
Kassem Salah el-Husseini, tué dans une frappe israélienne le 3 juillet 2025 sur l’autoroute de Khaldé, à l’entrée sud de Beyrouth. Photo circulant sur les réseaux sociaux
Vingt-quatre heures après la frappe israélienne de jeudi après-midi contre un véhicule circulant sur l’autoroute de Khaldé, à l’entrée sud de la capitale Beyrouth, des informations contradictoires circulent sur l’identité du militant tué. Il aura fallu quelques heures pour qu'un nom circule : Kassem el-Husseini, dont la photo abondamment relayée sur les réseaux sociaux le montre tenant une mitrailleuse, vêtu d’un treillis militaire qui ne ressemble toutefois pas à celui des combattants du Hezbollah, majoritairement visés par les bombardements israéliens ciblés.
Selon un communiqué de l’armée israélienne publié au lendemain de l'attaque, le militant s'appelait Kassem Salah el-Husseini, et serait de nationalité libanaise. Il a été décrit comme un « saboteur impliqué dans le trafic d’armes et la mise en œuvre de plans terroristes (...) pour le compte de la Force al-Qods iranienne ». La Force al-Qods est l’unité d’élite iranienne chargée des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), l’armée idéologique du régime iranien. Selon le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, « Husseini occupait une position centrale dans un réseau de trafic d’armements depuis l’Iran via la Syrie vers plusieurs zones du front nord ainsi que vers les régions de Judée-Samarie (le nom biblique de la Cisjordanie occupée par Israël, NDLR). Il était en lien avec des trafiquants syriens et libanais. »
À titre de comparaison, après avoir assassiné le 1er avril le Libanais Hassan Bdeir dans le quartier de Sfeir, dans la banlieue sud de Beyrouth, l’armée israélienne avait précisé qu’il s’agissait d’un membre de « l’unité 3900 (du Hezbollah) et de la Force al-Qods », affirmant que l’intéressé avait « récemment travaillé en coopération avec le Hamas ».
De nationalité palestinienne ?
Une source proche du Hezbollah indique toutefois à L’Orient-Le Jour que la victime n'était pas libanaise, mais de nationalité palestinienne, sans pouvoir confirmer ou infirmer son appartenance à la Force al-Qods. « Le fait d’évoquer le lien avec la Force al-Qods et son (prétendu) rôle dans le trafic d’armes permet à Israël de justifier son agression », avance cette source. « Il pourrait être un militant palestinien, l’armée israélienne ayant déjà tué des membres de forces palestiniennes au Liban dans le cadre de la guerre à Gaza », rappelle-t-elle. Un commandant de la Jamaa islamiya, parti sunnite libanais rattaché aux Frères musulmans, avait ainsi été tué à Baaouerta, dans le caza de Aley, le 22 avril dernier, tout comme un cadre du Hamas, Khaled Ahmad el-Ahmad, le 7 mai, dont l’armée israélienne précisait alors qu’il était « responsable des opérations du Hamas dans le secteur occidental du Liban ».
Contactés, le Hamas au Liban, l’ambassade iranienne à Beyrouth ainsi que l’armée libanaise n’étaient pas en mesure de fournir des informations sur la frappe de jeudi.
Le bombardement israélien à Khaldé, qui a fait un mort et plusieurs blessés, s’est produit à l’heure de pointe, vers 17h, sur l’autoroute qui relie la capitale au Sud, un axe routier très fréquenté au quotidien, surtout à l’approche du week-end. Des images de vidéosurveillance ont montré le véhicule se garer sur le côté droit de la route, quelques secondes avant qu’un missile ne le pulvérise, alors que des passants circulaient non loin de la voiture. Selon certaines informations, un premier missile aurait raté sa cible.
L’autoroute de Khaldé, à près de 75 kilomètres de la frontière et à quelques kilomètres de l’Aéroport international de Beyrouth, n’avait jusqu’à présent pas été touchée par les bombardements israéliens, depuis l’ouverture à partir du Liban, par le Hezbollah, d’un « front de soutien » au Hamas, le 8 octobre 2023, au lendemain du début de la guerre de Gaza suite à l’opération Déluge d’al-Aqsa contre Israël.
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre 2024, les bombardements israéliens au Liban ont fait 191 morts à ce jour, selon notre décompte, civils et miliciens confondus.
En attendant que l'armée libanaise (le président de la république) prenne ses responsabilités et fasse le nettoyage nécessaire, les israéliens continuent à éliminer méthodiquement tous les "Che Guevara" sur mobylette....
11 h 22, le 05 juillet 2025