
Un garçon traversant les eaux de crue dans un camp informel à la périphérie de Semmaqiyé, un village frontalier dans le Akkar, au Nord. Photo d’archives João Sousa
Lancé en 2020 sous l’égide de l’Agence française de développement (AFD) et du ministère danois des Affaires étrangères, le projet « Rofaka2 al-Nahr » (Les compagnons du fleuve) s’attaque à un fléau récurrent au Liban, celui des inondations qui, à chaque saison hivernale, frappent durement la Békaa (Est) et le Akkar (Nord). Dans ces régions, les routes principales et secondaires sont souvent transformées en vastes étendues d’eau, alors que les localités doivent affronter des torrents de boue. Une situation qui complique gravement les déplacements des habitants et leurs activités agricoles.
Jeudi, une conférence de presse a été tenue au siège du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) à Beyrouth par la ministre de l’Environnement, Tamara Elzein, et les ambassadeurs de France, Hervé Magro, et du Danemark, Kristoffer Vivike, pour faire le point sur les avancées du projet, dont la mise en place a été retardée par les multiples crises qui secouent le pays depuis 2019, notamment la dernière guerre contre Israël entre octobre 2023 et novembre 2024.
Doté d’un budget de 13,8 millions d’euros, ce programme – piloté par l’ONG française Solidarités international – s’appuie sur un réseau d’acteurs : les Croix-Rouge libanaise (CRL) et française, ainsi que le CNRS, le bras scientifique de l’État. Une coordination s’est dans ce cadre établie entre le ministère de l’Environnement et Solidarités international, alors que la CRL assure la mobilisation communautaire et la formation des équipes d’intervention d’urgence. Le projet adopte une approche intégrée de gestion des risques d’inondation, combinant systèmes d’alerte précoce, interventions structurelles et renforcement des capacités locales.

Dans le cadre de ce projet, des travaux d’infrastructure ont été conçus pour deux cours d’eau : le fleuve Oustouane, dans le Akkar, et le fleuve Ghozaïl, dans la Békaa. Toutefois, le dernier conflit avec Israël, qui n’a pas épargné la Békaa, a entraîné la réaffectation des fonds initialement prévus pour le Ghozaïl, d’environ 800 000 euros, vers la réponse d’urgence liée à la guerre. Si les études techniques pour la Békaa sont d’ores et déjà finalisées, la mise en œuvre des travaux a été reportée sine die. Dans le Akkar, les projets d’infrastructure devraient, quant à eux, reprendre prochainement.
« Approche scientifique dans les politiques publiques »
La ministre de l’Environnement a indiqué lors de son intervention que « le chantier de la reconstruction du Liban devrait également inclure la mise en place d’infrastructures destinées à limiter les inondations dans le pays », tout en soulignant l’urgence d’une « approche scientifique dans les politiques publiques ». Elle a rappelé que la recherche scientifique des risques figure désormais dans la déclaration ministérielle du gouvernement de Nawaf Salam, « une avancée majeure qui est au cœur de la stratégie du cabinet ». La ministre a par ailleurs salué le rôle-clé de la Banque mondiale dans la lutte contre les catastrophes naturelles liées au changement climatique, la gestion des débris, les feux de forêt et enfin les inondations.
Hervé Magro a souligné de son côté qu’avec le « renouveau du Liban, la France et le Danemark poursuivent leur engagement afin d’aider le pays à faire face aux crises provoquées par les événements météorologiques extrêmes ». Quant à l’ambassadeur du Danemark, il a remercié les différentes parties pour leur engagement, affirmant que son pays est « fier du rôle joué par les différents acteurs du projet » et qu’il « se félicite des progrès accomplis ».
On ferait mieux de dépolluer ces fleuves
19 h 05, le 17 mai 2025