
Le ministre irakien des Affaires étrangères Fouad Hussein (à droite) accueillant le Premier ministre libanais Nawaf Salam à son arrivée à l'aéroport international de Bagdad pour participer au 34e sommet de la Ligue arabe, le 16 mai 2025. Photo Thaier Al-Sudani / Pool / AFP
Au cours du sommet arabe qui se tient à Bagdad samedi, le Premier ministre Nawaf Salam a déclaré que le Liban a ouvert une nouvelle page de son histoire « avec une politique claire » fondée sur des réformes et la restauration de la souveraineté de l’État sur tout son territoire, en détenant le monopole des armes et la décision de guerre et de paix.
Dans un discours prononcé devant les dirigeants arabes, M. Salam a également remercié les pays de la Ligue pour leur soutien au processus en cours pour le rétablissement du Liban. Il a insisté sur l'engagement de son pays à appliquer la résolution 1701 des Nations unies et à la reconstruction des zones détruites lors du dernier conflit entre le Hezbollah et Israël. Il a aussi dénoncé l’occupation israélienne qui persiste en plusieurs points du Liban-Sud, ainsi que ses violations quotidiennes de la trêve, demandant aux pays arabes d'exercer des pressions au sein de la communauté internationale pour y mettre un terme.
Solution à deux États
La résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui exige le désarmement des milices et partis armés et le retrait de l'armée israélienne du territoire libanais, a mis fin à un précédent conflit entre le Hezbollah et Israël en 2006, et sert de cadre à l'accord de cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 entre le Liban et l'État hébreu. Plusieurs dirigeants arabes ont souligné samedi la nécessité de la mettre en application.
M. Salam a enfin assuré que malgré tous les défis, le Liban reste engagé envers la cause palestinienne, condamnant par le fait même la politique israélienne de destruction et de massacres dans les territoires palestiniens, notamment à Gaza, et son refus d’appliquer les résolutions internationales. Il a rappelé le soutien libanais à la solution des deux États, conformément aux décisions du Sommet de Beyrouth en 2002, et son refus de toute déportation des Palestiniens.
Dans ce contexte, le Premier ministre irakien Mohammad Chia al-Soudani a annoncé samedi que son pays allait allouer 40 millions de dollars à la reconstruction dans la bande de Gaza et au Liban, ravagés par des mois de conflit opposant Israël au mouvement Hamas et au Hezbollah.
Le sommet a également exhorté la communauté internationale à remplir ses obligations légales et à prendre des mesures décisives pour mettre fin à l’occupation israélienne des territoires arabes, y compris le Golan syrien et le Liban-Sud, tout en condamnant les violations israéliennes.
Les pays participants ont ainsi demandé le retrait total, immédiat et inconditionnel du Liban-Sud, la libération des prisonniers et détenus du récent conflit entre le Hezbollah et Israël et le respect de l’accord d’armistice de 1949 ainsi que de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Malgré l’accord de cessez-le-feu conclu en novembre 2024 après plus de 13 mois de guerre, l’armée israélienne continue de mener des frappes aériennes quasi quotidiennes et occupe encore cinq points à la frontière.
Les États arabes ont réaffirmé leur soutien à la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban, ainsi qu’aux efforts de retour des réfugiés syriens dans leur pays.
Le Liban accueille depuis 2011 plusieurs centaines de milliers de réfugiés syriens. La chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024 ouvre la voie à leur retour, tandis que la levée prochaine des sanctions devrait faciliter une reprise économique permettant leur réinstallation.
Coopération avec la Finul
Lors d'une réunion avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, en marge du sommet, le Premier ministre a insisté sur le « rejet catégorique par le Liban des agressions (israéliennes) et « la nécessité de leur cessation immédiate », affirmant que « la poursuite de l’occupation israélienne de parties du territoire libanais constitue une violation flagrante des résolutions de la légitimité internationale, en premier lieu la résolution 1701 », rapporte un communiqué sur X du Grand Sérail.
Malgré l'accord de cessez-le-feu, Israël continue de bombarder presque quotidiennement le Liban-Sud, tuant 159 personnes depuis son entrée en vigueur, selon notre décompte, et continue d'occuper cinq positions en territoire libanais.
M. Salam a également « réaffirmé l’importance du rôle joué par la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) » devant M. Guterres, et « l’engagement total du gouvernement libanais à coopérer avec elle, afin de contribuer au maintien de la sécurité et de la stabilité le long de la ligne bleue ».
Rouage des modalités de l'application de la 1701, la force internationale, qui débusque des caches d'armes du Hezbollah au sud du Litani et multiplie les patrouilles sans l'armée libanaise, est prise à partie de manière récurrente ces dernières semaines par des habitants au Liban-Sud.
S'entretenant également avec le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, M. Salam a remercié l'Espagne pour sa participation à la Finul, et exprimé sa reconnaissance à Madrid pour son « soutien au Liban, ainsi que la reconnaissance de l’État de Palestine et son adoption de la solution à deux États comme voie pour parvenir à une paix juste et globale », rapporte un communiqué du Grand Sérail sur X. La Finul comprend au total 10.000 soldats, dont 650 Espagnols.
Discuter avec les autorités syriennes
Le Premier ministre libanais a par ailleurs salué durant sa prise de parole devant les dirigeants arabes la récente décision du président américain Donald Trump de lever les sanctions contre la Syrie, félicitant par le fait même l’Arabie saoudite pour son rôle dans cette percée diplomatique, qui aura selon lui des répercussions positives sur le Liban. Il a affirmé que les autorités libanaises sont prêtes à discuter avec les autorités syriennes des modalités du retour des réfugiés syriens chez eux, et demandé aux pays arabes d’aider ces personnes à retrouver une vie digne dans leur pays.
Cette thématique a été évoquée durant la rencontre entre Nawaf Salam et son homologue jordanien, Jafar Hassan, elle aussi tenue en marge du sommet. Ils ont tous deux insisté sur « l'importance (...) de coopérer pour traiter la crise des déplacés syriens d’une manière qui préserve leur dignité et protège l’intérêt national des deux pays ». Ils ont également « salué les efforts diplomatiques menés par le Royaume d’Arabie saoudite, qui ont conduit à la levée des sanctions contre la Syrie et ouvert une nouvelle perspective de relations arabes avec ce pays », rapporte un autre communiqué du Grand Sérail.
Le Liban accueille plusieurs centaines de milliers de réfugiés syriens depuis le début de la guerre civile dans ce pays en 2011. La chute du régime de Bachar el-Assad en décembre 2024 ouvre la voie à leur retour chez eux, et la levée prochaine des sanctions devrait permettre une reprise économique qui aidera à leur réinstallation dans leurs villes et villages.
La décision de lever les sanctions contre la Syrie, qui étaient opérationnelles depuis des années, a été prise par Donald Trump lors de sa visite en Arabie saoudite mardi, sous l’impulsion du prince héritier saoudien Mohammad Ben Salmane (MBS), et suite à une réunion à Riyad avec le président syrien par intérim Ahmad el-Chareh.
M. Salam a aussi affirmé devant M. Hassan « le soutien du Liban à la Jordanie face aux défis auxquels elle est confrontée », soulignant « la nécessité de préserver la sécurité et la stabilité et de rejeter toute ingérence dans les affaires intérieures jordaniennes ». La Jordanie avait annoncé le 15 avril l’arrestation de 16 individus liés aux Frères musulmans, entraînés et financés au Liban. Ils sont accusés d’avoir planifié des attaques à l’intérieur du royaume au moyen de roquettes et de drones.
DESARMER LES MILICES, TOUTES LES MILICES DECLAREES ET NON DECLAREES, ET LA 1701 EST APPLIQUEE DE FACTO. LES INTENTIONS SEULES SONT DU VENT !
11 h 43, le 18 mai 2025