
Une vue du concert de mercredi 21 mai aux Musicales de Baabdate qui se tiennent dans la salle paroissiale de la nouvelle église. Photo Léon Markarian
Enfin de la musique de chambre en ce mercredi 21 mai dans le cadre des Musicales de Baabdate en collaboration avec l'ambassade d'Espagne et le collectif Mon Liban d’Azur, sous le patronage du ministère du Tourisme. Un programme très éclectique : l'Octuor opus 20 de Mendelssohn, Thème et variations de Juan Crisóstomo de Arriaga, Tango et Asturias d’Isaac Albéniz, Danse extraite de La vie brève de Manuel de Falla, et Carmen de Bizet.
L’Octuor pour quatre violons, deux altos et deux violoncelles de l’opus 20 de Mendelssohn est une œuvre miraculeuse, fleuron de la musique de chambre, composée en 1825 alors que le musicien n’avait que 16 ans.
Si on fait attention, cette œuvre est pour deux quatuors à cordes. Mais Mendelssohn traite les huit instruments non pas comme deux quatuors distincts, mais comme un ensemble homogène en créant une texture dense et brillante. Jamais une œuvre de musique de chambre n'a rayonné à ce point de charme, de genèse, de fougue et de passion. Schumann était fasciné par cette œuvre. « Ni dans les temps anciens ni de nos jours on ne trouve une perfection plus grande chez un maître aussi jeune », disait-il.

Peu de partitions de chambre requièrent, de façon aussi constante de la part des exécutants, une perception irréprochable du détail et la continuité du souffle lyrique exceptionnellement chaleureux. Ces conditions sont réunies ici et magnifiées par nos jeunes interprètes libanais : Ihab Jamal, Wael Semaan, Ramzi Kandalaft, Semaan Wehbé, Hambardzum Simonyan, Sarah Mallah, Jana Semaan et Véronique Wehbé.
Précisions incisives, sonorités épurées rendent parfaitement compte de l'équilibre qui triomphe de l'effervescence de l’Allegro moderato con fuoco, où même les épisodes de tendre abandon restent impatients. Nos archets libanais étoffent considérablement l’Andante, dont l'intérêt peut parfois apparaître en retrait, notamment ce scherzo féerique dans lequel notre ensemble à cordes vaporise dans un rayon de lune d'été le ballet microscopique d'irréels élytres. Le Presto apparaîtra peut-être d'une rectitude moins soutenue, mais il reste vrai que cette interprétation brillait de tous les feux de la jeunesse.
C'est un fait, si on évoque l'Espagne, on ne songe guère au violon. On sait d'autre part que ce sont les zarzuelas qui introduisirent dans la musique d'Espagne les tournures ibériques que la tradition refusait. Scarlatti et surtout Boccherini, lorsqu'ils ont fait exception, n'ont été ni abondants ni suivis. Le Thème et variations de M. Juan Crisóstomo de Arriaga, compositeur qu'on a surnommé « le Mozart espagnol », est une œuvre d'enfance de ce musicien prodige, mort à Paris à l'âge de 20 ans. Interprétation sincère dans son enfantillage avec des effets de miaulement, ne saurait nourrir une construction musicale très étonnante et nous sommes très loin en arrière de ces quatuors. Atmosphère intime, chantante ou élégiaque pour le reste du concert où les cordes étaient d'une grande expressivité, pleines de verve et d'esprit, auxquels se joindra M. Anthony Malkoun, percussionniste, avec des castagnettes, tambourins et triangles. Il faut noter que les œuvres d'Albéniz, de Falla, Bizet et La Paloma de Sebastián Iradier sont d'admirables transcriptions pour instruments à cordes, surprenantes, et terminaient ce concert au parfum exotique espagnol folklorique sur une impression fort agréable.
تيوس!!!
21 h 54, le 23 mai 2025