
Le président Joseph Aoun lors de son entretien à Sky News Arabia. Capture d'écran
Parti aux Émirats arabes unis pour un voyage officiel, le président libanais Joseph Aoun a déclaré mercredi, dans un entretien accordé à la chaîne Sky News Arabia, que « la décision de retirer les armes » qui ne sont pas sous le contrôle de l'État « s’applique à l’ensemble du territoire libanais », mais que « les priorités concernent le Sud du pays », où le Hezbollah est fortement implanté.
Il a également indiqué que « les patrouilles menées par l’armée couvrent l’ensemble du territoire national et procèdent à la saisie de tous les dépôts d’armes et de munitions ». « Quant aux priorités et à la concentration actuelles, elles portent sur la zone au sud du Litani (fleuven qui traverse le Liban-Sud), car elle est vaste et nécessite des moyens essentiels, notamment en matière de génie militaire et de traitement des explosifs, afin de clore ce dossier. « En parallèle, nous poursuivons nos contacts diplomatiques avec les Américains et les Français pour parvenir à une solution, à savoir le retrait de l’armée israélienne des points occupés », a-t-il encore ajouté.
« L’essentiel est de récupérer les armes lourdes et moyennes. Les armes légères font partie de la culture locale, et il est difficile de toutes les collecter. Il faut également s’intéresser aux armes détenues par les Palestiniens, et pas uniquement par les Libanais ou le Hezbollah », a poursuivi le chef de l'État. « Israël n’apporte aucune initiative positive ni stratégie militaire claire pour protéger sa frontière nord, ce qui complique encore davantage la situation », a-t-il regretté.
Le président libanais a aussi déclaré que l'armée israélienne entravait le déploiement de l’armée libanaise sur l’ensemble du Liban-Sud, en continuant d’occuper cinq points qu'elle estime « stratégiques » sur le territoire libanais. Il a indiqué que les soldats libanais contrôlaient actuellement 85 % du sud du pays, malgré les difficultés et des « moyens limités ».
« L’armée, malgré ses moyens limités, est déployée sur l’ensemble du territoire libanais, à l’intérieur du pays ainsi que sur les frontières est, nord, nord-est et sud. Elle remplit des missions de contrôle des frontières, de lutte contre le terrorisme, de lutte contre le trafic de drogue, en plus de missions de maintien de l’ordre à l’intérieur du pays et également dans le Sud, et ce avec les moyens disponibles en équipements et en armement. Cela représente un lourd fardeau pour l’armée, malgré la crise économique et ses répercussions sur les salaires et les pensions des militaires, ce qui signifie que l’armée accomplit des efforts considérables », a encore enchaîne le chef de l'État. Les rémunérations dans la fonction publique au Liban ont été dépréciées en raison de l'effondrement de la livre et n'ont toujours pas été ajustées à leur niveau d'avant 2019.
Depuis la chute de Bachar el-Assad, renversé par une coalition de rebelles islamistes ayant pris le pouvoir en Syrie, l’armée libanaise a dû renforcer sa présence à la frontière avec ce pays voisin, notamment pour freiner la contrebande et faire face à l’insécurité provoquée par des affrontements entre des clans libanais vivant dans ces zones et les nouvelles forces de sécurité syriennes. Les combats en Syrie entre partisans de l’ancien régime et nouvelles autorités, qui ont fait de nombreuses victimes civiles — principalement alaouites mais aussi chrétiennes — ont également poussé une nouvelle vague de réfugiés vers le nord du Liban.
« Fatigué de la guerre »
Le chef de l’État a précisé que le Liban avait demandé aux États-Unis et à la France, en tant que garants de l’accord de trêve conclu fin novembre entre le Hezbollah et Israël, de faire pression pour que l’armée israélienne se retire des positions occupées et permette à l’armée libanaise d’achever son déploiement.
Il a également fait état d’environ 3 000 violations israéliennes du cessez-le-feu, la plus récente remontant à dimanche, avec une frappe qui a ciblé un hangar dans la banlieue sud de Beyrouth. Il s’agissait du troisième bombardement israélien dans cette zone depuis le 27 novembre, une partie de la capitale considérée comme un bastion du Hezbollah. « Nous n’avons d’autre option que la voie diplomatique avec les pays concernés, afin que l’armée puisse se déployer pleinement, accomplir sa mission dans le Sud et appliquer intégralement la résolution 1701 (des Nations unies de 2006, Ndlr) », a-t-il insisté.
Le général Aoun a affirmé que « le peuple libanais est fatigué de la guerre » et que, malgré sa lenteur, la voie diplomatique reste la seule à privilégier. Il a aussi estimé que toute confrontation avec Israël nécessiterait un équilibre stratégique et militaire qui n’existe pas actuellement. Il a jugé essentiel que l’armée libanaise — « soutenue par l’État et par l’unité du peuple » — soit présente sur toute la frontière afin de prévenir tout incident.
Joseph Aoun a également souligné que le Liban comptait six camps palestiniens armés, dont un au sud de Beyrouth et deux dans le Nord, anciennement affiliés au Front populaire de libération de la Palestine.
Joseph Aoun a enfin affirmé privilégier l’intérêt supérieur du Liban dans ses relations avec toutes les parties, soulignant que « le dialogue est l’alternative à la guerre », et rappelant que la charge de la reconstruction du Liban-Sud revenait à l’État libanais.
PRIORITE LE DESARMEMENT COMPLET SUR TOUT LE SOL LIBANAIS. RIEN QUE NOTRE ARMEE. SINON BEDDALA HALIMEH 3ALA 3ADETA EL ADIMEH.
10 h 14, le 01 mai 2025