Des Palestiniens sur un marché installé dans les décombres de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 8 mai 2025. Photo REUTERS/ Mahmoud Issa
Il est « très difficile » d'imaginer distribuer de l'aide humanitaire à Gaza sans l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a assuré vendredi une porte-parole de l'organisation.
« Il est impossible de remplacer l'Unrwa dans un endroit comme Gaza. Nous sommes la plus grande organisation humanitaire », a déclaré la porte-parole, Juliette Touma, lors d'un point de presse depuis Amman.
Elle était interrogée sur l'annonce jeudi des Etats-Unis sur une nouvelle fondation qui serait prochainement chargée de la gestion de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, territoire sous blocus israélien et dévasté par la guerre.
Peu de choses sont connues sur cette fondation mais une « Fondation humanitaire pour Gaza » à but non lucratif est enregistrée depuis février en Suisse, basée à Genève.
A Gaza, « nous avons plus de 10.000 personnes qui travaillent pour livrer le peu qui reste des fournitures » et l'organisation gère également des abris pour les familles déplacées, a détaillé Mme Touma.
« Il est très, très difficile d'imaginer toute opération humanitaire sans l'Unrwa », a-t-elle assuré.
Depuis le 2 mars, aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire palestinien où vivent 2,4 millions de personnes. L'offensive israélienne a repris le 18 mars et le gouvernement israélien a annoncé lundi un plan de « conquête » du territoire palestinien prévoyant un déplacement massif de sa population.
Les autorités israéliennes affirment que le blocus vise à contraindre le Hamas à libérer les otages toujours retenus à Gaza depuis l'attaque sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste le 7 octobre 2023.
« Reconnaissance faciale »
Israël, qui accuse le Hamas de détourner l'aide, a par ailleurs suggéré de la distribuer dans des centres contrôlés par l'armée, une proposition très critiquée par l'ONU et les organisations humanitaires.
« Nous ne participerons à aucune opération d'aide qui ne respecte pas nos principes humanitaires d'indépendance, d'humanité, d'impartialité », a encore affirmé vendredi un porte-parole de l'ONU à Genève, Rolando Gomez, lors du point de presse.
Un porte-parole de l'agence de l'ONU pour les enfants (Unicef), James Elder, a assuré que le « plan présenté par Israël à la communauté humanitaire va augmenter les souffrances » à Gaza et « semble conçu pour renforcer le contrôle sur les produits de première nécessité comme moyen de pression ».
« Il est dangereux de demander aux civils d'entrer dans des zones militarisées pour collecter des rations » et cela va accroître « les déplacements forcés à des fins politiques et militaires », a-t-il dit.
En outre, « les personnes les plus vulnérables (...) qui ne peuvent pas se rendre dans ces zones désignées, seront confrontées à d'horribles difficultés pour obtenir l'aide », a-t-il poursuivi.
L'Unicef craint également que « les membres des familles soient séparés lors des va-et-vient pour obtenir l'aide sur ces cinq sites, tous situés dans le sud » de Gaza, « dans un territoire qui n'est pas sûr en raison des bombardements en cours », a expliqué le porte-parole.
« Les civils ne doivent donc pas être contraints de fuir à nouveau » alors que « l'utilisation de l'aide humanitaire comme appât pour forcer les déplacements, en particulier du nord vers le sud, va créer un choix impossible: le choix entre se déplacer ou la mort », a-t-il dénoncé.
L'Unicef est également « très préoccupée par la proposition d'utiliser la reconnaissance faciale comme condition préalable pour avoir accès à l'aide ».
« Et selon le plan, tel que nous l'avons vu, il n'y aurait que 60 camions livrant de l'aide à la bande de Gaza chaque jour » ce qui « représente 1/10 de ce qui était livré pendant le cessez-le-feu, c'est loin d'être suffisant », a-t-il dit.
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