Ce phénomène s’est traduit par la persistance de plusieurs courants de vente du dollar à des fins de souscription aux émissions du Trésor libanais surtout de la catégorie de deux ans, témoignant de la confiance dont jouit la livre au niveau de la communauté financière et de l’épargne.
Le taux de rentabilité réelle de la livre, malgré la détente intervenue sur son loyer nominal, conjugué à des données monétaires rassurantes et des perspectives de croissance économique encourageantes semblent expliquer ce regain d’intérêt pour les placements au Liban. En effet, l’offre du dollar continuait à l’emporter sur la demande, dans des volumes d’affaires en net développement par moments, ne trouvant souvent de contreparties valables à l’achat en dehors de la banque du Liban (B.D.L.). Celle-ci, ayant maintenu son taux d’intervention à l’achat du dollar inchangé la semaine dernière à 1546,50 L.L., s’est donc contentée à réduire son taux à la vente à deux reprises, mardi et jeudi, le sommant de 1557,00 L.L. à 1556,50 L.L. puis à 1556,00 L.L., pour le faire clôturer finalement, vendredi dernier, à la moyenne de cette fourchette au taux indicatif de 1551,25 L.L. contre 1546,50/1557,00 L.L. et un taux moyen indicatif de 1551,75 L.L. à la fin de la semaine se terminant au vendredi 3 janvier, en baisse de 0,03% correspondant au taux d’appréciation de la livre libanaise, pendant la même période.
Toutefois, il est à remarquer dans cette évolution que le dollar restait pratiquement négocié toute la semaine dernière bien en-deçà de ce taux indicatif sur le marché interbancaire. toutes les transactions, dont il avait fait l’objet, ont été effectuées au bas de la fourchette d’intervention de la B.D.L., fixé à 1546,50 L.L., soit entre 1546,50 et 1546,75 L.L. voire même juste à 1546,50 L.L. sans contrepartie à la demande en dehors de celle-ci, témoignant de la prépondérance du marché à l’achat de la livre libanaise dont l’attrait ne s’est guère démenti en dépit des incertitudes, sinon des inquiétudes en provenance de la situation très tendue au Liban-Sud.
Dollar toujours
soutenu à l’étranger
A l’étranger, les marchés internationaux des changes, qui avaient repris leurs activités normalement après le retour des vacanciers de Noël et du Nouvel An, se sont montrés à la fin de la semaine dernière plus unanimes à la hausse du dollar qu’à son début. Les incertitudes entourant l’orientation des taux d’intérêt des deux côtés de l’Atlantique commençaient à se dissiper à la veille du week-end, laissant croire à un prochain durcissement monétaire aux Etats-Unis, pour juguler les pressions inflationnistes, et à un assouplissement du crédit en Allemagne afin de soutenir la croissance de son économie nonchalante.
A cet égard, les opérateurs ont été très sensibilisés, vendredi dernier, par la publication des chiffres du chômage américain en décembre, faisant ressortir quelque 262.000 créations d’emplois non agricoles contre 118.000 en novembre, avec un taux de chômage de 5,3% de la population active. Cette statistique, tant attendue, est venue donc confirmer la vigueur de l’économie américaine qui est parvenue à créer plus de 2,6 millions d’emplois en 1996, laissant croire aux analystes financiers que le taux de croissance du produit intérieur brut (P.I.B.) américain pourrait dépasser 3% au quatrième trimestre 96 contre 2,1% au troisième, en fonction du degré de surchauffe de l’économie. Cela d’autant que l’un des gouverneurs de la Réserve fédérale (FED), Susan Phillips, laissait entendre qu’il y a des risques en matière d’inflation en commentant la récente évolution des prix à la production aux Etats-Unis qui auraient augmenté de 0,5% en décembre, après 0,4% en novembre et en rythme annuel de 2,8% en 1996 contre 2,2% en 1995. Et d’ajouter, en évoquant la situation du marché de l’emploi, que l’augmentation du nombre des salariés finirait par se répercuter au niveau des consommateurs et générera des pressions continues à la hausse des salaires, entraînant un renchérissement des produits, alimentaires et de l’énergie qui risque de poser beaucoup de problèmes s’il devait se poursuivre. Et de conclure que la FED ne peut pas vraiment baisser ses gardes et crier victoire sur l’inflation.
Dans ce contexte, et compte tenu aussi de l’aggravation du chômage en Allemagne, dont le taux aurait atteint en décembre 10,5% de la population active avec 4,16 millions de chômeurs en 1996 contre 3,81 millions en 1995 (soit 9,9% de la population active allemande) du ralentissement de l’économie germanique, les perspectives de baisse des taux d’intérêt en Allemagne devaient prédominer sur les marchés. De ce fait, les opérateurs ont passé outre, jeudi dernier, à la décision de la Bundesbank de maintenir en état sa politique monétaire, à l’issue de la réunion de son Conseil central, et commençaient à anticiper un prochain assouplissement des conditions du crédit de l’institut d’émission germanique avant même la réunion du comité de l’open market de la FED les 4 et 5 février, qui pourrait décider un certain resserrement monétaire aux Etats-Unis.
Eu égard à ces considérations, le dollar ne tardait pas à être privilégié sur toute autre monnaie la semaine dernière, à l’exception toutefois du yen qui a bénéficié à la veille du week-end de quelques rachats à la baisse en rapport avec un courant de rapatriement anticipé de fonds japonais destiné à couvrir les pertes sur la Bourse de Tokyo, victime des incertitudes entourant l’économie et le secteur financier nippons. C’est ainsi qu’à New York, le «billet vert», qui était revenu, vendredi dernier, à 116,10 yen contre 116,40, au vendredi 3 janvier (—0,26%), a achevé la semaine en hausse face aux grandes monnaies européennes. Il est remonté, en effet, à 1,5860 D.M. (son plus haut niveau depuis 27 mois) contre 1,5670 (+1,21%), à 1,3765 F.S. contre 1,3590 (+1,29%), à 5,3475 F.F. contre 5,2925 (+1,04%) et à 1,6810 pour un sterling contre 1,6870 (+0,36%), tout en se maintenant à un sommet de 1540,00 lires.
Or: Coup d’arrêt
à la baisse
Les craintes d’une résurgence des pressions inflationnistes aux Etats-Unis ont eu un certain impact bénéfique sur les métaux précieux en tant que valeur-refuge. En effet, l’offre de l’or tendait à se relâcher, cédant la voie à quelques rachats du découvert, le portant d’un plus bas de 355,00 dollars l’once, au milieu de la semaine, à 359,20 dollars, vendredi dernier, à New York, contre 361,10 dollars au vendredi 3 janvier, lui permettant de réduire ses pertes de 1,7 à 0,53% d’une huitaine à l’autre.
Quant à l’argent-métal, dont le marché est très spéculatif à la hausse comme à la baisse, il est parvenu à bondir d’un plus bas à 4,60 dollars l’once à 4,7280 dollars en clôture, vendredi dernier, à New York, contre 4,6450 dollars au vendredi 3 janvier, en progrès de 1,79% au moyenne.
Elie KAHWAGI
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