Municipales au Liban-Sud : baisse significative du taux de participation | En direct

Jezzine

La liste "Ensemble pour Jezzine", soutenue par le Courant patriotique libre et l’ancien député Ibrahim Azar, est en tête, et les résultats jusqu’à présent indiquent qu’elle remporte l’ensemble des sièges.

Dans une déclaration en direct du ministère de l'Intérieur, le Premier ministre, Nawaf Salam, a remercié « tous ceux qui ont contribué à la réussite du processus électoral. »

Il a ajouté : « Nous nous préparons désormais aux élections législatives, et nous allons élaborer un projet de loi électorale qui corrigera les lacunes existantes. » Il a également affirmé : « Je suis satisfait de cette échéance électorale, et nous avons tiré des leçons des failles rencontrées. »

Le ministre de l’Intérieur et des Municipalités, Ahmad Hajjar, a affirmé qu’il avait reçu un certain nombre de plaintes qu’il a suivies avec les services de sécurité, précisant qu’aucune irrégularité ni ingérence en faveur d’un quelconque camp n’a été constatée. 

Il a souligné que les taux de participation étaient faibles par rapport à ceux de 2016, mais qu’après neuf ans d’absence, le peuple libanais avait exercé son droit démocratique, ce qui est selon lui « l’essentiel ». Il a aussi ajouté que « la victoire par acclamation est un processus démocratique sain et ne présente aucune irrégularité d’un point de vue légal ». Cent-neuf municipalités ont remporté les élections par acclamation au Liban-Sud.

Le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, prononcera un discours ce soir lors de la « célébration de la victoire » à Jezzine.

L’armée libanaise a annoncé, dans un communiqué, que ses unités déployées sur le terrain continueront de prendre les dispositions nécessaires pour accompagner le processus électoral jusqu’à l’achèvement du dépouillement et l’annonce des résultats.

Elle a par ailleurs appelé les citoyens à s’abstenir de tirer des coups de feu lors de la proclamation des résultats, afin d’éviter de mettre en danger la vie d’autrui, notamment dans le contexte sensible que connaît actuellement le sud du pays.

En infographie, le taux de participation au Liban-Sud à la fermeture des bureaux :

À l’heure de la fermeture des bureaux de vote, les taux de participation publiés par le ministère de l’Intérieur sont les suivants :

Caza de Saïda : 41 % ;

Caza de Tyr : 36 % ;

Caza de Jezzine : 41,37 % ;

Caza de Nabatiyé : 41,35 % ;

Caza de Hasbaya : 35,38 % ;

Caza de Marjeyoun : 30,40 % ;

Caza de Bint Jbeil : 26,50 %.

Tous les cazas enregistrent une baisse significative du niveau de participation par rapport aux municipales de 2016. Les plus notables sont à Bint Jbeil et Marjeyoun, théâtres du conflit entre le Hezbollah et Israël, où les taux de participation sont passés de 42,5 % à 26,83 % pour le premier, et de 43,20 % à 30,66 % pour le second.

Le tableau de suivi général des plaintes liées aux élections municipales a montré que le nombre total de plaintes reçues jusqu'à présent s’élève à 214. Parmi celles-ci, 184 sont de nature administrative, 25 concernent les médias et 5 sont de nature sécuritaire.

Les bureaux de vote au Liban-Sud ont fermé à 19h. Le dépouillement va commencer sous peu.

Aktanit, dans le caza de Zahrani

Dans cette municipalité, d’où est originaire le chef de l’armée, Rodolphe Haykal, deux listes s’affrontent : l’une soutenue par les Forces libanaises (« Ensemble pour Aktanit »), ayant déjà remporté les municipales en 2016, et l’autre « indépendante » (« Parce qu’Aktanit mérite de vivre »). C’est cette dernière qui a les faveurs de Mira Jabbour Atallah, 37 ans, et Christelle, mère trentenaire de deux enfants.

La première , dont la mère est originaire du village mais qui ne vote pas elle-même ici, lance à nos journalistes sur place que la municipalité « mérite que des jeunes et des personnes indépendantes prennent les rênes, au lieu d’une ancienne liste qui n’a rien fait depuis neuf ans ». Christelle, elle, a voté « pour les nouveaux, car (elle) pense qu’ils incarnent davantage (ses) valeurs et ce qu’(elle) aspire à voir dans le village ».

Inaam Hayek, 75 ans, résidente du village, vote quant à elle pour la liste soutenue par les FL. « Le village mérite d’avoir une infirmerie, de ne pas voir nos terres vendues et d’avoir des personnes qui veulent travailler pour notre village », abonde-t-elle.

Les taux de participation ont augmenté de près de 10 % ces deux dernières heures, selon les chiffres actualisés du ministère de l’Intérieur. Ils dépassent les 30 %, à l’exception des cazas de Marjeyoun et Bint Jbeil, durement touchés pendant la guerre.

- Caza de Saïda : 36 % ;

- Caza de Tyr : 32 % ;

- Caza de Jezzine : 38 % ;

- Caza de Nabatiyé : 35 % ;

- Caza de Hasbaya : 30 % ;

- Caza de Marjeyoun : 27 % ;

- Caza de Bint Jbeil : 23 %.

Le tableau de suivi général des plaintes liées aux élections municipales a montré que le nombre total de plaintes reçues jusqu'à présent s’élève à 193. Parmi celles-ci, 166 sont de nature administrative, 23 concernent les médias et 4 sont de nature sécuritaire.

Ghaziyé

À Ghaziyé, près de Saïda, bien que les élections municipales aient été remportées par acclamation (par Amal), la bataille pour les sièges de mokhtar se poursuit, selon notre journaliste sur place. Il s'agit d'une lutte familiale entre les Ghaddar et Khalifeh, deux grandes familles locales, qui - comme lors du scrutin de 2016 - s'étaient unies pour les sièges au conseil municipal.

Marjeyoun

L’armée s’est déployée autour d’un centre de vote dans le « quartier des écoles » après un incident. Selon notre correspondant au Liban-Sud, plusieurs personnes sont entrées dans le centre en question et ont eu des échanges verbaux tendus avec les forces de sécurité à l’intérieur, mais aussi avec l’armée à l’extérieur. Un cas d’évanouissement a été signalé parmi les personnes présentes sur les lieux, alors que la tension demeure dans le quartier.

Un électeur dans un bureau de vote de Tyr. Photo Matthieu Karam / L'OLJ

Espoir d'un « changement de la réputation » de Haret Saïda

À Haret Saïda, Mohammad Saleh, un trentenaire, affirme avoir voté pour la liste du tandem, bien qu'il ne soit pas très satisfait de certains candidats. « Il y aurait du y avoir des candidats plus qualifiés, avec de meilleures relations », affirme-t-il à L'OLJ, espérant que le nouveau conseil « améliorera l'image » du village. Selon lui, la réputation de « voyoux » des habitants du village nuit à sa popularité et son économie.

Photo Tasnim Chaaban / L'OLJ

À Haret Saïda, le tandem chiite face à un unique candidat

Dans le village de Haret Saïda, un seul candidat indépendant fait face à la liste du tandem chiite. Le candidat a refusé de se retirer de la course malgré les tentatives de compromis menés par le président de la Chambre, Nabih Berry. Un responsable de la branche locale du mouvement Amal estime que le village « a besoin que les routes et jardins soient entretenus, mais rien n'a été fait » et qu'au cours des neuf dernières années, le conseil municipal n'a rien fait. Aucun des membres sortants de ce conseil ne se représentent, selon les informations à disposition, mais la tête de la liste du tandem est le frère du président sortant de la municipalité.

À Roum, une « bataille familiale » plus que politique, selon un électeur

À Roum (Jezzine), Maroun Nicholas Haddad, un homme de 63 ans issu d'une famille de moukhtars, a affirmé à L'Orient Today qu'il voterait pour la liste « les familles de Roum », soutenue par le Courant patriotique libre et le Hezbollah. Il pense qu'elle n'est pas qualifié pour « faire grand chose pour le village », à l'instar de la liste concurrente soutenue par les FL, mais qu'elle « le représente plus ».

De son côté, Joseph Haddad, chef du syndicat des restaurants de Jezzine, annonce son intention de voter pour l'autre liste. Il espère que le prochain conseil municipal rouvrira l'école du village, fermée par manque d'élèves. Il estime que ces élections ne sont pas une bataille politique, mais plutôt familiale.

Des bagarres ont éclaté, impliquant chacune plusieurs dizaines de personnes, à Saïda, devant des bureaux de vote situés devant le centre culturel Maarouf Saad et l'école américaine, selon des vidéos transmises par notre correspondant Mountasser Abdallah.

Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, les taux de participation ont dépassé les 20 %, à l'exception des caza de Marjeyoun et Bint Jbeil. Ils se répartissent comme suit :

— Caza de Saïda : 23 % ;

— Caza de Tyr : 21 % ;

— Caza de Jezzine : 28 % ;

— Caza de Nabatiyé : 23 % ;

— Caza de Hasbaya : 22 % ;

— Caza de Marjeyoun : 18 % ;

— Caza de Bint Jbeil : 16 %.

Photo Matthieu Karam / L'OLJ

Une électrice du Hezbollah déplore que des candidats indépendants se soient présentés face au tandem

À Deir Kanoun el-Nahr, Mariam, 45 ans, responsable au sein du Comité sanitaire islamique, les secouristes du Hezbollah, déplore que les candidats ne soient pas parvenus à une élection d'office du conseil municipal. « C'est malheureux, parce que nous sommes le village des martyrs », ajoute-t-elle, regrettant que d'autres candidats « qui ne sont pas à la hauteur » se soient présentés face à la liste du tandem chiite. Elle affirme que la candidate indépendante est « contre la résistance » depuis toujours.

À Roum (caza de Jezzine), où des alliances « contre-nature » ont eu lieu, avec le CPL soutenu par le Hezbollah et les FL par le mouvement Amal, une sexagénaire affirme que, si elle vote toujours, c'est la première fois qu'elle ne le fait pas de gaieté de coeur. En cause ? Le fait qu'elle ne connait personne sur les listes. « Je déciderai quand je serai dans le bureau de vote, comme d'habitude », ajoute-t-elle.

Retour à Jezzine où Fadi, un quadragénaire, confie avoir quitté le CPL en 2020 « parce qu'ils continuaient d'échouer ». Il indique ne pas encore savoir pour qui il va voter. Selon lui, les Forces libanaises et le CPL ont tous deux promis de construire des projets touristiques autour des chutes, symbole de la ville, mais qu'il n'y croit pas. « Comme si ça allait vraiment avoir lieu ».

Photo Matthieu Karam / L'OLJ

Dans le village natal de Hachem Safieddine, une électrice refuse de voter pour le Hezbollah et les « traîtres »

À Deir Kanoun el-Nahr, village dont est originaire Hachem Saffieddine - qui aurait du succéder au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, mais a été éliminé début octobre dans une frappe israélienne — une femme affirme qu'elle ne va pas voter pour le tandem chiite, contrairement à son habitude, « à cause de la guerre ». Elle affirme qu'elle va donner son vote à une des candidates indépendantes, qui se présentent seules face à la liste du mouvement Amal et du Hezbollah. « Je veux des gens qui travaillent. Je ne veux pas de traîtres », affirme cette électrice anonyme à L'OLJ, soulignant que « la moitié du Hezbollah étaient des collaborateurs qui ont tué le sayyed », Hassan Nasrallah. « Nous sommes avec la résistance et contre Israël, mais nous n'acceptons pas les erreurs », insiste-t-elle.

Sur la route menant au village, des voitures circulent avec des drapeaux du parti chiite, et des portraits géants de Hachem Safieddine sont installés.

Retour à Jezzine où Fadi, un quadragénaire, confie avoir quitté le CPL en 2020 « parce qu'ils continuaient d'échouer ». Il indique ne pas encore savoir pour qui il va voter. Selon lui, les Forces libanaises et le CPL ont tous deux promis de construire des projets touristiques autour des chutes, symbole de la ville, mais qu'il n'y croit pas. « Comme si ça allait vraiment avoir lieu ».

À Marjeyoun, on vote « pour protéger le Liban »

Massoud Samara, un homme de 82 ans venu de Beyrouth, a voté à Marjeyoun. Il affirme à notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, ne pas craindre la situation sécuritaire. « Nous tenons à cette terre, nous sommes venus voter pour protéger le Liban et Marjeyoun », a-t-il lancé.

« Je veux que Jezzine devienne une destination touristique »

Thedra Helou, une femme de 53 ans qui porte un tee-shirt du Courant patriotique libre, a affirme à L'OLJ vouloir « que Jezzine devienne une destination touristique ». « Il y a eu des projets pour des constructions autour de nos cascades, je veux les voir se réaliser »

La quinquagénaire explique qu'elle n'a initialement pas été autorisée à entrer dans le bureau de vote à cause de sa tenue, mais qu'après avoir insisté, elle avait pu finalement voter.

Jimielle, 26 ans, a de son côté indiqué avoir voté « pour des jeunes ». « Je les connais personnellement, je suis très intéressée par le développement des ressources en eau, la durabilité et le développement... Je n'aime pas la politique et je suis triste de ne pas voir de représentants de la société civile ou d'indépendants se présenter... mais je suis quand même contente de la représentation des jeunes. »

Le commandant en chef de l'armée supervise les opérations dans le Sud

Le commandant en chef de l'armée libanaise, Rodolphe Haykal, a supervisé les opérations sécuritaires dans le Sud depuis la caserne Mohammad Zgheib de Saïda et une caserne de Biyada, dans le Sud. Il a affirmé à l'occasion que « le succès des élections est la preuve que les habitants du Sud sont attachés à leur terre ». « La présence de l'armée est l'un des plus importants facteurs de réconfort et de détermination » pour ces habitants du Sud, a-t-il insisté, alors que l'armée s'est redéployée au sud du Litani, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, et est chargée d'y démanteler les infrastructures du Hezbollah.

« Notre message est que l'armée se tient fermement aux côtés des Libanais et que l'ennemi israélien, qui continue de violer la souveraineté du Liban et d'occuper une partie de son territoire, ne dissuadera pas l'institution militaire de s'acquitter au mieux de ses missions », a-t-il lancé.

Suspicion de « manipulation des votes » à Jezzine

À Jezzine, les électeurs ne divulguent pas pour qui ils ont voté. De nombreux délégués sont présents sur le terrain, bien plus que des électeurs.

Sur place, des agents de la sécurité de l'État a indiqué à L'Orient-Le Jour qu'ils s'étaient déployés dans la zone après avoir reçu le signalement de deux représentants qui « tentaient de manipuler les votes dans les urnes ». L'un d'entre eux a été expulsé et l'autre n'a pas été localisé, selon eux. « Ils sont entrés alors qu'ils n'en avaient pas le droit, et une bagarre s'en est suivie », ont-ils ajouté. Ils ont noté qu'il ne s'agissait pas d'une grosse bagarre et que l'incident a été rapidement clos.

Paroles d'électrices à Jezzine

Cynthia, une femme de 36 ans devant le lycée public de Jezzine, a indiqué à L'OLJ qu'elle avait voté pour des personnes dont elle pensait qu'elles travailleraient dur pour le bien de la localité. Malgré cela, elle a fait remarquer qu'elle ne veut pas que les choses changent, car elle « aime la ville telle qu'elle est ».

Une femme d'une trentaine d'années, qui souhaite rester anonyme, a quant à elle un point de vue différent sur la situation actuelle de Jezzine : « Je veux que tout change. Je veux qu'ils construisent des écoles, des universités, des hôpitaux. J'ai voté aujourd'hui parce que j'en ai assez de voir toujours les mêmes personnes se faire élire ».

De son côté, Jeannette el-Asmar a salué « une plus grande représentation des femmes et des jeunes sur les deux listes... Nous souhaitons le meilleur pour le vainqueur, ce qui est important c'est qu'il travaille pour Jezzine loin de toute affiliation politique. »

131 plaintes reçues par le ministère de l'Intérieur et quelques disputes

Le ministère de l'intérieur a annoncé que le nombre de plaintes reçues par les autorités concernant le déroulement du scrutin s'élevait jusqu'à présent à 131, selon des propos cités par l'ANI.

Selon des informations de l'agence officielle, une dispute s'est produite dans le bureau de vote numéro 8 de Nabatiyé et que le vote avait été interrompu temporairement le temps de la résoudre. Pendant ce temps, à Chama (caza de Tyr), une bagarre a éclaté entre des électeurs au centre culturel Bassel el-Assad, sans toutefois impacter le déroulement du vote.

Photo Tasnim Chaaban / L'OLJ

Face à face tendu à Jezzine entre le CPL et les FL

À l'entrée de Jezzine, des tentes du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) et des Forces libanaises se font face. Les hymnes des partis retentissent dans des haut-parleurs. Près des écoles où sont installés les bureaux de vote, la présence de l'armée libanaise et de la Sécurité de l'Etat est importante, et la situation semble tendue, selon nos journalistes sur place.

Les taux de participation dans les différents cazas du Sud, selon le ministère de l'Intérieur :

— Caza de Saïda : 19,7 % ;

— Caza de Tyr : 17,33 % ;

— Caza de Nabatiyé : 19,29 % ;

— Caza de Bint Jbeil : 13,87 % ;

— Caza de Marjeyoun : 16,07 % ;

— Caza de Hasbaya: 19,25 % ;

— Caza de Jezzine: 24,39%.

Dans un bureau de vote de l'école Bizri de Saïda, un électeur s'est évanoui juste après avoir voté et a été emmené à l'hôpital, selon notre correspondant Mountasser Abdallah.

Dans les villages entre Saïda et Jezzine, tous les magasins et restaurants sont fermés et les routes sont quasiment désertes, selon nos journalistes sur place. Le long des routes, des bureaux de vote sont modérément remplis, avec un flux normal d'électeurs.

Photo Matthieu Karam / L'OLJ

Entre le Hezbollah et Amal, « il y a plus de solidarité, il y a le sang des martyrs »

Dans un café de Tyr, une dame attend avant d'aller voter. « Je vote pour le tandem, mais je suis plutôt pro-Amal. Depuis la fin de la guerre, il y a davantage de solidarité entre nous, il y a le sang des martyrs », dit-elle. « Avant, je reprochais au Hezbollah 'avoir ouvert le front » du Liban-Sud contre Israël, le 8 octobre 2023, « mais Israël allait nous bombarder dans tous les cas, ajoute-t-elle. On aurait peut être dû continuer cette guerre pr montrer ce dont on est capable ». « Sans la résistance, les Israéliens seraient arrivés jusqu'à Tyr », estime-t-elle.

Dans un message sur X, le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, a estimé que les habitants du Liban-Sud « montrent l'attachement à leur terre ». Il a appelé à voter massivement « pour que le Sud reste libre ».

Le CPL est principalement en lice dans la ville de Jezzine, au Liban-Sud, face aux Forces libanaises.

« Les gens attendent pour voter... pour demander de l'argent »

S'exprimant sous couvert d'anonymat, un commerçant d'une soixantaine d'années, près du bureau de vote dans l'école secondaire Mourjan de Saïda glisse à L'OLJ : « Les gens attendent la fin de la journée pour voter, parce qu'ils savent qu'à ce moment-là, ils peuvent demander de l'argent aux candidats... Moi, j’ai voté tôt le matin. J’ai voté pour des gens expérimentés, des médecins et des ingénieurs, pas pour des jeunes. On a besoin de personnes avec de l’expérience pour mieux gérer le pays. »

Photo Marguerita Sejaan / L'OLJ

Tensions lors du vote d'Ahmad Hariri à Saïda

À l’école secondaire Mourjan, à Saïda, la situation est plus tendue que devant d'autres bureaux. Des soldats crient pour éloigner les électeurs et passants de l’entrée, qui reste principalement fermée et à travers laquelle les citoyens passent l'un après l'autre après le contrôle des cartes d'identité. « Des gens repartent sans voter parce qu’ils sont fatigués de rester debout sous le soleil », se plaint un passant.

Un observateur de la LADE (Association libanaise pour des élections démocratiques) posté devant l’établissement a indiqué à notre journaliste que des tensions sont survenues lorsqu'Ahmad Hariri, le secrétaire général du Courant du Futur, est arrivé. « Les soldats ont été obligés de faire sortir tout le monde et ont dû suspendre le vote jusqu’à son départ. Mais ensuite, tout est revenu à la normale. Jusqu’à présent, à Saïda, tout se déroule bien et sans incident. »

« Je n'ai pas voté pour ceux qui me vendent du rêve »

À Saïda, Hala Ibrik, une femme de 37 ans qui travaillait pour la chaîne de télévision al-Jadeed et est actuellement professeur de théâtre dans la ville, a indiqué avoir panaché son vite à travers les listes, espérant que les candidats qu'elle a sélectionnés « feront quelque chose pour la ville ». « Saïda a besoin de beaucoup de travail, mais la municipalité est en faillite et n'a pas les fonds pour financer des projets de grande envergure. Je n'ai pas voté pour ceux qui me vendent du rêve, j'ai voté pour ceux qui peuvent réellement faire quelque chose, pour différentes personnes de différents bords politiques », indique-t-elle à L'OLJ. Elle souligne qu'elle souhaite voir « les femmes soutenues dans les régions sous-développées, le soutien des équipes de sport de la ville, et des projets pour sortir Saïda de la faillite ».

La LADE signale plusieurs incidents, dont l'agression d'un candidat à Tyr

L'Association libanaise pour des élections démocratiques, la LADE, qui surveille le bon déroulement du scrutin avec des observateurs dans les différentes régions, a relevé plusieurs infractions et incidents lors des premières heures de vote dans le Sud.

Elle a entre autres fait état d'une « agression » contre Hassib Audi, un candidat de la liste « Tyr Madinati », qui fait face à celle du tandem chiite. Le candidat s'exprimait dans les médias lorsque des partisans d'une liste concurrente s'en sont pris verbalement et physiquement à lui.

Elle a également relevé un certain « chaos » dans un bureau de vote de Kfarhatta (Saïda), où des « pressions » sont exercées par des délégués accompagnant les électeurs dans le bureau.

À Khiam, des électeurs malgré les risques sécuritaires

Yasser Chamoun, un homme de 36 ans originaire de Khiam (caza Marjeyoun), a affirmé à notre journaliste Mohammad Yassine que certaines personnes étaient venues de Beyrouth pour voter malgré les risques sécuritaires de sécurité, tandis que d'autres avaient décidé de ne pas venir sur place, soit par peur, soit faute d'endroit où se loger, soit pour des raisons financières. « Mais la situation est bonne et le vote se déroule dans une atmosphère démocratique », a-t-il déclaré. Le conseil municipal de Khiam a été élu d'office et les électeurs sont donc sur place pour élire les moukhtars de la localité, avec neuf candidats en lice pour quatre places.

Khiam a été lourdement bombardée par l'armée israélienne puis a été au coeur de deux semaines de combats intenses entre les soldats israéliens et le Hezbollah, lors de l'offensive terrestre israélienne en territoire libanais.

Le ministère de l’Intérieur a publié les taux de participation à 11h, avec une comparaison par rapport à ceux de 2016, date des dernières municipales :

Total des deux mohafazats (Sud et Nabatiyé)

— 2016 : 12,75 %

— 2025 : 9,53 %

Caza de Nabatiyé

— 2016 : 12 %

— 2025 : 9,97 %

Caza de Hasbaya

— 2016 : 16 %

— 2025 : 9,03 %

Caza de Marjeyoun

— 2016 : 12 %

— 2025 : 8,26 %

Caza de Tyr

— 2016 : 9 %

— 2025 : 9,29 %

Caza de Bint Jbeil

— 2016 : 15 %

— 2025 : 7,17 %

Caza de Jezzine

— 2016 : 17 %

— 2025 : 14,47 %

Caza de Saïda

— 2016 : 10,07 %

— 2025 : 10,49 %

« Contacts diplomatiques rassurants » pour la situation dans le Sud, affirme Hajjar de Chebaa

De Chebaa, dans le caza de Hasbaya, le ministre de l'Intérieur, Ahmad Hajjar, a inspecté le bon déroulement des élections, selon l'Ani. « Tous les contacts diplomatiques sont rassurants » concernant le Sud, « et nous sommes attachés à la souveraineté de l'État qui est présent aux côtés du peuple », a-t-il déclaré. « La reconstruction a commencé dans l'esprit avant, avant de commencer avec les briques, et malgré les faibles capacités, la volonté du peuple est plus forte », a ajouté M. Hajjar. « L'État ne se reposera pas jusqu'à ce que tous les habitants de Chebaa soient à l'aise, et que chaque partie de son territoire soit libérée » de l'occupation israélienne.

« Il n'y a presque pas de pression » à Saïda, pour une électrice septuagénaire

Pour une électrice d'environ 70 ans à Saïda, qui a souhaité rester anonyme, « les élections d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec celles d'avant ».

« Avant, les candidats et les électeurs se battaient. Mais aujourd'hui, tout est détendu, j'ai l'impression qu'il n'y a pas de compétition violente. En tant qu'électeurs, nous avons l'impression d'avoir la liberté totale de voter pour qui nous voulons, il n'y a presque pas de pression ».

« La première chose que j'aimerais voir se réaliser, c'est la gestion des déchets, et plus de calme et de paix pour cette ville et ce pays », lance une autre électrice. Une femme d'une vingtaine d'années estime, elle, que les choses ne vont pas changer. « Je vais à Tyr et à Beyrouth, et je les vois pleins de vie, j'aimerais voir ce dynamisme ici. Saïda est oubliée, tout est calme à 19 heures ».

À Saïda, un électeur espère « une solution pour les enfants qui mendient et les chiens errants »

Une sexagénaire à Saïda, qui préfère rester anonyme, affirme à L'OLJ qu'elle a voté « pour la sécurité et le changement », déplorant que Saïda est « l'une des villes les plus oubliées du Liban, comme Tripoli ».

« J'aimerais que la municipalité trouve une solution pour les enfants qui mendient dans la rue et pour les chiens errants, et qu'elle éclaire les rues car les entrées sont extrêmement dangereuses », souligne de son côté Abou Majd, la vingtaine. Il regrette qu'il y ait à Saïda une « majorité évidente qui va gagner », mais espérer quelques percées... sans trop y croire.

Près de la corniche maritime de Tyr, Bilal, un résident de Aïta el-Chaab, village frontalier détruit par l'armée israélienne, affirme qu'il va aller voter à Tiri pour les moukhtars, le conseil municipal ayant été élu d'office dans son village.

À Saïda, « enthousiasme et participation incroyable »

Dans un bureau de vote de Saïda, Ahmad Sobhi Habli, un délégué d'un candidat au poste de moukhtar se félicite de « l'enthousiasme » du vote, avec « un taux de participation incroyable ». « Les gens de Saïda veulent du changement, bien plus que ceux de Beyrouth. J'ai l'impression qu'ils veulent des gens plus jeunes » au conseil municipal, estime-t-il.

Il raconte encore avoir rencontré « quatre jeunes filles qui votaient pour la première fois, non pas parce qu'elles avaient l'âge légal, mais parce qu'elles voulaient soutenir des listes qui se battent pour le changement ».

Dans le même bureau, une quadragénaire dont le mari est originaire de Saïda, a indiqué à L'Orient-Le Jour avoir « voté pour le changement ». « Ca fait du bien de voter pour des jeunes qui se battent pour changer l'idéologie en place à Saïda », affirme-t-elle.

« La municipalité, je m'en fous »

À Tyr également, un homme - qui ne veut pas donner son nom - précise à L'OLJ être venu de Beyrouth jusqu’à Tyr pour uniquement voter pour le moukhtar. « C’est la famille, dit-il. La municipalité, je m’en fous. »

Le Hezbollah « plus populaire que jamais », affirme une électrice de Tyr

Toujours à Tyr, une femme vêtue tout de noir, cigarette à la bouche, explique avoir voté à Bourj Chemali, puis être venue comme déléguée à Tyr pour la liste du tandem. « Je suis la mère d'un martyr », tué par une frappe israélienne à Naqoura, raconte-t-elle, précisant qu'il a fallu « trois mois avant que la famille ne puisse récupérer son corps ». Selon elle, le Hezbollah « est plus populaire que jamais » et que les élections d'office, avant le scrutin, ne sont pas un signe de déclin de la popularité du parti.

Dans le quartier chrétien de Tyr, « tout est calme »

Devant un bureau de vote de l’école des sœurs de Saint joseph, dans le quartier chrétien, une dizaine de militaires sont déployés, et des véhicules de la Finul sont garés non loin. L'ambiance y est bon enfant et un policier affirme que « tout est calme, il n'y a pas plus calme ».

Une déléguée de la liste « Tyr Madinati », issue de la société civile, s'exprimant sous couvert de l'anonyme, « préfère ne pas parler », mais explique avoir voté en panachant des noms des différentes listes, notamment du tandem.

À Tyr, une électrice « fatiguée du tandem chiite »

À Tyr, grande ville du Sud, des patrouilles de la Force intérimaire de l'ONU (Finul) sillonnent les rues. À l'entrée-nord de la ville, des jeunes portent des casquettes du Hezbollah, tandis que la corniche longeant la mer est déserte. Dans un restaurant, narguilé à la bouche, Salwa est fière de montrer à notre journaliste Lyana Alameddine son doigt tâché d'encre violette, preuve de vote.

« J’ai voté pour la liberté et l’indépendance, lâche Salwa, venue tout droit de Jounieh, dans le Kesrouan, expliquant avoir choisi des candidats de plusieurs listes, à l'exception de celle du tandem chiite. « J’espère que l’on aura un conseil municipal qui travaillera pour la ville et non pour un parti », explique-t-elle, espérant que les autres électeurs « seront plus éveillés » et feront de même. « « J’en doute », lâche jeune homme assis près d’elle, en riant. Salwa ajoute : « Nous sommes très fatigués du tandem, je pense que beaucoup de chiites pensent la même chose, mais ne peuvent pas parler ».

Après avoir inspecté des bureaux de vote réservés aux électeurs de Kfar Kila et Adaïssé, deux villages frontaliers du caza de Marjeyoun dévastés par les frappes israéliennes, installés dans un lycée de Nabatiyé, le ministre de l'Intérieur Ahmad Hajjar s'est rendu à Marjeyoun, où il a été accueilli par le caïmacam, Wissam Hayek, selon l'Ani.

Depuis Marjeyoun, M. Hajjar a affirmé avoir « vu la détermination des habitants de la région et leur volonté vis-à-vis de la démocratie, à travers leurs votes. »

Une rue animée devant un bureau de vote de Saïda. Photo Mountasser Abdallah / L'OLJ

L'armée poursuit ses « mesures de sécurité exceptionnelles » dans le Sud

L'armée libanaise a indiqué qu'elle continuait à appliquer des « mesures de sécurité exceptionnelles » dans le Sud, « afin d'empêcher toute atteinte à la sécurité » lors du vote. Dans un bref communiqué, la troupe a précisé que ses unités continuent d'effectuer des patrouilles et ont installé des points de contrôle autour des bureaux de vote. L'armée met en outre en garde contre les tirs intempestifs et rappelle que les permis de port d'armes sont actuellement gelés jusqu'au 26 mai.

Le président d'un bureau de vote fait un malaise à Saïda, vote suspendu

Le vote a été temporairement interrompu dans un bureau de vote de Saïda, après que le président du bureau ait fait un malaise dans les toilettes, rapporte l'Ani. Ses assistants n'ont pas été autorisés à poursuivre le processus électoral en son absence. Un nouveau président de bureau a ensuite été rapidement désigné.

Peu avant 10h, les taux de participation dans les mohafazats du Liban-Sud et de Nabatiyé s'établissent comme suit, selon le ministère de l'Intérieur :

Caza de Jezzine : 7,32 %

Caza de Hasbaya : 4,56 %

Caza de Marjeyoun : 3,47 %

Caza de Bint Jbeil : 3,00 %

Caza de Nabatiyé : 4,15 %

Caza de Tyr : 4,23%

Caza de Saïda : 4,94 %

Hajjar : Le scrutin a commencé « en toute sécurité »

Le ministre de l'Intérieur, Ahmad Hajjar, a pour sa part affirmé ce matin que « les élections municipales ont commencé en toute sécurité », révélant qu'« il y a quelques lacunes logistiques dans certains villages, comme à Bazouriyé » (caza de Tyr), mais que son ministère « s'en occupe ».

« Le Liban se relève toujours des décombres », a-t-il déclaré, soulignant que « les municipalités accordent la plus grande importance au développement local, et dans ce cadre nous nous efforçons de refinancer les fonds municipaux ». Il a noté que « les plaintes reçues hier se sont révélées sans gravité », ajoutant que des arrestations ont été effectuées pour suspicion de corruption après des incidents.

Jusqu'à présent, aucun incident sécuritaire ni frappe israélienne n'a été rapporté du Sud.

Photo ANI

Aoun vote dans le caza de Jezzine

M. Aoun s'est ensuite rendu au Sérail de Nabatiyé, d'où il a déclaré : « Participer à l'édification de la ville et à son développement est un devoir : « Je félicite ceux qui ont gagné d'office et je félicite à l'avance ceux qui gagneront dans les urnes, le poste n'est pas un privilège mais une responsabilité, et vous devez être dignes de la confiance, en servant le peuple avec sincérité et dévouement. »

Enfin, M. Aoun est arrivé dans sa ville natale de Aïchiyé, dans le caza de Jezzine, où il a voté pour élire un moukhtar, après que le conseil municipal a, lui, été élu d'office. « Celui qui gagnera me représentera, qui que ce soit », a-t-il déclaré.

Aoun du Sud : Ces élections confirment que la volonté de vivre est plus forte que la mort

Depuis le sérail de Saïda, le président de la République Joseph Aoun a rendu hommage ce matin aux « âmes des martyrs du Sud, au travail des autorités sécuritaires et judiciaires, et à tous ceux qui ont contribué et contribuent au bon déroulement du processus électoral », selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).

Il a appelé « à voter massivement pour ceux qui représentent leurs aspirations pour le développement municipal, car les élections dans le Sud confirment que la volonté de vivre est plus forte que la mort, et que la volonté de construire est plus forte que la démolition ».

Paroles d'électeurs à Saïda :

Sara Sanjar, une jeune femme de 25 ans, semblait enthousiaste après avoir voté. « J'ai le droit de voter et de choisir qui me représente dans ma ville », a-t-elle lancé. « J'ai un grand espoir de changement positif. Je suis très enthousiaste et j'appelle tout le monde à voter et à participer à ce droit », a-t-elle ajouté.

Un autre électeur, Abderrahmane, a, lui, souligné : « Il est de mon devoir de participer à la formation du conseil municipal. J'ai de l'espoir pour la nouvelle ère, c'est pourquoi je suis venu voter si tôt ».

Le président d'un bureau de vote de Saïda a affirmé à L'OLJ que le processus électoral se déroulait bien jusqu'à présent, sans obstacles ni problèmes. « Tout est sécurisé ... et nous sommes en contact avec le centre des opérations (du ministère de l'Intérieur, ndlr) si nous avons besoin de quoi que ce soit », a-t-il ajouté.

Selon notre correspondant dans le Sud, Mountasser Abdallah, aucun incident n'est survenu jusqu'à présent.

À Saïda, de strictes mesures de sécurité ont été prises, avec notamment un déploiement important de l'armée libanaise autour des bureaux de vote.

Le président libanais, Joseph Aoun, et le ministre de l'Intérieur Ahmad Hajjar se sont rendus au Sérail de Saïda pour suivre le processus électoral.

Les électeurs originaires du Sud ont commencé à voter dès 7h du matin, alors que le mouvement Amal et le Hezbollah, prédominants dans la région, ont appelé leur base à voter massivement.

Le Sud a été lourdement frappé par des frappes israéliennes lors de la guerre qu'a connu le pays entre octobre 2023 et novembre 2024, avec des villages entiers détruits particulièrement le long de la frontière, dans des bombardements et des destructions systématiques de l'armée israélienne qui a occupé la zone et continue de tenir plusieurs positions en territoire libanais.

Bonjour et bienvenue dans notre couverture en direct de ce samedi d'élections municipales au Liban-Sud.

Cette journée sera la dernière consacrée au scrutin municipal dans le pays, après trois dimanches de vote dans le Mont-Liban, le Nord et le Akkar et Beyrouth et la Békaa.