
L’Université al-Israa à Gaza rasée le 17 janvier 2025. Photo Ihab Abou Kheir
« L’éducation n’est pas un dommage collatéral : c’est la cible », s’emporte Ihab Abou Kheir, porte-parole de l’Université al-Israa à Gaza. Autrefois un pilier de l’enseignement supérieur dans l’enclave palestinienne, al-Israa était la dernière université encore debout sur le territoire au début de 2025. Selon le porte-parole, l’établissement a été occupé par l’armée israélienne pendant 70 jours avant d’être complètement rasé le 17 janvier, deux jours avant le début du cessez-le-feu conclu avec Israël.
Depuis le 7 octobre 2023, la destruction à grande échelle de l’infrastructure éducative de Gaza par les forces israéliennes a laissé sa communauté académique dévastée. L’ampleur de la destruction fait froid dans le dos : selon le dernier rapport des Nations unies datant de mars 2025, plus de 80 % des écoles de Gaza ont été endommagées ou complètement détruites, et les 11 universités de la bande sont en ruine, laissant toute une génération d’étudiants dans l’incapacité de poursuivre son éducation.
« Ils l’ont rasée méthodiquement »
Affirmant avoir assisté au bombardement d’al-Israa, Ihab Abou Kheir dénonce une cruauté systémique : « Ils ne l’ont pas juste bombardée. Ils l’ont rasée méthodiquement. Ils ont détruit la mosquée, le musée, les terrains de sport, l’hôpital, tout. Ensuite, des corps décomposés de civils ont été retrouvés sous les décombres. » L’armée israélienne a de son côté écrit sur son compte X que l’établissement abritait des munitions et des AK-47 (kalachnikov) appartenant au Hamas.
« Même si les écoles et les universités étaient utilisées à des fins militaires – ce qui reste largement non prouvé – toute attaque doit respecter le principe de proportionnalité », insiste Kenneth Roth, ancien directeur exécutif de Human Rights Watch et professeur à la School of Public and International Affairs de Princeton. « Détruire une université entière pour peut-être tuer un combattant ? C’est un cas typique d’utilisation disproportionnée de la force. » Condamnant les attaques indiscriminées sur les infrastructures éducatives de Gaza, Kenneth Roth a souligné que de telles actions sont non seulement moralement indéfendables, mais peuvent constituer également des crimes de guerre. « Attaquer délibérément des institutions éducatives est une violation du droit humanitaire international. En vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, ces actes peuvent et doivent être poursuivis. »
Une stratégie de destruction délibérée ?
En avril 2024, affirmant alors que plus de 80 % des écoles de Gaza avaient été endommagées ou détruites, des experts de l’ONU avaient averti que cela pourrait constituer un acte de « scolasticide », une notion que la professeure palestinienne Karma Naboulsi a défini en 2009 comme la « destruction délibérée et systématique des systèmes éducatifs ». Selon un récent rapport de l’ONU, plus de 60 % de toutes les installations éducatives de Gaza ont été détruites, dont au moins 22 bibliothèques et musées – une perte colossale pour le patrimoine culturel et intellectuel du territoire. Alors que des rapports avaient fait état de soldats israéliens brûlant des livres à Gaza en novembre 2023, Israël avait officiellement condamné l’incident sur le réseau X, affirmant qu’il s’agissait d’un acte isolé et promettant une enquête.
Pour plusieurs analystes, ces actes s’inscrivent ainsi dans une stratégie plus large pour briser la capacité du peuple palestinien à se reconstruire. « Le scolasticide et l’épistémicide décrivent l’effacement délibéré des institutions éducatives et de la vie intellectuelle – une attaque contre la capacité d’une société à penser, apprendre et transmettre le savoir », écrit Myriam Benraad, professeure de relations internationales et de diplomatie à la Schiller International University dans un article publié dans la revue Confluences Méditéranée (n°127, 2024). « Ce que je souligne, c’est l’anéantissement systématique non seulement de l’infrastructure, mais aussi du savoir lui-même », explique la chercheuse. Le dernier rapport de l’ONU dresse un lourd bilan humain au sein des institutions académiques : 5 479 étudiants, 261 enseignants et 95 professeurs d’université ont été tués, tandis que plus de 7 800 étudiants et 756 enseignants ont été blessés. Au-delà, environ 625 000 étudiants ont été privés de toute forme d’éducation pendant plus de 18 mois.
Et après... ?
Les plateformes d’apprentissage en ligne développées pendant la pandémie de Covid-19 offrent une lueur d’espoir, bien que la plupart des étudiants n’aient pas d’électricité, d’accès à internet ou même d’espaces sûrs pour apprendre. « Nos étudiants contribuaient autrefois à la science, à la médecine et à l’art à l’échelle mondiale. Ils le pourront à nouveau », veut croire Ihab Abou Kheir. « Mais nous avons besoin que le monde s’en préoccupe, pas après la guerre, mais maintenant. »
À Gaza, plus d’un million d’enfants nécessitent un soutien psychologique, selon l’Unrwa, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. Jeudi 1er mai, le directeur exécutif des programmes d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a par ailleurs déclaré que « les esprits et les corps des enfants à Gaza sont en train d’être brisés après deux mois de blocage de l’aide et de frappes renouvelées ». Depuis le 2 mars, Israël impose un blocus total à l’enclave, empêchant l’entrée de fournitures médicales, de carburant et de nourriture.
« La grande question maintenant est : que va-t-il se passer ensuite ? À quoi ressemblera la reconstruction, et quel avenir attend la jeunesse de Gaza ? Leur droit fondamental à l’éducation a été effacé. Il n’y a pas d’accès à l’éducation, pas de sauvetage, pas de plan », regrette Myriam Benraad. « De nombreuses universités, en particulier aux États-Unis et en Europe, prennent déjà leurs distances avec Israël à cause de cela. » Partout dans le monde, des étudiants et des professeurs de prestigieuses universités ont organisé des manifestations de solidarité avec Gaza, dès le printemps de l’année dernière. Mais ce soutien n’est pas sans risque sous la nouvelle administration Trump, qui a coupé les financements et arrêté des étudiants étrangers ayant exprimé leur soutien aux Palestiniens. Et la tendance ne semble pas positive, alors qu’Israël a voté des lois pour restreindre les activités de l’Unrwa, chargée des écoles dans les territoires occupés.
C'est justement cette "éducation" qui a conduit au 7.Oct et donc a l'auto déstruction de Gaza. Il est temps d'en finir avec cette éducation de barbus qui ne prone que la violence et l'instabilité aux profits de regimes étrangers. N'en déplaise, Israel ne sera pas juger pour faire le travail que la plupart des pays reve mais craignent de faire. Le terrorisme islamique sera detruit. Israel ne tombe pas dans le piege moral que les barbus essaient de tendre. Je pense que les Libanais pourraient dire merci pour avoir fait leurs jobs avec le HB.
20 h 09, le 13 mai 2025