
La ministre de l’Education Rima Karamé. Photo Ani
La ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Rima Karamé, a tenu mercredi une conférence de presse au ministère, au cours de laquelle elle a annoncé que les examens officiels du baccalauréat, dans ses quatre branches, se tiendraient à partir du 9 juillet. Elle a précisé qu’il n’était pas nécessaire d’inclure des matières optionnelles. L’année scolaire se poursuivra jusqu’au 13 juin, selon les besoins de chaque établissement.
« Je tiens tout d’abord à exprimer ma solidarité avec les candidates et candidats, leurs familles et leurs enseignants, face à l’angoisse qu’ils peuvent ressentir, particulièrement dans le contexte difficile que traverse notre cher pays, et qui a affecté le niveau d’apprentissage des élèves ainsi que l’achèvement du programme requis pour les examens », a déclaré la ministre en ouverture de sa conférence de presse.
« Le ministère de l’Éducation a décidé que les examens officiels du bac, toutes filières confondues, se tiendront à partir du 9 juillet pour une durée de cinq jours effectifs, selon un calendrier qui sera publié en ligne, a indiqué Mme Karamé. L’année scolaire est prolongée jusqu’au 13 juin. Chaque directeur pourra adapter l’organisation des cours en fonction des besoins de ses élèves ». Elle a aussi annoncé « la réduction du contenu de certaines matières selon les besoins, notamment celles à fort coefficient, sachant que les programmes des examens sont déjà allégés de 40 % ». « Il convient de souligner que, selon les études et les avis recueillis, il n’est pas nécessaire d’inclure des matières optionnelles », a-t-elle ajouté.
« Je suis convaincue que préserver la valeur de nos diplômes officiels est une priorité absolue, a souligné la ministre. Je ne pense pas que l’un d’entre nous souhaite en compromettre la valeur, malgré les défis. La crédibilité de nos examens officiels, ici et à l’étranger, mérite tous les efforts de préparation et de mise en œuvre ». « Aujourd’hui, notre mission est de préserver ensemble cet héritage national dont nous sommes fiers, construit par des élèves brillants, ici, dans le monde arabe, et partout dans le monde », a-t-elle encore dit.
La ministre a également insisté sur le fait que « les examens auront lieu dans une atmosphère rassurante et favorable, et que de nombreux documents seront disponibles en ligne, notamment :la Charte des droits et devoirs du candidat, le descriptif officiel des examens et la liste des matières par branche avec coefficients et le calendrier détaillé des examens ».
L’année scolaire est perturbée depuis octobre 2023 dans plusieurs régions du Liban par la dernière guerre qui a opposé le Hezbollah à Israël. Des grandes populations ont dû se déplacer, des centaines de familles sont dans l’incapacité de rentrer chez elles, et de nombreuses écoles ont été détruites, notamment au Liban-Sud. Sans compter que durant une période de deux mois, de fin septembre à fin novembre, la guerre s’était intensifiée, et plus d’un million de personnes ont été déplacées vers les zones plus sûres, dont des centaines de milliers ont été hébergées dans des écoles publiques à travers le pays. De ce fait, beaucoup de voix se sont élevées pour revendiquer un allègement des programmes afin de ne pas défavoriser les élèves dont l’année scolaire a été perturbée.
« La réalité des élèves libanais »
Lors de sa conférence de presse la ministre a tenu à souligner que les « décisions prises découlent d’une étude approfondie menée en coopération entre l’administration du ministère et le Centre de Recherche et de Développement Pédagogiques (CRDP), et couvrant un échantillon de 334 lycées publics et privés, représentatifs de la diversité des établissements et de leurs réalités ». Son étude s'est aussi concentrée sur les 218 lycées situés dans les régions les plus touchées par les attaques israéliennes et les destructions totales, notamment le Liban-Sud, la banlieue sud de Beyrouth et certaines zones de la Békaa et de Baalbeck-Hermel.
« J’ai personnellement pris contact, ainsi que mon équipe, avec les directeurs des lycées de ces régions. J’ai aussi rencontré des élèves candidats, recueilli leurs avis, ainsi que ceux des enseignants, du secteur public comme du privé, et de nombreuses parties prenantes de l’éducation. J’ai mené des réunions dans différentes régions et j’ai pris en compte toutes les inquiétudes et recommandations liées à l’enseignement et à la préparation des examens, a-t-elle assuré. J’ai aussi écouté les inquiétudes des parents ».
Le député Bilal Hocheimi, membre de la commission parlementaire de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, a exprimé des réserves quant à la décision de la ministre d’exclure les matières optionnelles du baccalauréat libanais, «en particulier dans les circonstances difficiles que traverse l’élève libanais, entre pressions économiques et psychologiques». Il a estimé qu'il est « inacceptable que l’État libanais reconnaisse le baccalauréat français et international (IB) qui incluent les matières optionnelles, tout en maintenant pour nos élèves un programme rigide qui alourdit leur charge et les prive d’opportunités de se distinguer ».
« Nous ne sommes pas contre les examens, a souligné le député. mais nous demandons qu’ils soient humains, justes, et qu’ils tiennent compte de la réalité des élèves libanais, au lieu de leur imposer un modèle qui ne leur ressemble pas ». M. Hocheimi a enfin rappelé qu’il est « impossible d’ignorer la situation des enseignants qui sont encore en grève, dont certains n’ont même pas reçu leur rémunération pour la surveillance ou la correction des examens précédents ».