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Politique - Israël-Iran

Depuis Beyrouth, Thomas Barrack met en garde contre une implication du Hezbollah dans la guerre

Le président Aoun a informé l'émissaire spécial américain pour la Syrie que des contacts sont en cours pour parvenir au monopole des armes aux mains de l'État, et qu’ils « seront intensifiés une fois la situation régionale stabilisée ».

Depuis Beyrouth, Thomas Barrack met en garde contre une implication du Hezbollah dans la guerre

L'émissaire américain Thomas Barrack à Aïn el-Tiné, le 19 juin 2025. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

L'ambassadeur américain en Turquie et émissaire spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, en visite officielle à Beyrouth, a déclaré jeudi que « si le Hezbollah s'engage dans la guerre (entre Israël et l'Iran), ce serait une très mauvaise décision », à l'issue de sa rencontre à Aïn el-Tiné avec le président du Parlement Nabih Berry. 

Le Hezbollah ne s'est pas impliqué jusqu'à présent dans le conflit entre Israël et l'Iran, son parrain. Après les frappes israéliennes de la nuit du 12 au 13 juin, qui ont décimé une partie du commandement militaire iranien et lancé la guerre, le mouvement chiite avait apporté son soutien au régime de Téhéran mais indiqué ne pas avoir l'intention de lancer seul des attaques contre l'État hébreu. Une position prise après des pressions des autorités libanaises alors que le président Donald Trump souffle le chaud et le froid sur une potentielle implication américaine dans le conflit.

« Un processus de paix et d'amélioration » de la situation du Liban

M. Barrack a entamé jeudi matin une tournée auprès des responsables à Beyrouth. Il s'agit de la première visite officielle au Liban de ce responsable, d'origine libanaise, à un moment où la région traverse une phase de tensions sans précédent.

Après avoir rencontré M. Berry, Thomas Barrack a souligné, devant la presse, que « nous portons un message dans le contexte complexe que traverse le monde, et nous croyons qu’avec la nouvelle direction (composée par le président de la République Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam) un processus de paix et d’amélioration débutera. Nous sommes engagés à aider le Liban et nous gardons espoir. ».

« Si je suis ici, c’est parce que j’ai hérité, par hasard, de ce magnifique ADN libanais, conjugué à la liberté américaine » a-t-il déclaré, estimant que « cette rencontre entre deux mondes est l’avenir et l’espoir du Liban », selon des propos rapportés dans un communiqué du service de presse du Parlement. M. Barrack a ajouté que « ce qui nous unit tous, c’est l’espoir que le chaos s’apaise bientôt (...) Partout où je suis allé, j’ai vu des Libanais qui ont su faire d’un désert une oasis. C’est maintenant à nous d’en faire autant ».

Interrogé sur les attaques israéliennes contre le Liban , que Nabih Berry a condamnées durant la réunion, appelant à « l'effort américain pour contraindre Israël à respecter ses engagements » selon le communiqué, M. Barrack a répondu : « Si je pouvais vous apporter une solution en deux minutes, je ne serais pas ici. » Le président du Parlement a par ailleurs remercié les États-Unis pour leur soutien à l’armée libanaise et réaffirmé l’importance de la présence de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans le Sud et la « nécessité de renouveler son mandat », en août.

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Suite à la réunion, Nabih Berry a précisé à la MTV que Thomas Barrack n'avait « pas demandé l’établissement d’un calendrier pour le monopole des armes » aux mains de l'État. M. Berry s'est par ailleurs félicité du fait que « Liban (soit) traité comme une partie intégrante de ce qui se passe dans la région ».

Thomas Barrack avait été reçu tôt dans la journée par le chef de l'État au palais de Baabda. Joseph Aoun a affirmé à l’ambassadeur que le Liban comptait sur le soutien de Washington pour accompagner ses efforts de redressement à tous les niveaux, en particulier pour consolider la sécurité et la stabilité dans au Liban-Sud. Il a notamment appelé au retrait des forces israéliennes des cinq collines qu'Israël continue d'occuper en territoire libanais frontalier, à la cessation des hostilités, ainsi qu’au renouvellement du mandat de la Finul, qui œuvre en coordination avec l’armée libanaise à la mise en œuvre de la résolution 1701 de l'ONU, indique le compte X de la présidence libanaise.

Les contacts pour le désarmement « s'intensifieront »

Le chef de l’État a encore souligné que « l’armée libanaise, déployée au sud du Litani, applique pleinement les dispositions de la résolution 1701, en procédant au démantèlement des manifestations armées, à la saisie des armes et munitions, et en interdisant toute présence armée autre que celle des forces de sécurité officielles ». Il a toutefois précisé que « l’occupation persistante par Israël des cinq collines et de leurs abords empêche l’armée de mener à bien l’intégralité de sa mission ».

Joseph Aoun a en outre informé son invité que des contacts sont en cours pour parvenir au monopole des armes aux mains de l'État, tant sur le plan libanais, dont en référence à l'arsenal du Hezbollah, que palestinien, et qu’ils « seront intensifiés une fois la situation régionale stabilisée », après les tensions provoquées par l’escalade du conflit israélo-iranien. Le désarmement des camps palestiniens devait être lancé dans les camps de Beyrouth lundi, mais cette échéance a été reportée.

L'ambassadeur et émissaire Thomas Barrack, à son arrivée au Grand Sérail. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour

M. Barrack s'est entretenu, en outre, avec le Premier ministre Nawaf Salam. Au cours de la réunion, M. Salam a souligné « l'adhésion du Liban à l'option de la sécurité et de la stabilité et le refus de se laisser entraîner dans la guerre en cours dans la région », selon le compte X du Grand Sérail. M. Salam a ajouté que le gouvernement libanais « est déterminé à poursuivre la mise en œuvre de son plan de réforme et à étendre la souveraineté de l'État à l'ensemble de son territoire ». Il a également souligné l'importance du rôle de la Finul et de son maintien pour assurer la mise en œuvre de la résolution 1701, et a demandé à la communauté internationale de « faire pression sur Israël afin qu'il se retire complètement des territoires libanais occupés ». Le Premier ministre a informé l'envoyé américain de la coordination en cours avec Damas pour traiter les questions en suspens, en particulier « le contrôle de la frontière et sa démarcation. »

Le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du Hamas sur Israël et du début de l'offensive meurtrière israélienne sur la bande de Gaza, le Hezbollah avait unilatéralement décidé d'ouvrir un « front de soutien » au mouvement palestinien, qui avait déclenché 13 mois de guerre, dont deux marqués par une très violente escalade israélienne. Les frappes israéliennes ont tué depuis cette date plus de 4.000 personnes au Liban et dévasté des villages et quartiers entiers, surtout au Sud, dans la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, où le parti chiite est prédominant.

Le président libanais a par ailleurs assuré à l’ambassadeur américain que « le processus de réformes a bel et bien été lancé et se poursuivra », tout en réitérant « l’engagement de l’État à lutter contre la corruption et à renforcer ses institutions ». 

Soutien américain à l'armée libanaise

De son côté, l’émissaire Barrak a réaffirmé à M. Aoun « la volonté du président Trump d’aider le Liban à surmonter les circonstances et les défis auxquels il est confronté », soulignant « le soutien des États-Unis à l’armée libanaise et aux mesures prises par les autorités libanaises sur les plans sécuritaire, économique et financier ».

Il a également souligné que « la vision du président Donald Trump consiste en un nouveau tissu entre le Liban et la Syrie, vivant en paix l’un avec l’autre », estimant que « les deux pays sont prêts et capables de devenir un exemple de commerce prospère plutôt qu’un théâtre de chaos imposé de l’extérieur ».

Si plusieurs médias avaient indiqué que le conseiller pour l'Afrique Massaad Boulos, également d'origine libanaise et père du gendre de Donald Trump, devait accompagner M. Barrack au Liban, il n'est pas mentionné dans le communiqué publié par la présidence sur la réunion avec Joseph Aoun, et n’apparaît pas sur les photos accompagnant le texte. M. Boulos, qui a joué un rôle important pour l'élection du président américain lors de sa campagne électorale, notamment auprès des communautés arabes américaines, avait été nommé haut conseiller pour les affaires arabes et du Moyen-Orient après l'arrivée de M. Trump à la Maison Blanche, avant d'être finalement nommé haut conseiller pour l'Afrique, dans un revirement que certains observateurs ont lié à plusieurs polémiques.

L'ambassadeur américain en Turquie et émissaire spécial pour la Syrie, Thomas Barrack, en visite officielle à Beyrouth, a déclaré jeudi que « si le Hezbollah s'engage dans la guerre (entre Israël et l'Iran), ce serait une très mauvaise décision », à l'issue de sa rencontre à Aïn el-Tiné avec le président du Parlement Nabih Berry. Le Hezbollah ne s'est pas impliqué jusqu'à présent dans le conflit entre Israël et l'Iran, son parrain. Après les frappes israéliennes de la nuit du 12 au 13 juin, qui ont décimé une partie du commandement militaire iranien et lancé la guerre, le mouvement chiite avait apporté son soutien au régime de Téhéran mais indiqué ne pas avoir l'intention de lancer seul des attaques contre l'État hébreu. Une position prise après des pressions des autorités libanaises alors que le...
commentaires (5)

M. Aoun a déclaré que des contacts sont en cours et seront intensifiés quand la situation régionale sera stabilisée? Jusqu’à quand ce pays et son peuple doivent ils attendent pour qu’un homme un vrai, les sauve sans prendre compte de ce qui se passe à Gaza, en Iran, aux E.U ou au fond fin du monde. A croire que notre pays est le centre de tout, et que rien ne peut être décidé sur son sol sans que le monde entier ne soit en parfaite harmonie. Si on ne trouve pas cet homme, on risque d’attendre encore quelques siècles pour que ce pays retrouve sa souveraineté et sa splendeur.

Sissi zayyat

00 h 37, le 20 juin 2025

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Commentaires (5)

  • M. Aoun a déclaré que des contacts sont en cours et seront intensifiés quand la situation régionale sera stabilisée? Jusqu’à quand ce pays et son peuple doivent ils attendent pour qu’un homme un vrai, les sauve sans prendre compte de ce qui se passe à Gaza, en Iran, aux E.U ou au fond fin du monde. A croire que notre pays est le centre de tout, et que rien ne peut être décidé sur son sol sans que le monde entier ne soit en parfaite harmonie. Si on ne trouve pas cet homme, on risque d’attendre encore quelques siècles pour que ce pays retrouve sa souveraineté et sa splendeur.

    Sissi zayyat

    00 h 37, le 20 juin 2025

  • Comment une milice mafieuse, fut elle islamiste et terroriste, parvient elle à prendre en otage un pays entier et à lancer des attaques chez les voisins ? Parceque le pays en question est faible, trop faible. Pourquoi est-il si faible ? Parcequ'il est corrompu de la tête aux pieds. Pourquoi est-il si corrompu ?

    Nicolas ZAHAR

    14 h 52, le 19 juin 2025

  • Au contraire moi j'espère qu'il va s'engager. Comme ca il perdra le très peu de credit qu'il Iui reste et montrera encore s'il en faut que çe parti a éte et restera une creation des Mollahs come le Baas fut une création Assadienne . Maintenant serait top que soit le régime Iranien saute, soit qu'il cédé avec déshonneur j'espère plutôt la première solution pour l'Iran comme je l'ai souhaité pour la Syrie comme ca on pourra vraiment avoir une nouveau Moyen Orient bâti sur paix et développement

    Liban Libre

    14 h 11, le 19 juin 2025

  • Sur le sujet des armes : "... des contacts sont en cours et...seront intensifiés quand la situation régionale sera stabilisée...." . Ce sont des paroles qui annoncent d'autres paroles qui ne se tiendront en plus que de manière conditionnelle. Sur le fond : Ces memes paroles ont été prononcées à l'investiture meme de manière plus directe : Rien n'a été fait depuis sur le sujet. Pire, des actions renforçant politiquement le hezballah ont été prises

    Moi

    13 h 41, le 19 juin 2025

  • petite erreur dans la légende de la photo (le Président libanais est à droite et non à gauche)

    AA

    10 h 59, le 19 juin 2025

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