Marée noire russe au large du Japon

TOKYO, 6 Janvier (Reuter). — Les autorités maritimes japonaises craignent lundi qu’une nappe de brut qui s’échappe d’un pétrolier russe soit plus importante qu’elles ne l’avaient prévu initialement.
Une quinzaine de bateaux ainsi que des hélicoptères participent aux efforts visant à empêcher le pétrole d’atteindre l’île de Honshu, la plus grande de l’archipel.
«Nous ne sommes pas certains du volume. Nous nous sommes basés jusqu’ici sur les renseignements de l’équipage du pétrole mais nous ne savons vraiment pas», a dit à Reuter porte-parole de l’Agence de sûreté maritime.
«La poupe du bateau naufragé n’a pas encore été retrouvée. Il est possible que du pétrole s’en échappe», a-t-il ajouté.
La majorité des 19.000 tonnes de brut lourd que transportait le bateau se trouvait dans la partie arrière.
La proue a été repérée lundi matin à 45 km au large de la préfecture de Fukui, a dit un porte-parole de l’agence.
Les autorités avaient initialement estimé la fuite à 3.700 tonnes (26.000 barils) de pétrole après le naufrage du Nakhodka, qui s’est brisé en deux par gros temps jeudi dernier.
Les autorités estiment déjà qu’il s’agit de la pire marée noire ayant frappé le Japon depuis celle provoquée par la fuite, en 1971, de 7.200 tonnes (50.400 barils) de brut d’un pétrolier qui s’était échoué près du port de Niigata.
Le porte-parole a déclaré que les tentatives de dispersion de deux nappes de pétrole, à 52 km au large des côtes des préfectures de Fujui et d’Ishikawa, avaient été peu fructueuses jusqu’ici.
Les nappes dérivent à une dizaine de km du lieu du naufrage et des vents violents les poussent vers les côtes.
Le Nakhodka, qui se rendait de Chine en Russie et devait approvisionner la péninsule du Kamtchatka, avait été construit il y a 26 ans et les autorités estiment que son âge a dû jouer un rôle dans l’accident.
Sa perte a conduit les autorités régionales du Kamtchatka à prévoir des interruptions temporaires dans la distribution électrique. Le territoire isolé de l’Extrême-Orient russe ne devrait pas être réapprovisionné avant le 17 ou 18 janvier prochain, a déclaré un responsable de l’administration locale joint par téléphone.
Mais le premier ministre russe Viktor Tchermoyrdine a promis qu’il n’y aurait pas de coupures de courant sur la péninsule. Selon l’agence ITAR-TASS, il a ordonné aux forces militaires de réduire leur consommation. Moscou a également transféré des fonds supplémentaires aux autorités locales.
Les 31 membres d’équipage ont été secourus mais le capitaine est porté disparu sans grand espoir de le retrouver vivant.
Avec des vents de 50km/h, les responsables de l’Agence de sûreté martitime craignent que le pétrole atteigne les côtes d’ici mercredi s’il n’est pas dispersé d’ici là.
Ils ont mis en garde les producteurs de coquillages, d’algues et d’autres produits de la mer contre les risques de graves atteintes à l’environnement si la nappe atteint les côtes.