Rechercher
Rechercher

Culture - Sortir à Beyrouth

Beyrouth, capitale du jazz : le pari (fou) d’un festival unique au Liban

Envie de vibrer au rythme du jazz, de découvrir la scène locale sous un autre jour, ou tout simplement de danser sur du swing en plein cœur de Beyrouth ? Du 23 au 30 avril, le Beirut International Jazz Festival revient pour sa 4e édition avec des concerts, jam sessions et performances musicales de tous horizons !

Beyrouth, capitale du jazz : le pari (fou) d’un festival unique au Liban

Un concert du Beirut Jazz Festival dans son édition de l'année 2022. Photo fournie par Youssef Naïm

Dans les rues animées de Beyrouth, entre les coupures de courant et l’effervescence politique, circule une énergie d’un tout autre genre : celle du jazz. Du 23 au 30 avril, à l’occasion de la Journée internationale du jazz, la capitale libanaise accueillera la 4e édition du Festival international de jazz de Beyrouth. Cette année, plus qu’un simple festival, c’est une véritable célébration du jazz, de la scène locale et de celles et ceux qui la font vivre.

Alors que la première édition réunissait une vingtaine d’artistes dans cinq lieux, cette année, le festival aligne plus de 30 performances, dans 23 lieux différents, avec près de 70 musiciens – une montée en puissance portée par la Beirut Jazz Society, le collectif organisateur.

À Multaqa, lieu de rencontre et de partage à Hamra, Youssef Naïm, consultant dans le secteur industriel le jour, activiste culturel la nuit, coordonne le festival avec une vision bien ancrée : bousculer les codes, ouvrir les portes et connecter les publics. « C’est une célébration du jazz, mais aussi de tout ce qu’il incarne : la liberté, l’improvisation, le métissage des styles, le partage », explique-t-il.

Avant même le festival, Youssef Naïm avait fondé The Beirut Music Support Initiative en pleine crise économique. « Il fallait aider notre communauté culturelle, soutenir les professionnels de la musique, les salles de concert et surtout les musiciens. L’idée était de permettre aux gens de renouer avec la musique, en la rendant accessible, malgré les multiples difficultés – économiques, politiques et autres », avance-t-il. 

Né d’un élan collectif en mars 2022, le festival réunit aujourd’hui musiciens, lieux partenaires, techniciens et bénévoles. « Cette édition est le fruit d’une véritable collaboration entre tous les acteurs du jazz. Le collectif Beirut Jazz Society rassemble tout le monde, et chacun y met du sien », précise Youssef Naïm. « Certains lieux rémunèrent les artistes et offrent les concerts gratuitement afin de les rendre accessibles à un plus grand nombre. D’autres prennent en charge la sonorisation ou financent les cachets des musiciens. »

Cette solidarité se reflète également dans la diversité des lieux : de Beyrouth à Tripoli, en passant par Jounieh, Batroun ou Byblos, l’événement se déploie à l’échelle nationale.

Lire aussi

Beyrouth à l’heure de la note bleue

Le jazz pour tous

Le festival a pour objectif de « célébrer la Journée internationale du jazz, événement mondial, montrer que le Liban possède une véritable scène jazz, et rappeler l’influence du genre sur la musique libanaise ».

Originaire de la culture afro-américaine, le jazz est aujourd’hui devenu universel. « C’était la musique des marginalisés ; elle fait écho à notre propre vécu, à ce que nous vivons ici », souligne Youssef Naïm en évoquant les influences de ce courant musical. « Le jazz a influencé la musique libanaise – comme chez Ziad Rahbani, Feyrouz. Certains parlent même de “jazz oriental”. Nombreux sont les musiciens libanais à avoir intégré le jazz dans leur langage musical. C’est, d’une certaine manière, devenu une part de notre culture. »

Le festival est conçu comme une « fête gratuite et un événement accessible à tous » pour promouvoir le jazz, selon l'activiste culturel. 

« L’idéal serait d’offrir tous les concerts gratuitement. Mais si nous ne pouvons pas rémunérer les musiciens autrement, alors nous faisons payer l’entrée. Les artistes restent la priorité. »

Les musiciens choisissent librement leur line-up. « Rien n’est imposé tant que cela reste dans l’univers du jazz. Même si nous apprécions tous les styles, nous tenons à rester dans cette esthétique musicale », indique Youssef Naïm, sans se fermer à une évolution. « Le jazz reste notre fil conducteur mais, petit à petit, nous intégrerons d’autres éléments, influences, fusions. Il le faut. La musique doit évoluer, expérimenter, innover. »

 Beirut Jazz Festival : un concert de l'édition 2023. Photo fournie par Youssef Naïm

Improviser, fusionner, danser

Différentes configurations, différentes ambiances : cette édition mise sur la nouveauté. Objectif : « Casser les schémas », avec des sessions instrumentales, des performances vocales, du groove, du funk, du jazz fusion, de l'improvisation et de l'expérimentation.

Le programme est riche et éclectique. Parmi les temps forts : une soirée swing avec la communauté Beirut Swing ; un concert solo du pianiste arméno-libanais Arthur Satyan à Multaqa ; et une académie internationale de jazz réunissant des musiciens à Salon Beyrouth.

Du local à l’international

La scène jazz libanaise n’est pas isolée. « Faire venir un musicien international pour jouer avec les musiciens locaux, c'était prévu pour ce festival, mais nous n’avons pas pu le faire, donc nous le faisons en dehors du festival », explique Youssef Naïm. 

Tous les quelques mois, des musiciens venus d’Europe ou des États-Unis se produisent avec des artistes locaux. « Ce mélange enrichit tout le monde », se satisfait-il en évoquant des ambitions futures. « Nous cherchons des sponsors pour couvrir les frais de déplacement des musiciens internationaux et rendre l’événement véritablement international. »

Pour lui, l’essentiel est de soutenir la scène locale tout en l’ouvrant au monde.

La note bleue à l'honneur au Beirut Jazz Festival : un concert de l'édition 2022. Photo fournie par Youssef Naïm

Dans cette dynamique de développement, la Beirut Jazz Society a lancé « The Jam Base », un atelier mensuel dédié à l’improvisation – l'essence même du jazz. « L’idée est de former les jeunes, de leur donner envie d’apprendre, de transmettre. »

L’objectif du festival est double : sauver le jazz au Liban, préserver la scène musicale ; et rassembler les gens – ce qui permet de faire évoluer la scène culturelle à Beyrouth.

Beyrouth capitale jazz de demain ?

Le Beirut Jazz Festival rêve en grand. « Notre objectif ultime est de faire de Beyrouth un centre régional du jazz », affirme Youssef Naïm.

Mais tant que les conflits régionaux perdurent, cette ambition reste hors de portée. En attendant, la scène est là, les musiciens sont prêts, et le public attendu.

Programme complet : @beirutjazzsociety (Instagram)

Dans les rues animées de Beyrouth, entre les coupures de courant et l’effervescence politique, circule une énergie d’un tout autre genre : celle du jazz. Du 23 au 30 avril, à l’occasion de la Journée internationale du jazz, la capitale libanaise accueillera la 4e édition du Festival international de jazz de Beyrouth. Cette année, plus qu’un simple festival, c’est une véritable célébration du jazz, de la scène locale et de celles et ceux qui la font vivre.Alors que la première édition réunissait une vingtaine d’artistes dans cinq lieux, cette année, le festival aligne plus de 30 performances, dans 23 lieux différents, avec près de 70 musiciens – une montée en puissance portée par la Beirut Jazz Society, le collectif organisateur.À Multaqa, lieu de rencontre et de partage à Hamra, Youssef Naïm, consultant...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut