Une source haut gradée au sein de l'armée israélienne a indiqué mercredi au journal israélien Yedioth Ahronoth que les Israéliens estiment que l'armée libanaise « en fait plus » qu'ils ne l'auraient pensé pour désarmer le Hezbollah au sud du Litani, dans le cadre de l'accord de trêve entre les deux pays. Une déclaration faite alors que l'armée israélienne a indiqué dans un communiqué « poursuivre sa campagne visant à empêcher le Hezbollah de se relever » après la guerre de l'automne dernier.

« Nous en voulons plus »

Commentant ce bref rapport sur les opérations menées par Israël au Liban depuis l'entrée en vigueur de la trêve, le 27 novembre 2024, un haut responsable militaire israélien a indiqué au média Yedioth Ahronoth (Ynet) que « dans de nombreuses zones, l'armée libanaise agit plus contre le Hezbollah que ce que nous aurions pensé, mais nous en voulons toujours plus ». Ce haut gradé a ajouté que « la réalité est encore en train de se dessiner ».

Selon le Ynet, le communiqué et les opérations menées depuis la trêve « montrent qu'Israël prend très au sérieux la politique établie avant l'accord : toute tentative du Hezbollah de reprendre des forces sera freinée ». Le média relève également que, selon ses informations, le Hezbollah « tente de restaurer une chaîne de commandement et de contrôle, notamment en redéployant des centres de commandement », ce qui constitue une « première étape pour le rétablissement de ses capacités militaires, y compris en ce qui concerne l'unité d'élite al-Radwan ». 

À lire aussi

Monopole des armes : à quand un dialogue direct Aoun-Hezbollah ?

Dans son texte, l'armée israélienne disait avoir notamment frappé des infrastructures et des combattants « violant les accords et participant à des activités terroristes. Selon le porte-parole arabophone de l'armée, Avichay Adraee, « 140 combattants » du Hezbollah ont été tués depuis la mise en place du cessez-le-feu. Selon notre décompte, 148 Libanais ont été tués par Israël depuis fin novembre, dont plus de la moitié sont des civils. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a affirmé il y a une semaine qu’au moins 71 des tués étaient des civils.

Une source proche du « comité de surveillance international » censé veiller au respect de l’accord et garantir le démantèlement des armes du Hezbollah au sud du Litani avait indiqué à L’Orient-Le Jour le 9 avril qu'à ce jour, près de 529 sites du Hezbollah avaient été identifiés et démantelés par l'armée libanaise. Un chiffre qui comprend les caches d’armes aussi bien que les structures en place comme des lance-roquettes ou des rampes de missile, souvent visibles à l’œil nu. Et la semaine dernière, la troupe avait arrêté plusieurs personnes accusées d'avoir tiré des obus de mortier en direction d'Israël les 22 et 28 mars, des opérations qui avaient provoqué une riposte meurtrière de Tel-Aviv. Les suspects font notamment partie du Hamas, avait confié une source sécuritaire à l'AFP après une première vague d'arrestations vendredi dernier.

Don de 17 millions d'euros à l'armée libanaise

Par ailleurs, le président libanais, Joseph Aoun, a affirmé jeudi au commandant en chef de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), que l'armée poursuit bien son déploiement dans le sud du pays. « L'armée libanaise poursuit son déploiement dans les villages et localités du Sud d'où s'est retiré Israël », a déclaré le chef de l'État, lui-même ancien commandant en chef de la troupe, au général Aroldo Lazaro, lors d'une réunion à Baabda. Il a ajouté que les élections municipales et des moukhtars « auront bien lieu le 24 mai dans tout le Sud ». Le scrutin municipal aurait dû se dérouler en 2022 mais a été reporté à de nombreuses reprises, notamment en raison des frappes israéliennes au Liban, après l'ouverture du « front de soutien » à Gaza par le Hezbollah en 2024. Depuis, de nombreux villages frontaliers ont été détruits, certains dans leur quasi-entièreté, mais les autorités libanaises se sont engagées à plusieurs reprises à y tenir les élections.

À lire aussi

« Stratégie de défense », « monopole de l'État sur les armes », « désarmement » du Hezbollah : ces termes qui divisent

Pour renforcer ce déploiement, l'Institut de l'ONU pour les Formations et la recherche (UNITAR) a annoncé un versement de 17 millions d'euros à l'armée libanaise, et plus spécifiquement aux « unités qui sont formées pour se déployer dans le Sud », a annoncé une délégation de cette organisation à Joseph Aoun. Selon un message posté sur le compte X de la présidence, le chef de l'État a « été informé » de ce don par le directeur de la Division pour la paix de l'Unitar, Evariste Karambizi, et le directeur de la division diplomatique de l'Institut de formation et recherche, lors d'une réunion à Baabda. Cette aide financière vise à « soutenir les unités militaires formées pour le déploiement dans le Sud, dans le cadre de leur formation et équipement logistique », dans le cadre de la mise en oeuvre de la 1701.

Sur le terrain, un hélicoptère israélien a largué dans l'après-midi une bombe sur un préfabriqué à proximité de la piscine de Meis el-Jabal (caza de Marjeyoun). Un secouriste de la Défense civile, Oussama Farhat, a été blessé dans ce tir. Cet incident est survenu alors qu'une délégation militaire américaine, escortée par l'armée libanaise, a mené en matinée une visite de reconnaissance dans la région du sud du Litani à partir de Wadi Hojeir, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah.

Pendant la nuit, une patrouille de soldats israéliens, avec des tanks et des véhicules, s'est infiltrée à travers la frontière à Wadi Hounine, dans la région de Adaïssé, et s'est stationnée sur cette position.