Dans un monde où les événements s’accélèrent et où les voix s’entrechoquent, la voix de la raison devient rare, presque marginale. L’attitude sage n’est plus perçue comme une vertu, mais comme une faiblesse dans l’arène des passions exacerbées.
L’extrémisme n’est plus l’apanage des armes ou des slogans : il est devenu une façon d’être, une réaction pavlovienne dictée par la peur ou la haine.
Et pourtant, malgré tout, nous croyons que ce n’est pas là le destin de l’humanité.
La coexistence n’est pas un rêve naïf, mais un impératif vital. L’acceptation mutuelle n’est pas une concession, mais un acte de courage.
Disons-le sans détour : il n’y a pas de paix avec le fanatisme, pas de dialogue avec ceux qui monopolisent la vérité, pas d’avenir sans respect réciproque.
Nous observons un monde qui glisse lentement mais sûrement vers une culture du rejet, de la diabolisation, de l’aveuglement volontaire, où des mots comme « justice » ou « droits » sont accaparés, vidés de leur sens, transformés en armes idéologiques.
Mais ceux qui ont marché sur les chemins de l’histoire savent que la civilisation s’est construite non par l’uniformité, mais par la rencontre, l’altérité et le choix du dialogue.
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons : défendre la parole éclairée contre les cris vides, protéger la pensée contre les instincts déchaînés et refuser que les valeurs humaines soient perverties par l’arrogance ou la peur.
Ce n’est pas une guerre de religions ni un choc de civilisations. C’est un combat de sens, un affrontement entre ceux qui croient en l’humain – et ceux qui l’instrumentalisent.
Appel final à toutes celles et à tous ceux qui refusent de réduire l’homme à son origine ou sa foi ; à celles et ceux qui ont le courage de dire « non » à la haine et « oui » à la justice ; à celles et ceux qui osent encore croire à la noblesse de la pensée. Nous disons : assez de fanatisme légitimé par la religion, assez d’arrogance nourrie par la force, assez de silences imposés par peur de l’étiquette.
Le monde a besoin de lucidité, d’équité, et de ponts entre les cœurs.
Le mot juste, la pensée libre, l’espoir humble : voilà les piliers d’un avenir digne pour nos enfants.
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