
Des manifestantes en signe de solidarité avec le mouvement iranien devant le consulat d’Iran à Istanbul, le 29 septembre 2022. Photo d'archives Yasin Akgul/AFP
Le régime iranien est soumis à une forte pression face aux frappes israéliennes qui continuent de viser des hauts responsables, l’appareil sécuritaire et les médias d’État, en plus de la population civile.
Cependant, malgré les vagues répétées de protestations à l’échelle nationale depuis plusieurs décennies, l’opposition iranienne reste fragmentée entre divers groupes rivaux et courants idéologiques, et elle semble n’avoir qu’une présence organisée limitée à l’intérieur du pays.
Voici quelques-uns des groupes ou blocs d’opposition :
Les monarchistes
Le dernier shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, a fui le pays en 1979 à l’approche de la révolution. Il est mort en exil en Égypte en 1980. Son fils, Reza Pahlavi, héritier du Trône du Paon lorsque la dynastie a été renversée, est désormais basé aux États-Unis. Il plaide pour un changement de régime par la désobéissance civile non violente et appelle à un référendum sur un nouveau gouvernement. S’il bénéficie du soutien de nombreux membres de la diaspora iranienne favorables à un retour de la monarchie, il est difficile d’évaluer la popularité de cette idée à l’intérieur du pays. La plupart des Iraniens sont trop jeunes pour avoir connu la vie avant la révolution, et le pays est aujourd’hui très différent de celui que le père de Reza Pahlavi a quitté il y a 46 ans.
Bien que certains Iraniens regardent l’ère pré-révolutionnaire avec nostalgie, beaucoup d’autres se souviennent également des inégalités et de l’oppression qui y régnaient. Par ailleurs, même parmi les monarchistes, des divisions persistent.
L'organisation des Moujahidines du peuple
Les Moujahidines étaient un groupe gauchiste influent qui menait des campagnes d’attentats contre le gouvernement du Shah et les cibles américaines dans les années 1970, avant de rompre avec les autres factions. Souvent désigné par son nom persan Moujahidine-e-Khalq ou par les acronymes MEK ou MKO, ce groupe est très controversé. De nombreux Iraniens, même parmi les opposants farouches au régime islamique, ne lui pardonnent pas d’avoir pris le parti de l’Irak contre l’Iran pendant la guerre de 1980 à 1988.
C’est ce groupe qui a révélé publiquement en 2002 l’existence d’un programme secret d’enrichissement d’uranium en Iran. Toutefois, il ne semble plus avoir de présence active à l’intérieur du pays depuis des années. En exil, son dirigeant Massoud Rajavi n’a pas été vu depuis plus de 20 ans, et son épouse Maryam Rajavi a pris la tête du mouvement. Des organisations de défense des droits humains l’ont accusée de pratiques sectaires et d’abus envers ses membres, ce que le groupe nie.
Le MEK est la principale composante du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), dirigé par Maryam Rajavi et actif dans de nombreux pays occidentaux.
Les groupes minoritaires ethniques
Les minorités kurde et baloutche, majoritairement sunnites, ont souvent exprimé leur mécontentement envers le pouvoir central chiite et persanophone de Téhéran. Plusieurs groupes kurdes mènent depuis longtemps une opposition organisée à la République islamique dans l’ouest du pays, où ils sont majoritaires, et ils ont mené à certains moments une véritable insurrection contre les forces gouvernementales.
Dans le Baloutchistan, à la frontière pakistanaise, l’opposition à Téhéran va de groupes soutenant des chefs religieux sunnites cherchant davantage d’espace au sein du système islamique à des jihadistes armés liés à el-Qaëda.
Lors des grands mouvements de protestation qui ont secoué l’Iran, les manifestations ont souvent été les plus intenses dans les zones kurdes et baloutches. Néanmoins, dans aucune de ces régions il n’existe de mouvement unifié capable de représenter une menace claire pour le pouvoir en place.
Les mouvements de protestation
Des centaines de milliers d’Iraniens ont manifesté à différentes reprises au fil des décennies. Après l’élection présidentielle de 2009, des manifestations massives ont éclaté à Téhéran et dans d’autres villes pour dénoncer des fraudes électorales au profit du président sortant Mahmoud Ahmadinejad, face à son rival Mir Hossein Moussavi. Le « Mouvement Vert » de Moussavi a été réprimé, et Moussavi, ainsi que son allié politique Mehdi Karoubi, ancien président du Parlement, ont été placés en résidence surveillée.
Ce mouvement, qui prônait une réforme démocratique à l’intérieur du système de la République islamique, est désormais considéré comme éteint.
En 2022, d’importantes manifestations ont de nouveau éclaté en Iran, cette fois centrées sur les droits des femmes. Le mouvement « Femme, Vie, Liberté » a duré plusieurs mois, mais il n’a pas débouché sur la création d’une organisation ou d’un leadership structuré. De nombreux manifestants ont fini par être arrêtés et emprisonnés.
Ce repère est une traduction, réalisée par L'Orient-Le Jour, d'un article publié en anglais par l'agence Reuters.