«Au huitième étage d’un hôtel parisien, vit un homme seul. Un ancien ministre de l’Intérieur. Depuis dix ans, Raymond Eddé, grande figure de la politique libanaise, occupe une suite du Queen Elizabeth, avenue Pierre 1er de Serbie. Avant, de 1977 à 1987, il était pensionnaire du Prince-de-Galles, tout à côté.
«Raymond Eddé est triste aujourd’hui. Il a perdu Titine, sa palombe. Sa belle palombe brune, au collier blanc.
«Longtemps, Titine est venue frapper, tous les jours, au carreau. Raymond Edddé l’accueillait avec l’élégance d’un homme seul qui sait s’entourer. Titine grignotait quelques graines, puis partageait la lecture de la presse sur l’épaule de son complice. Elle l’aidait à rêver de paix au Liban.
«Quand les armes se sont tues à Beyrouth, Titine s’est envolée. A jamais. Comme si l’Histoire et l’anecdote s’étaient donné rendez-vous au huitième étage du Queen Elizabeth. Titine savait-elle lire?
«Superstitieux, «comme tous les Orientaux», dit-il, Raymond Eddé a l’humeur chagrine. Est-ce un mauvais présage? Titine est peu-être morte. Titine a-t-elle cru aux sirènes de la réconciliation libanaise? Il l’avait pourtant mise en garde: tout n’est pas encore réglé là-bas, loin s’en faut.
«A 83 ans, le vieil homme, qui reçoit tous les dimanches dans son salon, entre 11h30 et 14 heures, souhaite des jours meilleurs pour rentrer. Alors, Titine, si tu l’entends encore, lorsque ce moment sera venu, n’oublie pas de voler le lui annoncer. Devant ta photo, M. le ministre t’attend».
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