L’ESPAGNOL MIGUEL INDURAIN
MET UN TERME A SA CARRIERE
PARIS, 2 Janvier (AFP). — «Don» Miguel Indurain a tiré sa révérence. Douze ans après ses débuts dans l’élite du cyclisme et un an après sa cinquième et dernière victoire consécutive dans le Tour de France.
Unique, mystérieux, fascinant. Le coureur de Villava, la petite bourgade près de Pampelune où il a vu le jour voici 32 ans, a toujours échappé à ceux qui prétendaient cerner l’homme derrière le champion. Avant tout homme du Tour, il est aussi entré dans l’histoire du cyclisme. A cause de son exactitude prodigieuse au rendez-vous de juillet.
Eddy Merckx lui-même, qu’il a rejoint au Panthéon du Tour où figurent aussi Jacques Anquetil et Bernard Hinault (les seuls à compter cinq victoires), a toujours considéré que le plus grand exploit d’Indurain était de hisser ses 80 kilos au sommet des cols devant les meilleurs grimpeurs. Ce fut d’ailleurs quand il perdit du poids, quelque 7 à 8 kilos, que le jeune Navarrais commença son ascension.
D’une sagesse toute terrienne, Indurain a semé et patienté avant de récolter. Il passa professionnel aussitôt après les JO de Los Angeles en 1984 et c’est dans l’ombre de son coéquipier Pedro Delgado qu’il apprit son métier de futur leader, glanant quelques beaux succès dès 1989 (Paris-Nice, Critérium international) et s’imposant enfin deux ans plus tard au Tour de France.
Son grand exploit, il le signa sans doute en 1992 dans le contre-la-montre de Luxembourg quand il repoussa son suivant le plus «proche» à 3 minutes. Les années suivantes, il frappa jusqu’au KO, toujours au même moment, dans le premier «chrono» du Tour, au lac de Madine (1993) et à Bergerac (1994).
Homme secret
Son palmarès comporte également deux Tours d’Italie (1992 et 1993), à l’occasion de deux «doublés», et une ribambelle de courses par étapes (Dauphiné, Midi Libre, Tour de Catalogne, etc.)
Mais ce maître des années 1990 échoua à remporter le maillot de champion du monde, à sa portée tant à Oslo (1993) qu’à Duitama en Colombie (1995). Il n’eut qu’un lot de consolation avec le titre mondial (1995) et une médaille d’or aux JO d’Atlanta du contre-la-montre (1996).
Homme d’une grande fidélité, Indurain n’a jamais cédé aux tentations de la gloire. En douze ans de carrière, il a connu les mêmes directeurs sportifs (Echavarri, Unzue) et porté les maillots de deux équipes seulement (Reynolds et Banesto) après celui du CC Villaves, le club de ses débuts.
«Dans la famille, on ne connaît pas le mot facilité», a-t-il dit, un jour (rare) de confidence. L’aveu témoigne de tous les efforts endurés pour devenir ce champion magnifique de juillet, héros de toute l’Espagne au-delà des problèmes nationalistes basques. Coureur prodige, il est devenu le premier représentant de son pays à remporter une épreuve de Coupe du monde (Clasica San Sebastian), le Giro et le Tour de France à plusieurs reprises.
Car c’est avant tout dans cette épreuve qu’il a forgé sa légende. Il a ressenti d’autant plus douloureusement son échec de juillet dernier. Cet homme secret a sans doute trop souvent gagné pour supporter le déclin physique ou mental. La sagesse aidant, il dit toutefois s’adapter à toutes les situations. Même à la retraite sportive.
«Je me verrais bien vivre une vie plus paisible que celle que je vis actuellement, a-t-il déjà déclaré sur le sujet. La vie d’une personne normale dans ma région. Une vie calme».
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