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Actualités - CHRONOLOGIE

Exposé en commission sur les résultats de la conférence de Washington Les explications du gouvernement n'ont pas convaincu tous les députés (photo)

Beaucoup de satisfaction mais beaucoup de scepticisme aussi. C’est ainsi qu’il est possible de résumer la réaction des députés — membres de la commmission parlementaire des Affaires étrangères — à l’exposé que le gouvernement a fait des résultats de la conférence des «Amis du Liban» qui s’était tenue le 16 décembre dernier à Washington. Si les parlementaires n’ont pas contesté les résultats politiques du forum international sur le Liban, exposés par le chef de la diplomatie, M. Farès Boueiz, il n’en demeure pas moins que pour une grande partie d’entre eux, l’importance économique du forum restait vague. La réunion de la commission s’est achevée et beaucoup de députés en étaient encore à se demander si les engagements internationaux de financer des projets de reconstruction et de développement au Liban pouvaient être considérés comme une nouveauté ou s’il s’agit d’anciens engagements consacrés dans la capitale américaine et qui, en définitive, ne dépassent pas le cadre de promesses formulées.
Une confusion que l’Exécutif a rejetée, la jugeant tout à fait injustifiée. C’est ce qui a d’ailleurs poussé le ministre d’Etat pour les Affaires financières, M. Fouad Siniora, à faire remarquer avec humeur: «Ceux qui ne veulent pas comprendre ne comprendront jamais». Les députés loyalistes se sont abstenus de tout commentaire sur la véritable dimension économique de la conférence, alors que dans les milieux de l’opposition, on exprimait des réserves plus ou moins vives suivant qu’on est modérément ou farouchement opposé à la politique économique du gouvernement. Dans un souci évident de faire la part des choses, le député Tammam Salam a estimé qu’il faut du temps avant que tout ne soit clarifié. Mais devant l’insistance des journalistes il a admis que les engagements pris à Washington pour aider le Liban à se remettre sur pied «ne sont pas très clairs» et «ne peuvent pas l’être de sitôt, du moins pas avant que les pourparlers bilatéraux ne commencent en vue de la conclusion des accords».

Six questions posées

Selon des sources parlementaires, le gouvernement a répondu clairement à cinq questions qui lui ont été posées et vaguement à la sixième et plus précisément à celle qui est relative au point de savoir si les engagements financiers de Washington constituent une nouveauté. Les cinq autres questions concernent le volume, la nature (dons, prêts bonifiés ou prêts commerciaux) et les conditions d’octroi des aides financières. Les députés ont aussi voulu connaître la dimension politique du forum international sur le Liban et savoir par ailleurs s’il constitue la première étape sur la voie de la reconstruction du Liban.
Le débat s’est prolongé trois heures et quart durant, sans déboucher sur une position parlementaire unifiée vis-à-vis de la conférence de Washington. C’est ce qui explique qu’au terme de la réunion de trois heures et quart, le président de la commission, M. Ali el-Khalil, s’est contenté de faire le bilan des débats sans évoquer la position générale des députés. De sources parlementaires, on apprenait que l’exposé du gouvernement avait été critiqué, notamment par des pôles de l’opposition parlementaire comme MM. Najah Wakim, Boutros Harb et Mohamed Beydoun, et que les députés ont demandé, pour clore le débat, que le gouvernement leur remette des copies détaillées du document de travail que le gouvernement avait présenté au forum de Washington, de la liste des projets dont il espérait le financement et de celle des projets qu’il a l’intention de mettre à exécution et auxquels il doit trouver des sources de financement.

«Gare à l’endettement»

Ces documents doivent permettre à la Chambre de déterminer l’importance des projets envisagés en vue de l’établissement d’une échelle des priorités sur base de laquelle ils seront mis en œuvre. «Nous ne voulons pas être pris de court une fois de plus et connaître par le biais des médias les projets du gouvernement comme cela s’était passé lors de l’établissement du plan décennal», nous a déclaré M. Zaher el-Khatib, à sa sortie de l’hémicycle. Comme lui, plusieurs parlementaires ont réaffirmé redouter la politique d’endettement de l’Etat.
Le gouvernement a bien précisé dans son exposé qu’il a réclamé aux participants au forum de Washington des prêts bonifiés ainsi qu’un délai de grâce de sept ans au moins. Mais pour l’opposition parlementaire, le problème ne réside pas dans les accords de prêts qui seraient conclus dans le prolongement de la conférence, mais dans le cumul des dettes. Il réside aussi dans le fait que l’Etat a crié victoire alors que le seul élément concret de la conférence de Washington est une promesse d’aide qui attend toujours d’être concrétisée.
D’autres sont allés jusqu’à exprimer leur scepticisme quant à la capacité du gouvernement à obtenir des prêts dans les meilleures conditions pour le Liban. Ils ont également trouvé que la conférence de Washington avait un côté négatif «dans la mesure où elle a mis un plafond aux financements que certaines parties étaient prêtes à consentir à des projets de développement». Rappelons que les participants au forum de Washington ont décidé de financer pour un montant global de 3,2 milliards de dollars des projets de développement et de reconstruction au Liban.
A toutes ces interrogations et devant ce scepticisme, le gouvernement a répondu en mettant l’accent sur le point suivant lequel ce que le Liban a obtenu n’a rien à voir avec les anciennes promesses d’aide qu’il a d’ailleurs exposées. Il s’agit, a-t-il expliqué, de prêts bonifiés étalés en principe sur une quinzaine d’années avec un délai de grâce de sept ou de huit ans. Les chiffres exacts seront annoncés lors de la signature des contrats. Lors du forum international, le gouvernement a exprimé le souhait d’obtenir les projets de protocole sous forme de «package deal» afin de permettre au Parlement de définir l’échelle des priorités, selon les explications de M. Ali el-Khalil.

Un milliard
pour cette année

Au terme de la réunion, M. Siniora a souligné que des accords pour un milliard de dollars pourront être conclus cette année. Le reste sera étalé sur les quatre prochaines années.
Sur le plan politique, les députés ont relevé la contradiction entre le maintien des restrictions américaines sur le Liban et l’encouragement des Etats-Unis à investir dans le pays. Ce à quoi, M. Boueiz a répondu en soulignant que c’est cette contradiction qui fait que la balle aujourd’hui se trouve dans le camp des Américains. Le chef de la diplomatie a mis l’accent sur la dimension politique de la conférence de Washington, dans la mesure, a-t-il dit, où il y a dissociation entre les deux dossiers politique et économique. «Dans le passé, toute démarche économique devait être située dans le cadre du processus de paix, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, comme l’a démontré le forum organisé pour le Liban», a-t-il dit.
Aux côtés du chef du gouvernement, ce sont le ministre d’Etat pour les Affaires financières, M. Fouad Siniora, les ministres de l’Economie et des Affaires étrangères, MM. Yassine Jaber et Farès Boueiz, et le président du CDR, M. Nabil el-Jisr, qui ont expliqué aux 57 présents la portée économique et politique de la conférence de Washington. Les résultats de la réunion ont été par la suite communiqués par M. el-Khalil au chef du Législatif, M. Nabih Berry.
Le président de la Chambre est arrivé au Parlement à 10h45, soit 15 minutes seulement après le début de la réunion. M. Hariri est arrivé à 10h25 et est directement entré dans l’hémicycle. Des observateurs au Parlement n’ont pas manqué de relever l’arrivée «tardive» du chef du Législatif qu’ils ont interprétée comme une volonté de ne pas prendre le risque de croiser le chef du gouvernement qu’il avait violemment critiqué jeudi dernier. M. Berry, indique-t-on, a l’habitude d’arriver tôt au Parlement. Il avait vivement reproché au chef du gouvernement de s’ingérer dans les affaires de l’armée et de bloquer la promotion de huit officiers, dont un de ses proches, le brigadier Jamil el-Sayyed.
Beaucoup de satisfaction mais beaucoup de scepticisme aussi. C’est ainsi qu’il est possible de résumer la réaction des députés — membres de la commmission parlementaire des Affaires étrangères — à l’exposé que le gouvernement a fait des résultats de la conférence des «Amis du Liban» qui s’était tenue le 16 décembre dernier à Washington. Si les parlementaires...