Berry : Sfeir doit se comporter en tant que patriarche de tous les libanais

Le président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, a évoqué hier avec le président de la République, M. Elias Hraoui, les derniers développements sur la scène locale et notamment au Sud.
La veille, samedi, M. Berry avait estimé que le cardinal Nasrallah Sfeir «n’est pas le patriarche des seuls maronites pour refuser de recevoir les vœux à l’occasion de la fête de Noël. Je lui ai déjà fait parvenir ce message. Sa Béatitude est en effet le patriarche de tous les Libanais et doit donc se comporter comme tel», a-t-il dit.
M. Berry a tenu ces propos à son retour du Caire, à l’issue d’une visite privée d’environ une semaine, au cours de laquelle il a notamment rencontré le président égyptien, M. Hosni Moubarak.
Prié de commenter les réactions qu’ont provoquées les dernières arrestations dans les rangs de l’opposition, le chef du Législatif a notamment déclaré: «Tant que le procureur général affirme que la justice supervise les opérations (d’interpellation), je considère que toute polémique est injustifiée. (...) Nous ne sommes pas du tout disposés à traiter les problèmes de sécurité à la légère», a-t-il dit avant de poursuivre: «Pourquoi nul ne s’est inquiété de l’arrestation de dizaines de maronites et de musulmans du Sud accusés de collaboration avec l’ennemi? Ces individus ont été incarcérés uniquement en raison de leur collaboration avec Israël. Que dire donc de ceux qui, non seulement collaborent avec l’ennemi, mais ouvrent en plus le feu sur les frères syriens?», s’est-il demandé.
Par ailleurs, concernant la situation régionale, le président Berry a indiqué qu’Israël tente et tentera de provoquer des troubles sécuritaires. Il a rappelé dans ce cadre qu’«il y a plus de trois mois, j’ai mis en garde contre des contacts effectués entre certaines parties libanaises et Israël (...)»
L’après-midi, le chef du Législatif s’est rendu à Dar el-Fatwa où il a félicité le mufti de la République, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, récemment titularisé.
Interrogé sur sa réaction négative à l’égard des prises de position du patriarche maronite, M. Berry a répondu: «Je n’ai pas attaqué les positions du patriarche. J’ai seulement exprimé mon opinion au sujet de certains événements».
D’autre part, à la question de savoir s’il appuyait le président Elias Hraoui concernant la non- ingérence des religieux dans la politique, M. Berry a esquivé la réponse sur le ton de la plaisanterie: «Vous voulez que je fasse des déclarations dès le premier jour de mon arrivée?», a-t-il dit.
De son côté, le secrétaire général de la Ligue maronite, M. Neemtallah Abi Nasr, a répondu hier aux critiques du président de l’Assemblée adressées au cardinal Sfeir, déclarant notamment à ce sujet: «Il est vrai que le patriarche maronite est celui de tous les Libanais (...). Mais lorsque la liberté et la démocratie sont bafouées, quand le Liban n’est plus libre de décider de ses propres affaires intérieures, il est normal que le père et le parrain de l’indépendance regrette de ne pouvoir recevoir les vœux» à l’occasion des fêtes.