
© Tina Merandon / Radio France
On connaît Octave Mirbeau (1848-1917), journaliste et auteur de renom. Ce qu’on ignore, en revanche, c’est qu’à l’instar de Swift, Malraux et Gibran, il s’inventa une autre vie en prétendant avoir effectué un voyage en Inde avec, à l’appui, des reportages comprenant toutes sortes de détails sur les paysages, les princes et les tigres de ce pays à la fois exotique et merveilleux.
Notre collaborateur Jean-Claude Perrier aurait dû se faire inspecteur ou commissaire : il aime aller sur les traces des personnages qui l’intriguent, fouiller leurs archives et dévoiler leurs zones d’ombre. Il l’a fait à propos de Saint-Exupéry, mais aussi à propos du photographe de Notre-Dame… Le voilà qui nous révèle dans son dernier essai intitulé La Mystification indienne, l’imposture de Mirbeau qui ne s’est jamais embarqué pour l’Inde et qui a écrit ses Lettres de l’Inde à partir de Paris qu’il n’a pas quitté. Perrier reconstitue l’itinéraire de l’écrivain qu’il a suivi in situ dans son périple rêvé, raconte cette aventure imaginaire et démêle le vrai du faux avec tendresse et humour. Fort de sa connaissance profonde de l’Inde qui lui a inspiré plusieurs livres (Le Goût de Bombay, Dans les comptoirs de l’Inde, Le Goût des villes de l’Inde, André Malraux et la Tentation de l’Inde), sans compter ses préfaces au Voyage en Inde de Pierre Loti, à Vers l’Inde de Jack Thieuloy et à Kâbir, La Flûte de l’Infini de Tagore (traduit par André Gide), il nous offre une contre-enquête passionnante sur ce qu’il appelle « l’un des plus beaux cas de schizophrénie de notre histoire littéraire ».
La Mystification indienne de Jean-Claude Perrier, Éditions du Cerf, 2025, 216 p.