du cinquantenaire de sa mort, une foule nombreuse a envahi les lieux où il vécut pour lui rendre un vibrant hommage. La cérémonie a eu lieu, hier matin, en présence du ministre de la Culture, M. Faouzi Hobeiche, représentant le président de la République, de l’ancien président M. Charles Hélou, président du comité d’honneur du Musée Abou Chabké, du ministre des Affaires étrangères et natif de la région, M. Farès Boueiz, ainsi que d’un grand nombre de personnalités du monde politique et culturel.
A l’intérieur de ce qui fut la maison du poète de Zouk, les peintures murales ont repris leur tracé et leurs couleurs d’origine. Au salon, les arcades de la porte-fenêtre aux vitres dentelées font face à un cliché photographique agrandi de l’ancien maître de céans. Toutes les autres pièces sont nues. En guise d’introduction, M. Henri Zogheib, du Centre culturel de Zouk, passe en revue certains épisodes marquants de la vie d’Elias Abou Chabké. Sa naissance en 1903 à Providence aux Etats-Unis, le décès de son père alors qu’il n’avait que 8 ans, ses dix ans de fiançailles avec celle qui devait devenir son épouse Olga, sa passion brûlante pour Hadia «la chanteuse brune», ses amitiés avec César Gemayel et Mikhaël Neaïmé et sa rencontre avec son ultime grand amour Leyla. A la lecture des fragments de sa correspondance, on découvre l’humour sous-jacent du poète, qui porte sur les menus incidents de sa vie un regard plein de dérision. Et, soudainement à l’évocation de ces tranches de vie, relatées souvent sur le mode anecdotique, la présence du poète emplit les lieux.
Elias Abou Chabké marquera d’ailleurs l’année de sa présence. En effet, suite à la requête du Centre culturel de Zouk, le président de la République M. Elias Hraoui a déclaré «1997, année d’Elias Abou Chabké» et le Conseil des ministres a décrété l’émission d’un timbre postal à l’effigie du poète.

Activités

Dans son mot de circonstance, le président de la municipalité de Zouk, Me Nouhad Naufal, a décrit l’état de désertion et de délabrement dans lequel se trouvait la maison avant que la municipalité ne décide de l’exproprier et de la réaménager en musée. «Il était alors question de la démolir pour ériger à la place un immeuble. Nous avons donc entrepris de la retaper. L’architecture, les peintures et fresques murales, le dallage, la couleur des portes et des volets, tout a été remis dans l’état dans lequel se trouvait la maison du vivant du poète. Puis nous avons constitué le comité d’honneur de ce musée». Auparavant, a rappelé M. Naufal, «nous avions déjà donné le nom du poète à l’école publique de Zouk ainsi qu’à la bibliothèque municipale».
Le président de la municipalité a, par ailleurs, déclaré que «les effets personnels du poète ainsi que ses écrits seront exposés dans une partie de la demeure. Tandis qu’il reviendra aux membres du comité de déterminer les projets d’aménagement et d’utilisation des pièces vacantes». Il a ensuite énuméré les trois principales étapes de la célébration du cinquantenaire de la mort de Abou Chabké. «Mis à part l’inauguration, aujourd’hui, de la maison et le lever du voile sur la sculpture du poète réalisée par Pierre Karam, nous préparons pour juin un festival de poésie qui réunira des poètes libanais et d’autres des pays arabes. Ensuite, nous clôturerons l’année en janvier prochain à la même date par l’ouverture effective du musée. Entre-temps, de nombreuses activités se tiendront tout au long de l’année. Ainsi, une journée Abou Chabké sera instituée dans toutes les écoles. Il y aura projection de films documentaires sur sa vie et son œuvre. «Majnoun», tiré du parcours de Abou Chabké, sera joué sur les planches. Des réunions poétiques, musicales et artistiques inspirées des œuvres du poète sont également au programme ainsi que des conférences et débats autour de ses écrits. Des concours auront lieu dans les écoles secondaires, les facultés de Lettres et les académies des Beaux-Arts. L’ensemble de ces activités est placé sous le patronage du président de la République».
Prenant à son tour la parole, l’ancien président Hélou a rendu hommage au «poète romantique qui a marqué sa génération ainsi que la poésie contemporaine. Elias Abou Chabké était un être passionné qui a su admirablement exprimer dans ses vers les affres de l’amour. C’est pourquoi, il restera à jamais le maître du sentimentalisme dans la poésie moderne».
Quant au ministre de la Culture M. Faouzi Hobeiche, il a transmis aux organisateurs de cette manifestation les félicitations du chef de l’Etat. Il a par ailleurs expliqué que le ministère n’entend pas exercer un pouvoir de tutelle mais cherche plutôt à apporter son soutien aux manifestations culturelles. «Parce que le dirigisme étouffe toute créativité et que la tutelle abolit la liberté», a-t-il déclaré, poursuivant: «En tant que résident de Zouk, je suis depuis des années l’évolution de ce village, au niveau tant de l’humain que du culturel et de l’environnemental. Le fait de se retrouver aujourd’hui dans ce lieu encore marqué de l’aura d’un grand poète est un véritable bonheur et une grande fierté. En espérant que ce lieu sera un phare culturel qui permettra aux artistes et aux intellectuels de se rencontrer».
Enfin, c’est au son de l’hymne de Zouk — composé par Elias Rahbani, paroles d’Henri Zogheib — et sous le fanion de Zouk, que le ministre Hobeiche a levé le voile qui recouvrait la statue du poète. Elias Abou Chabké est alors apparu, surgissant de la pierre, dans l’attitude du penseur, le regard dirigé vers sa maison...

Zéna ZALZAL
A Zouk, une ancienne demeure bourgeoise à la façade restaurée, aux volets bleus fraîchement repeints, se dresse fièrement en bord de route au niveau de la statue — nouvellement installée — d’Elias Abou Chabké. C’est la maison du poète, que la municipalité a rénovée pour en faire un musée dédié à l’inoubliable auteur de «L’appel du cœur» et des «Vipères...