
Image satellite montrant des bâtiments détruits du Centre de technologie nucléaire d'Ispahan, en Iran, le 22 juin 2025. Photo Maxar Technologies/Handout via Reuters
Depuis le début de la guerre entre Israël et l'Iran, le 13 juin, plusieurs installations nucléaires de la République islamique ont été bombardées. Dans la nuit du 21 au 22 juin, c'est l'aviation américaine qui s'est jointe à la partie, ciblant les sites de Fordo, Natanz et Ispahan. Si ces frappes ont fait craindre une grave escalade du conflit au Moyen-Orient, la région a déjà été le théâtre de plusieurs bombardements contre des sites nucléaires, et ce depuis les années 1980, menés par Israël et l'Irak. Retour sur trois cas emblématiques.
1981 : le réacteur d'Osirak en Irak
Le 7 juin 1981, l'aviation israélienne bombarde le réacteur irakien d'Osirak, près de Bagdad, dans le cadre de l’opération « Opéra », également appelée opération « Ofra ». L’attaque, non autorisée par l’ONU, se déroule suite à l’achat du réacteur à la France en 1976, alors qu’il est censé être utilisé pour produire de l’électricité. Toutefois, Israël suspectait l’Irak de Saddam Hussein de vouloir utiliser la centrale nucléaire – en capacité de produire du plutonium, une composante de base des bombes atomiques – pour son programme clandestin d’armes de destruction massive, et justifie le raid comme un « acte de légitime défense préventive ». Cette attaque cause la mort de dix soldats irakiens et d’un ingénieur français.
1984-1988 : frappes contre Bouchehr
La centrale nucléaire de Bouchehr, située à 17 kilomètres au sud-est de la ville du même nom en Iran, est visée par de multiples frappes aériennes irakiennes pendant la guerre Iran-Irak, principalement de 1984 à 1988, avec six attaques recensées au moins, pour empêcher l'Iran de développer une capacité nucléaire qui pourrait nuire à la région, selon le vice-Premier ministre irakien de l'époque Tarek Aziz. La construction de cette centrale, qui n'était alors pas fonctionnelle, avait déjà été gelée en 1979 par l’ayatollah Khomeiny, suite à son accession au pouvoir quatre années après le début des travaux, avec un réacteur réalisé à 85 % et l’autre à 50 %. La centrale sera finalement achevée et mise en service trois décennies plus tard, avec l’aide de la Russie qui conclut en 2011 un chantier qui aura duré plus de 15 ans.
2007 : le réacteur de Kibar en Syrie
Avec huit avions de combat, l’armée de l’air israélienne frappe un réacteur nucléaire syrien en construction surnommé Kibar, en plein désert dans le gouvernorat de Deir ez-Zor, lors de l’opération « Orchard », dans la nuit du 5 au 6 septembre 2007. Selon les autorités israéliennes, ce bâtiment abritait un réacteur graphite-gaz construit avec l’aide de la Corée du Nord, supposé produire du plutonium militaire. Le gouvernement nord-coréen a démenti les accusations selon lesquelles il aidait la Syrie à obtenir l’arme nucléaire, douze jours après l’attaque. Un total de 17 tonnes de bombes est largué sur le site visé. Ce n’est que près de onze ans plus tard, en mars 2018, qu’Israël a officiellement revendiqué cette attaque.