
Le président du Parlement, Nabih Berry, accueillant à Aïn el-Tiné le président palestinien Mahmoud Abbas, le 22 mai 2025. Photo Mohammad Yassine / L’OLJ
Le président palestinien Mahmoud Abbas a poursuivi jeudi, au deuxième jour de sa visite officielle au Liban, sa tournée auprès des responsables, notamment le président du Parlement libanais, Nabih Berry, et le Premier ministre, Nawaf Salam. La visite du président palestinien est centrée sur la question du désarmement des camps palestiniens, alors que Beyrouth cherche à étendre son autorité sur l’ensemble du territoire. À l’issue d’une réunion avec le président Joseph Aoun mercredi, les deux hommes ont déclaré dans un communiqué conjoint que « l’ère des armes échappant à l’autorité de l’État libanais est révolue », sans toutefois donner de détails sur les modalités du désarmement des camps.
Des mesures concrètes ?
Après avoir été formellement accueilli à Aïn el-Tiné et s’être entretenu avec le chef du législatif, M. Abbas a quitté les lieux sans faire de déclaration. Il s’est ensuite rendu au Grand Sérail, où il a été reçu par Nawaf Salam. Celui-ci a salué, lors d’une cérémonie d’hommage au président Abbas, le fait que ce dernier ait rejeté la militarisation des camps palestiniens au Liban « en dehors de toute légitimité nationale ». « Au Liban, il a adopté une approche responsable, affirmant le respect de la souveraineté libanaise, rejetant la transformation des camps en lieux de conflit ou en moyens de pression, et rejetant la militarisation des camps en dehors de toute légitimité nationale », a souligné M. Salam. Il a également estimé que Mahmoud Abbas « a veillé à ce que la présence palestinienne au Liban soit un élément de stabilité et non de tension, et cherché à renforcer la communauté des réfugiés et non à l’impliquer dans des conflits dans lesquels elle n’a aucun intérêt ».
Selon nos informations, M. Abbas a réaffirmé auprès de ses interlocuteurs son attachement à la souveraineté libanaise qui doit s’étendre sur l’ensemble du territoire, y compris dans les camps de réfugiés palestiniens. Il a également souhaité que les conditions de vie dans ces camps soient améliorées. Un comité sécuritaire, incluant le directeur général de la Sûreté générale Hussein Choucair, le directeur des renseignements Tony Kahwagi et le président du Comité de dialogue libano-palestinien, Ramez Dimachkiyé, devrait être mis en place. Il sera chargé de lancer le processus de retrait des armes dans les camps. M. Abbas devrait rencontrer jeudi Azzam el-Ahmad, le secrétaire général de l’Organisation pour la libération de la Palestine, ainsi que plusieurs responsables palestiniens, afin d’établir un plan de mise en œuvre.
Plus de prétextes aux armes de la « moumanaa »
Commentant pour sa part la visite de Mahmoud Abbas, le chef des Forces libanaises Samir Geagea a salué dans un communiqué le fait que le président de l’Autorité palestinienne est « le premier président arabe à visiter le Liban sous le nouveau mandat » de Joseph Aoun et sa position « claire comme de l’eau de roche sur la question des armes palestiniennes ». Mahmoud Abbas a affirmé et répété, selon le chef des FL, « qu’il n’y a aucune nécessité à la présence d’armes palestiniennes au Liban, ni à l’intérieur des camps ni à l’extérieur. C’est une position que beaucoup de responsables libanais évitent malheureusement d’exprimer avec autant de clarté et de franchise », a-t-il indiqué. Selon lui, ces déclarations du président palestinien « réduisent à néant les prétextes derrière lesquelles se cachaient les groupes de la moumanaa, libanais et palestiniens, pour continuer à détenir des armes illégales », a-t-il ajouté, en allusion aux partis et milices de l’axe pro-iranien. Dans ce cadre, le gouvernement libanais « doit établir sans tergiverser un calendrier précis, ne dépassant pas quelques semaines, pour prendre des mesures concrètes nécessaires à la collecte des armes palestiniennes à l’intérieur et à l’extérieur des camps, en vue de rassembler toutes les armes illégales présentes au Liban et dissoudre les formations militaires illégales », a-t-il réitéré.