
L’armée libanaise en patrouille au Liban-Sud après une frappe israélienne, le 22 avril 2025. Mahmoud Zayyat/AFP
L’armée libanaise intensifie ses efforts pour démanteler l’arsenal du Hezbollah au sud du fleuve Litani, conformément à l’accord de cessez-le-feu. Selon nos informations, pour la première fois, une délégation militaire libano-américaine a effectué jeudi une tournée dans la région frontalière, en particulier dans le secteur est, dans la zone de Wadi al-Houjaïr, considérée comme un bastion stratégique du Hezbollah. L’objectif de cette tournée est de repérer davantage de sites appartenant à la formation.
Par ailleurs, une unité française de la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul) a mené des patrouilles à la recherche d’installations militaires du Hezbollah dans les forêts de Wadi al-Houjaïr, en plus de patrouilles intensives dans la localité de Houla (caza de Marjeyoun).Cette tournée s’inscrit dans le cadre de la formation d’un nouveau comité militaire libano-américain, émanant du comité de supervision de l’accord de cessez-le-feu. En plus de Wadi al-Houjaïr, ce comité doit scruter la région de Wadi Slouki (Marjeyoun) ainsi que le cours du fleuve Litani, en vue de repérer toute position ou toute plateforme de lancement de roquettes appartenant au Hezbollah. L’objectif est de s’assurer que toute la région située au sud du fleuve Litani soit exempte d’armes, comme le prévoit la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sur laquelle repose la trêve.
Dans ce contexte, L’Orient-Le Jour a appris que le président du comité de supervision, le général américain Jasper Jeffers, reviendra la semaine prochaine au Liban pour rencontrer les responsables et présider une réunion d’évaluation du travail de l’armée libanaise et de la Finul. Cette dynamique intervient alors que débute la discussion sur le renouvellement du mandat des Casques bleus en août prochain, avec des pressions américaines pour renforcer leurs prérogatives et les élargir pour qu’ils puissent agir comme si leur mandat relevait du chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui leur permet d’avoir recours à la force. Si le Liban refuse tout amendement du mandat de la Finul, l’administration américaine fera probablement pression, brandissant la menace d’un arrêt de l’aide financière à cette force.
17 millions de dollars à l’armée
Dans ce cadre, le président Joseph Aoun s’est entretenu jeudi avec le commandant en chef de la Finul, le général Aroldo Lazaro. « L’armée libanaise poursuit son déploiement dans les villages et localités du Sud d’où s’est retiré Israël », a déclaré le chef de l’État, lui-même ancien commandant en chef de la troupe.
En parallèle, une délégation de l’agence des Nations unies en charge des formations et de la recherche (Unitar) a annoncé au président Aoun que le gouvernement allemand allait fournir 17 millions d’euros à l’armée, et plus spécifiquement aux « unités qui sont formées pour se déployer dans le Sud ». Selon un message posté sur le compte X de la présidence, le chef de l’État a « été informé » de ce don par le directeur de la division pour la paix de l’Unitar, Evariste Karambizi, et le directeur de la division diplomatique de l’Institut de formation et recherche, lors d’une réunion à Baabda. Cette aide financière vise à « soutenir les unités militaires formées pour le déploiement dans le Sud, dans le cadre de leur formation et équipement logistique » à travers l’agence onusienne.
De l’autre côté de la frontière, une source haut gradée au sein de l’armée israélienne a indiqué mercredi au journal israélien Yediot Aharonot que les Israéliens estiment que l’armée libanaise « en fait plus » qu’ils ne l’auraient pensé pour désarmer le Hezbollah au sud du Litani. « Dans de nombreuses zones, l’armée libanaise agit plus contre le Hezbollah que ce que nous aurions pensé, mais nous en voulons toujours plus », aurait affirmé un haut responsable militaire israélien à ce média.
Désarmer le Hamas en échange de droits civiques ?
Concernant la région au nord du Litani, tout indique qu’aucun progrès n’a été enregistré jusqu’à présent dans les négociations entre le président de la République et le Hezbollah, notamment en raison de divergences internes au sein du parti. Certains appellent au dialogue, tandis que d’autres posent des conditions, telles que le retrait israélien du Sud, l’arrêt des attaques et le lancement du processus de reconstruction, avant d’aborder la question de la stratégie de défense, sans même parler de remise ou de retrait des armes.
Selon nos informations, le Liban attend également la visite de l’émissaire américaine Morgan Ortagus en mai prochain. Lors de sa dernière visite en avril, la diplomate avait affirmé qu’elle reviendrait pour suivre l’évolution du travail de l’armée libanaise et examiner le progrès dans le retrait des armes du Hezbollah sur l’intégralité du territoire. Le Liban officiel est déterminé à consacrer le monopole des armes aux mains de l’État, et Joseph Aoun l’a fait savoir aux responsables du Hezbollah, qui affirment ouvertement leur refus de remettre leur arsenal. Aoun a néanmoins réaffirmé que le dialogue reste la seule voie possible pour régler cette question.
Le dossier du désarmement du Hezbollah reste la priorité stratégique du Liban et constitue un critère central dans la perception internationale de la situation libanaise. En effet, les positions des pays étrangers sont claires : aucune aide ni aucun investissement ne sera accordé au Liban tant que le Hezbollah ne sera pas désarmé.Selon nos informations, le processus progressif entrepris par l’État libanais pour monopoliser les armes se poursuivra, et après la fin des opérations au sud du Litani, l’attention se portera sur le démantèlement des infrastructures militaires sur le reste du territoire. La priorité sera alors donnée au démantèlement de l’arsenal des factions palestiniennes, notamment le Hamas. Ce plan coïncidera avec la visite attendue à Beyrouth le mois prochain du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Jeudi, le porte-parole du Hamas au Liban, Jihad Taha, a affirmé que les factions et forces palestiniennes présentes dans le pays sont disposées à engager un dialogue avec les autorités concernant la question du désarmement des camps, à condition que le dialogue libano-palestinien ne soit pas limité aux seuls volets sécuritaire et militaire, englobant les dimensions politiques, sociales et juridiques de la question des réfugiés palestiniens au Liban et leurs droits civiques.
Dans ce contexte, après une vidéo montrant l’armée libanaise prendre le contrôle d’une position militaire et saisir des armes et des missiles au Arqoub, dans le sud du Liban, la Jamaa islamiya a réagi en niant, dans un communiqué, toute présence militaire dans la région. Le clip avait été relayé par la chaîne al-Jadeed, jeudi, qui, citant ses propres sources, a rapporté que cette position était contrôlée par le groupe. « Nous ne possédons pas de bases militaires dans le Arqoub et nous n’avons aucun lien avec les armes saisies dans la région », a affirmé le parti sunnite affilié aux Frères musulmans. Il a assuré « ne posséder aucune base militaire dans la zone mentionnée, ni ailleurs, et nié tout lien ou relation avec les équipements et roquettes saisis ».
C'est le comble de l'arrogance. Les Palestiniens que le Liban a hébergés, entretenus viennent, par la voix du Hamas (!) , exiger des "droits civiques" au Liban alors qu'ils avaient tout fait pour saper les bases du pays. La décence eût voulu qu'ils remerciassent le pays qui les ac"accueillis pendant toutes ces années. Qu'ils aillent exiger ces "droits" à l'Iran et aux Frères Musulmans ...
11 h 21, le 25 avril 2025