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Politique - municipales liban 2025

Tout ce qu’il faut savoir sur les municipales au Liban

Pourquoi ce scrutin est-il important dans le contexte politique actuel ? Quelle est la polémique qui fait tant parler autour de la municipalité de Beyrouth ? On vous explique.

Tout ce qu’il faut savoir sur les municipales au Liban

Illustration Jaimee Lee Haddad

Les municipales au Liban ont été officiellement lancées dimanche 4 mai, avec un premier tour de scrutin dans le Mont-Liban. Alors que ce dimanche 11 mai, ce sont les électeurs originaires des différentes régions du nord du pays qui sont appelées à vote pour élire les conseils municipaux de leurs villages, localités ou villes, nous faisons le point sur tout ce qu'il faut savoir sur ce scrutin.

La concrétisation de ces élections était attendue depuis des années, et ce ne seront que les septièmes élections municipales organisées au Liban en plus de 70 ans. Les précédentes ont eu lieu en 1952, 1963, 1998, 2004, 2010 et 2016. Le dernier scrutin remonte donc à 2016, et comme les conseils municipaux sont élus pour un mandat de 6 ans, leur mandat aurait dû expirer en 2022. Mais à la place d’un nouveau scrutin, les mandats des conseils ont connu prorogation après prorogation, en grande partie à cause de l’effondrement financier de 2019, de l’explosion au port de Beyrouth en 2020 et du chaos administratif habituel au Liban.

À cette occasion, nous décryptons pour vous ce qu’il faut savoir sur ces élections, qui approchent à grand pas. 


1. En quoi consistent exactement les élections municipales et celles des moukhtars ?

Les élections municipales sont des scrutins locaux destinés à élire les membres des conseils municipaux, ainsi que les moukhtars (voir plus bas). Elles sont censées avoir lieu tous les six ans, si tout se passe comme prévu.

Un double scrutin aura donc lieu à travers tout le pays pendant quatre week-ends consécutifs en 2025. Le calendrier est le suivant :

  • 4 mai : Mont-Liban
  • 11 mai : Liban-Nord
  • 18 mai : Beyrouth et la Békaa
  • 24 mai : Liban-Sud. Le scrutin était normalement prévu le 25, mais a été avancé au samedi, le dimanche tombant un jour férié marquant la « libération » du Liban-Sud de l’occupation israélienne, en 2000.



2. Qui peut voter et comment ? 

Le jour du vote, les électeurs déposent deux bulletins dans l’urne :

Un bulletin pour le conseil municipal, un organe chargé de la gouvernance locale, des services publics et du développement d’une ville ou d’un village. Ce conseil élit ensuite un président (maire) et un vice-président parmi ses membres, qui détiennent le pouvoir exécutif.

Un autre bulletin pour élire un ou une moukhtar – un responsable local chargé de délivrer des documents civils comme les certificats de naissance et de décès, et d’aider les résidents à obtenir leurs papiers d’identité et passeport.

Pour voter, vous devez être un(e) citoyen(ne) libanais(e) âgé(e) d’au moins 21 ans à la fin du mois de janvier de l’année électorale, et inscrit(e) sur la liste électorale nationale, la même que celle des élections législatives.

Si vous êtes électeur au Liban-Nord et n'êtes pas sûr de la localisation de votre bureau de vote, vous pouvez le retrouver, en fonction de votre numéro de registre, dans les listes publiées par le gouvernement pour les mohafazat du Liban-Nord et du Akkar, ou bien en remplissant ce formulaire


3. Quel est le système de vote utilisé ?

En termes simples, les élections municipales utilisent un mode de scrutin majoritaire à un tour, qui fait que « le gagnant rafle la mise » (basé sur la loi municipale de 1977), sans quotas confessionnels fixés par la loi. Ce mode de scrutin est le même cette année qu’en 2016.

Voici comment cela fonctionne :

  • Les électeurs ne sont pas limités aux listes fermées (vous n’êtes pas obligé de voter pour toute la liste telle qu’elle est), ni au vote préférentiel (comme pour les législatives).
  • Vous pouvez voter pour un, deux, plusieurs candidats, ou une liste entière, et même barrer des noms ou rayer une liste entière.
  • Les candidats qui obtiennent le plus de voix sont élus. Tout simplement.
  • Les Libanais résidant à l’étranger et membres de la diaspora ne peuvent pas voter (contrairement aux élections législatives).

Petite précision : ce mode de scrutin diffère du mode proportionnel utilisé lors des dernières élections législatives, où les sièges à pourvoir sont répartis en fonction du nombre de voix obtenues par la liste, en fonction du coefficient électoral, c’est-à-dire le nombre de voix permettant d’obtenir un siège..



4. Pourquoi ces élections municipales sont-elles importantes aujourd’hui ?

Parce qu’il s’agit du niveau de gouvernement le plus proche des citoyens, et qu’elles ont lieu un an avant les législatives de 2026, dans un pays en situation de blocage politique chronique depuis des années. Avec le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam qui poussent pour un agenda de réformes, les élections municipales sont donc considérées comme un premier test pour voir si les choses ont vraiment changé.



5. Quelques particularités : la situation à Beyrouth, les mégacentres de vote et l’élection d’office


— Quid du conseil municipal de Beyrouth

À Beyrouth, le conseil municipal de 24 membres suit depuis 1998 une formule non écrite de 12 chrétiens / 12 musulmans – Cette répartition confessionnelle n’est pas inscrite dans la loi, mais est respectée au niveau politique.

Toutefois cette année, avec le retrait de la vie politique de Saad Hariri, l’ex-Premier ministre qui était la principale figure sunnite, et l’absence claire d’un bloc sunnite unifié au Parlement pour fédérer cette communauté, les partis chrétiens craignent une rupture de l’équilibre tacite au conseil municipal. Une appréhension expliquée notamment par le fait que les sunnites sont le groupe électoral le plus nombreux à Beyrouth, dans un système de bulletins ouverts permettant aux électeurs de panacher les votes pour les candidats sur plusieurs listes. Face à cette situation, certains députés ont proposé des réformes.

— Que sont les mégacentres de vote ?

Comme pour les élections législatives, les électeurs doivent voter dans la localité où ils sont inscrits, et qui n’est pas nécessairement leur lieu de résidence. Cette exigence a alimenté les appels à la création de mégacentres – de grands bureaux de vote situés dans les principales villes, permettant aux électeurs de voter sans avoir à retourner dans leur ville ou village natal.

Certains acteurs politiques, groupes militants et ONG plaident en faveur de cette réforme, faisant valoir qu’elle faciliterait la participation électorale. Un autre avantage est que les mégacentres pourraient réduire les intimidations exercées sur les électeurs, notamment dans les régions dominées par un seul parti politique, et limiter le clientélisme. La question a pris de l’importance après la destruction de plusieurs villages du Liban-Sud durant dernière la guerre entre le Hezbollah et Israël.


— L’élection d’office

L’élection d’office ou cooptation se produit lorsqu’une liste l’emporte sans opposition. L’Association libanaise pour la démocratie des élections (LADE) est opposée à cette option, car les candidats sont souvent soumis à des pressions pour ne pas se présenter afin qu’une seule liste l’emporte – en particulier dans les villes où un parti politique exerce une forte influence. Cette option a notamment été évoquée récemment dans la presse concernant les villages du Sud, où le Hezbollah et le mouvement Amal veulent éviter des élections dans un contexte sécuritaire qui reste tendu.



Pour aller plus loin : 

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