
Le mufti jaafarite libanais, cheikh Ahmad Kabalan. Photo ANI
Le mufti jaafarite, Ahmad Kabalan, a critiqué mercredi le gouvernement de Nawaf Salam, estimant qu'un cabinet « qui renie les sacrifices du Sud, de la Békaa et de la banlieue sud est sans valeur ». Il a par ailleurs appelé le gouvernement à s'atteler à la reconstruction des localités frontalières d'Israël détruites lors de la guerre de treize mois qui a opposé le Hezbollah à l'Etat hébreu.
« Un gouvernement qui renie les sacrifices du Sud, de la Békaa et de la banlieue sud est sans valeur. Le patriotisme du gouvernement commence par la reconstruction des localités frontalières détruites. Sans cela, le gouvernement n'est rien d'autre qu'une boîte aux lettres », a déclaré le mufti, connu pour sa proximité avec le Hezbollah, dans un communiqué. « La protection de la souveraineté et des décisions nationales est la priorité absolue. Le moment est venu pour le gouvernement d'agir dans l'intérêt du Liban, loin du chantage politique et régional. Ce que nous attendons du gouvernement, c'est une action nationale sur le terrain. La période de grâce est doublement terminée, et les campagnes de propagande sont vaines », a encore déclaré le religieux.
Ce n’est pas la première fois que le Hezbollah – qui a unilatéralement pris la décision d’ouvrir le « front de soutien » contre Israël en octobre 2023 – fait porter à l’État la responsabilité de la reconstruction. Fin avril, le secrétaire général du parti , Naïm Kassem, a fait un pas de plus, appelant l’État à puiser dans les « ressources internes » pour commencer ce chantier, voyant dans le délai que celui-ci prend une façon de « marginaliser » la communauté chiite. La facture de la reconstruction, elle, est estimée à quelque 11 milliards de dollars, ce qui implique que ce chantier pourra difficilement être effectué sans aide extérieure.
« La normalisation avec Israël est un suicide »
Le dignitaire chiite a par ailleurs abordé les développements régionaux, estimant que « la région est en train de changer de manière radicale et les prises de position stratégiques sur le moyen terme ne sont pas en faveur de Washington ». « La normalisation (avec Israël) est un échec et un suicide, Israël est une malédiction historique et l'histoire doit être corrigée. Bien qu'Israël soit une entité qui vit grâce à l'arsenal américano-atlantique, il a été incapable d'occuper une ville frontalière comme Khiam (au Liban-Sud) », a déclaré Ahmad Kabalan. Il a par ailleurs ajouté que l'Etat hébreu « a frappé à la porte du Yémen et il entendra la réponse ».
Israël a mené mardi des frappes contre l'aéroport de Sanaa, au Yémen, des stations électriques de la région et une cimenterie à Amrane (nord), en riposte à un tir de missile des houthis dimanche sur le principal aéroport de l'Etat hébreu. Les Etats-Unis et les rebelles houthis du Yémen sont toutefois parvenus à un accord de cessez-le-feu, a indiqué mardi le médiateur omanais après que le président Donald Trump a annoncé l'arrêt des frappes américaines contre ces insurgés.
Le cheikh Kabalan a par ailleurs estimé que « ce qui se passe à Gaza (...) expose Tel-Aviv à une position d'impuissance face au Hamas et à Téhéran ». « Les regards sont tournés vers le Liban officiel et ses forces politiques. Ce que nous voulons, c'est un pays solidaire et réconcilié, en conformité avec le respect de la souveraineté et du pacte national. Cela suppose de fermer la porte à la mainmise américaine », a-t-il ajouté.
Au sein du gouvernement, au moins deux ministres partagent l’avis du mufti jaafarite, devinez-lesquels. Pour la reconstruction, le mufti mise plutôt sur le gouvernement de son pays, et son économie est déjà en faillite, bien avant l’aventure du Hezb de 2023. En apparence, c’est un bon signe pour son retour dans le giron du ‘’Liban officiel’’, mais qu’on ne s’y trompe pas, qui donne ordonne, et mieux vaut accuser les siens de manquement que son véritable bailleur de fonds. Comment se fera la reconstruction, par quelle intervention ? par des dons ? pour éviter les erreurs lamentable du passé.
10 h 03, le 09 mai 2025