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Campus - FORMATION PROFESSIONNELLE

De père en fils, la passion qui fait vivre le lycée technique de Jbeil

L’institution familiale fondée il y a plus de 60 ans incarne l’engagement transmis de génération en génération, entre défis sociaux et renouveau éducatif.

De père en fils, la passion qui fait vivre le lycée technique de Jbeil

Edmond Abi Saab, 90 ans, fondateur du lycée technique de Jbeil, aux côtés de son fils Thierry Abi Saab, actuel directeur de l’établissement, lors de la remise des diplômes de la promotion 2025 du lycée technique de Jbeil. Photo DR

Il est des lieux où le temps ne s’arrête jamais vraiment. Où les pierres, les murs et les souvenirs vibrent encore au son des voix de ceux qui les ont bâtis. Le lycée technique fondé en 1960 à Jbeil est de ceux-là. Un établissement pas tout à fait comme les autres, né d’un rêve et d’une volonté farouche de transmettre. C’est là que commence cette histoire, ou plutôt cette aventure éducative, car c’en est bien une, profondément enracinée dans l’amour du savoir et de la jeunesse. Tout est question de passion, de motivation et de nouveaux horizons.

Edmond Abi Saab, sociologue franco-libanais formé à Paris, a fondé le lycée technique de Jbeil, l’un des tout premiers au Liban. À une époque où l’éducation technique n’en était qu’à ses balbutiements, il en a perçu tout le potentiel. Il a voulu offrir aux jeunes Libanais un tremplin vers un avenir réel en leur apprenant des métiers d’avenir : mécanique, électricité, métiers industriels. La guerre au Liban éclate, et la famille Abi Saab part pour la France, mais le lycée tient bon, confié alors au père Michel, le frère d’Edmond, qui, épaulé d’un autre frère, poursuivra cette mission contre vents et marées.

« C’est ainsi que l’histoire a commencé. Ils ont essayé de tenir le coup, malgré les hauts et les bas que le pays a connus pendant toutes ces décennies », raconte Thierry Abi Saab, le fils d’Edmond, revenu au Liban il y a quinze ans. Chef de formation, hôtelier de cœur, il a roulé sa bosse aux quatre coins du monde : la France, l’Australie, Tahiti. Pendant plus de vingt ans, il a dirigé un hôtel à Lille, toujours habité par cette passion. Et un jour, le déclic : « Pourquoi ne pas revenir au Liban, continuer mon métier et apporter mon savoir-faire chez moi ? » se demande-t-il alors.

Et le rêve recommence, à sa façon. « Je suis revenu avec mes bagages, et nous avons construit un hôtel baptisé L’Hôtel de mon père. C’était un clin d’œil à mon père. En parallèle, il y a l’école juste à côté. C’est un lieu un peu atypique, car le lycée se trouve dans le même espace que l’hôtel », ajoute Thierry.

Un jour, son père lui propose de reprendre la mission éducative. Aujourd’hui, directeur général du lycée, Thierry entame un travail titanesque de rénovation. « Avec l’équipe, nous avons entrepris, petit à petit, de nombreux travaux, car le lycée avait vraiment besoin d’être remis en état, de A à Z. Alors, selon nos moyens, année après année, mois après mois, nous avons restructuré le bâtiment, restauré les infrastructures internes, l’intendance… Aujourd’hui, le lycée a déjà beaucoup progressé. Il reste encore beaucoup à faire, bien sûr, mais au regard de ce que nous avons accompli, c’est déjà une belle réussite. »

Et surtout, il introduit ce qu’il connaît le mieux : l’hôtellerie, la restauration, la gestion et la cuisine. Tout un pan de l’enseignement jusque-là absent. Il compose une équipe de professionnels aguerris, certains venant du Casino du Liban, d’autres de grands établissements, et crée un cursus complet pour former les jeunes aux métiers de l’horeca.

Mais ce lycée n’est pas qu’un établissement technique, c’est aussi un lieu à forte vocation sociale. Fidèle à la volonté de son fondateur, il accueille des élèves venus de milieux modestes, parfois orphelins, enfin ceux qui ne pouvaient pas bénéficier d’un accès à l’éducation. « Et j’ai gardé cette mission », confie Thierry. Grâce à des frais très abordables, et en partenariat avec le ministère des Affaires sociales, l’école leur offre une chance, une vraie.

Et les résultats sont là. Les élèves trouvent des stages, travaillent dans les restaurants et hôtels de Jbeil, de Beyrouth, et même à l’étranger. « Les élèves ont travaillé avec de nombreux hôtels et restaurants de la région, qui nous sollicitent d’ailleurs très souvent, pour des extras ou, dès l’obtention de leur diplôme, afin qu’ils puissent exercer leur métier. »

Thierry cherche toujours des opportunités à ces jeunes talents, des possibilités de bourses, grâce à des partenariats avec des instituts gastronomiques en France. Une belle reconnaissance, pour ces jeunes passionnés et brillants.

De nouvelles formations verront bientôt le jour

Aujourd’hui, le lycée est en pleine effervescence. Des projets fusent. De nouvelles formations verront bientôt le jour : aide-soignant, aide-infirmier, aide-comptable, éducation physique. Et ce n’est pas tout : « l’Hôtel accolé au lycée pourrait bientôt devenir un hôtel d’application, le tout premier au Liban », confie Thierry avec fierté. Un espace unique où théorie et pratique se mêleraient, où les élèves pourraient apprendre dans des conditions concrètes. Un pont entre la théorie en classe et le monde professionnel. Et pourquoi pas, un jour, un programme d’échange avec un lycée hôtelier à Paris…

Il y a, dans la voix du directeur, une émotion vraie. Il parle de cette aventure avec cette ferveur qu’on reconnaît chez ceux qui sont fiers de leurs origines et rêvent de nouveaux horizons. « Ce qui me passionne, dit-il, c’est transmettre. Donner une chance. Ouvrir des portes. C’est une vocation. »

De père en fils, l’engagement est contagieux. Transformé, peut-être, adapté au monde d’aujourd’hui, mais profondément fidèle à l’idéal de départ.


Il est des lieux où le temps ne s’arrête jamais vraiment. Où les pierres, les murs et les souvenirs vibrent encore au son des voix de ceux qui les ont bâtis. Le lycée technique fondé en 1960 à Jbeil est de ceux-là. Un établissement pas tout à fait comme les autres, né d’un rêve et d’une volonté farouche de transmettre. C’est là que commence cette histoire, ou plutôt cette aventure éducative, car c’en est bien une, profondément enracinée dans l’amour du savoir et de la jeunesse. Tout est question de passion, de motivation et de nouveaux horizons.Edmond Abi Saab, sociologue franco-libanais formé à Paris, a fondé le lycée technique de Jbeil, l’un des tout premiers au Liban. À une époque où l’éducation technique n’en était qu’à ses balbutiements, il en a perçu tout le potentiel. Il a...
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Immense et magnifique réalisation, puisse ce Lycée d'excellence former de nombreux jeunes à ces metiers si essentiels pour le Liban.

Avette

22 h 49, le 22 juin 2025

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Commentaires (1)

  • Immense et magnifique réalisation, puisse ce Lycée d'excellence former de nombreux jeunes à ces metiers si essentiels pour le Liban.

    Avette

    22 h 49, le 22 juin 2025

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